vendredi 24 mai 2019

Tube de dentifrice.

« Passé de René Dumont (1974) à Emmanuel Macron », la formule rabâchée en perdrait ses couleurs dans l’album de mes options politiques changeantes. La rencontre avec des cathos de gauche m’a épargné des rigidités staliniennes, tandis que le verbe de Régis Debray m’a évité de sombrer inconditionnellement dans la startup addiction.
Les pratiques de certains de mes ex compagnons de lutte m’ont amené à les quitter, ne dérogeant pas à la règle qui voit les anciens du PS par exemple être parmi ses plus féroces critiques.
Me voilà radicalisé aussi à cause des radicaux :
légitimiste à fond face à ceux qui méprisent le suffrage populaire,
et européiste intégriste quand je suis confronté aux souverainistes des deux fronts, joue contre joue. Il faut bien se défendre, quand d’autres cognent comme des sourds ! 
La remarque de bon sens « évitons de généraliser » se décline chez quelques commentateurs en refus de la caractérisation et en pusillanimes positions. Les racoleurs de news qui leur collent aux basques, ne voient pas la violence dans les quartiers, bandant dès que passe un burkini, pleurant aux lacrymos qu’ils sont allés renifler, mais esthétisant la férocité masquée de noir, méprisant les Gilets Jaunes en n’osant exprimer le moindre désaccord.
Les hémiplégiques qui refusent de voir une part de vérité parmi les arguments de l’adversaire mettent à jour leur fragilité didactique. Une pincée de « en même temps » ferait du bien à la conversation démocratique ; par exemple reconnaître les problèmes d’insécurité sociale ou culturelle constituerait un progrès pour les progressistes.
Lorsqu’il est question de la violence à Mistral, vont être évoqués esclavage et colonisation mais pas la loi du silence dans les quartiers. Un reportage a mis récemment l’accent sur les insuffisances des bailleurs sociaux, sans que la responsabilité des usagers ne soit évoquée alors que les ascenseurs sont dégradés systématiquement et que l’intervention des réparateurs est entravée.
La culpabilité a été jetée avec l’eau du baptême. Et on ne voit plus guère de poutres dans nos yeux à force de rechercher des pailles chez les autres. Une meilleure compréhension entre les citoyens de ce pays parait bien improbable, les murs n’ont pas poussé qu’à Gaza ou au Mexique.
A tous les niveaux, de prétendus acteurs se font dicter leurs rôles et ne se procurent pas toutes les cartes pour s’orienter dans la vie. Les moyens pour accéder à de vagues désirs ne sont pas toujours mobilisés et les inconvénients de leurs choix pas assumés. Installés à la campagne pour fuir la ville et ses problèmes, certains ne cessent d’en regretter les avantages.
« Les éleveurs se ruineront en dentifrice quand les poules auront des dents. » J.M. Gourio
La métaphore du dentifrice, qu’il est plus aisé à faire sortir du tube que de l’y faire rentrer, a été utilisée pour parler de l’inflation, de la divulgation de scandales, voire des grévistes en général, je ne l’avais pas lue cette fois concernant les gilets jaunes qui trainent encore le samedi, quitte à parler de mayonnaise.
Tant de mauvaises manières ont marqué la société française quand certains se félicitent de la dégradation de l’image de leur pays, banalisant la violence : « c’est pas moi m’sieur ! ». Cette mentalité d’éternels innocents ne vient pas de nulle part.
Que produiront les enfants élevés avec la perspective d’une planète en feu où apprendre leur semble superflu ?
Et c’est un peu court de clamer à tous propos : « C’est de la faute à Macron ! », sauf lorsqu’il s’agit de l’amélioration de l’emploi, alors que certains se félicitent des entraves apportées à son action, fustigeant son impuissance, tout en moquant son volontarisme : Gribouille.
Au secours, Victor ! « Tout ce qui augmente la liberté augmente la responsabilité. » Hugo

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