dimanche 1 septembre 2019

Le Grand Bornand 2019.

Avant la rentrée, le rendez-vous au festival international de spectacles jeune public intitulé «  Au bonheur des mômes, le festival le plus tendre de l’été » est devenu rituel pour mes deux accompagnateurs de 6 et 8 ans, l’ainée en étant à sa 6° participation.
Un petit tour de poneys ou les délices du toboggan à la piscine permettent de se reposer de toutes les sollicitations diverses qui attirent des dizaines de milliers de familles dans la belle station de Haute Savoie: argile tournée auprès d’une potière ou partie acharnée de hockey sur table… Nous croisons des dodos, des oies en fanfare, un dragon et des amateurs de musique pop sur échasses, Bébé Charli qui n’en finit pas d’en « remettre une couche » entrainant une petite troupe derrière son landau motorisé : «  nous voulons des bonbons ! »
La programmation toujours remarquable ne fait pas oublier leur esprit critique à certains adultes quand la démagogie des interventions d’un directeur du festival très investi mais quelque peu pathétique est trop manifeste :
«  Alors les enfants, les parents n’ont pas été trop pénibles hier au soir ? »
voire prend une tonalité crépusculaire lorsqu’est reprise à l’envie la formule d’Alphonse Allais: « Pourquoi prendre la vie au sérieux puisque de toute façon nous n’en sortirons pas vivants ? »
Les clowns présents dans un tiers des 95 spectacles présentés n’ont justement pas besoin de sur-titrage pour exprimer le tragique de la condition humaine. Il vaut mieux rire quand les corps empêtrés, sont en prise désormais à tant de branchements énigmatiques.
Le nez rouge de Nicolas Ferré a noirci suite à ses tentatives pour faire décoller son Frigo. Ses relations avec un public comblé courent sur un fil subtil générateur d’émotions. La surprise était d’autant plus belle, que nous nous ne sommes pas attardés au Tricot de Denise qui était à notre programme : le présentateur étant bien peu investi dans le partage des secrets d’une grand-mère à travers des objets présentés aux flancs d’une caravane.
La compagnie des « Nouveaux nez » était présente et madame Françoise a beau être seule en scène, son énergie, qualité de tant de ses confrères, est communicative : la maîtresse d’école joue sur les mots et enchaîne les explications drôles et poétiques depuis l’origine des bébés jusqu’aux caractéristiques des planètes : L’Alpha bête.
Klonk et Lelonk, le petit et le grand, dissemblables sont inséparables.
Ils se sont produits au Forum toujours bondé où un autre matin les jonglages d’apprentis circassiens de l’association Oval nous ont embarqués aux sons de Santiano. Une autre fois nous y avons aperçu une main nue au dessus d’un castelet improbable : c’était Guignol qui prenait des vacances à la montagne sans ses habits.
Gogol et Max font entrer L’humour in concert : le plus sérieux des concertistes peut se révéler le plus dingue des acrobates et son partenaire ingérable le plus virtuose des musiciens.
La musique permet de surmonter Les bruits du noir quand elle les transfigure.
Sacré silence bien entendu joue des sons et du goût de la répétition familière aux enfants, des écrans venant poétiquement habiller les mots en écho lors des apprentissages.
En maitrisant merveilleusement de si fragiles bulles de savon, Clinc ! est fidèle à ses intentions, pourtant ambitieuses, de traduire «  le changement qui se produit chez les gens lorsqu’ils cessent de voir la vie avec pessimisme, lorsqu’ils décident de contempler la beauté qui les entoure et de commencer à prendre les autres en compte au lieu de vivre isolés. »
A partir d’argile, l’univers plus intime de Soon évoque la séparation d’avec les parents.
Que les contes proviennent de tous les continents dans  La lettre perdue de tonton Léo ou rythmant une visite de La maison du patrimoine, ils sont à la base de notre mémoire, un vecteur de notre relation au vivant, au spectacle vivant, à mon semblable, mon petit frère, ma grande sœur.

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