dimanche 22 décembre 2019

Jeudi, c’est rugby.


Pour n’aller plus que rarement au stade, je me mêle  bien volontiers aux 10 000 spectateurs qui étaient là ce soir tout en évitant un compte-rendu de plus du match FCG/ Oyonnax (28 à 13) dont la vérité se périmera très vite dans le flot affolé des informations. 
Je remarque que les commentaires à propos des classements n’attendent pas que toutes les équipes aient le même nombre de matchs : Grenoble est leader… jusqu’à demain peut être.
Il en est de même des interprétations à jet continu de toute péripétie en politique où il n’y a plus d’expert depuis que tout le monde est sélectionneur et que le préposé à insulter l’arbitre est le seul à se faire entendre.
Le spectacle de ce jeudi 19 décembre porte l’étiquette « Boxing day », vocable venu du Royaume Uni, équivalent du « Black Friday » américain : soldes après Noël, foot anglais,  derbies et chasse au renard pendant les fêtes.
L’occasion est à saisir de retrouver des potes et l’événement immédiat réveille un temps long qui nous voit avancer dans la vie : « et tes enfants et tes petits ? »
Nous remontons inévitablement jusqu’au temps des Mammouths, surnom donné à l’équipe de Grenoble de 93, celle de la finale contre Castres.
Maintenant ce n’est plus dans l’élite que se joue le derby, depuis que Bourgoin a chuté jusqu’en fédérale alors que Grenoble est en deuxième division. C’était alors la ville contre la campagne, le nord Isère contre la préfecture ;  l’affrontement avec Oyonnax la cité du plastique fera l’affaire. Une autre rivalité particulière avec Toulon était vive quand Le FCG et le RCT étaient les seules équipes à concourir dans la même catégorie en dehors du Sud Ouest. Le stade est aussi le lieu des nostalgies.
Comme lors d’un opéra sur-titré, s’affichent désormais aux quatre coins de la pelouse toujours aussi lumineuse en nocturne, les explications des gestes de l’arbitre et de ses décisions, bien utiles quand il est difficile de déceler si le pilier a tiré ou poussé son adversaire. Et le numéro 7 a-t-il voulu ou pas pu lâcher le ballon ? Le spectacle vivant ne se passe plus d’écrans.
L’an prochain il faudra que je me fasse réexpliquer le système des bonus parce qu’il aura peut être encore changé. http://blog-de-guy.blogspot.com/2013/01/fcgubb.html
L’expression « en même temps » a fait florès en politique, mais cette volonté de dépassement des antagonismes a pu s’apprendre sur un terrain sportif tout aussi sérieux. Dans mon histoire personnelle le trajet de l’ovale à la ronde a coïncidé avec une délocalisation d’ancêtres et je sais bien les connotations culturelles et sociales qui distinguent rugby et foot en m’emmitouflant ce soir dans une écharpe rouge et bleue du FCG (Football club de Grenoble, c’est le rugby) après avoir agité il y a quelques années le fanion bleu et blanc du GF 38, (c’est le foot foot).
Les frontières se sont brouillées, les amateurs aristocrates se sont professionnalisés, les télévisions ont starifiés des joueurs, mais en diffusant chaque jour un match, ont désacralisé le dimanche, même si une défaite ou une victoire de nos favoris continuent à colorer différemment nos week-end.

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