vendredi 3 mai 2019

Le Postillon. N° 50. Printemps 2019.

Le journal à 3 € de dix ans d'âge, est placé sous le signe du « crétin des Alpes » puisqu’il a le même âge mental : 10 ans. Rigolade (?)
Pourtant cette maladie, « le crétinisme », due à une carence en iode a pu affecter le développement physique et intellectuel de près d’un tiers des habitants de certains villages aux alentours de Grenoble.
Elle a été éradiquée au début du XX° siècle. L’entretien avec Antoine De Baecque qui vient de consacrer un livre à ce sujet ne manque pas l’occasion d’opposer les « trakkers » et autres « traileurs » contemporains venus des villes, performants et pressés, à ces « inertes » qui n’ont jamais quitté leur pays.
Deux autres dossiers historiques sont développés : 
- Emeutes à Autrans en 1848 à cause de l’interdiction d’utiliser librement la forêt, mais je n’ai pas compris les raisons de cette interdiction en dehors de « l’accaparement par les élites locales ».
- Les « tourniquets à bébés » abandonnés et les questions posées par cette pratique qui leur évitait de mourir dans un fossé sont pertinentes. Cette pratique fut abandonnée mais d’autres initiatives visant à traiter la misère la plus sombre vont être mises en œuvre, tel un « restaurant sociétaire », place Lavalette, sorte de resto du cœur, 134 ans avant Coluche.
La ligne corrosive du journal contre la modernité est constante et les nuances dans les articles trop souvent discrètes. Ainsi celui concernant l’élargissement de l’autoroute constamment saturée autour de Grenoble ne donne le point de vue que des grenoblois en vélo. Les contorsions des élus sont bien entendu dénoncées et c’est toujours dans ce domaine que l’intransigeance postillonaire est la plus probante quand ils pointent la langue de bois fusse-t-elle verte.
La rencontre nostalgique avec des habitants de l’Abbaye devant quitter leurs appartements insalubres aurait mérité un contre point plus développé que : « A écouter les élus, cette évolution serait inéluctable à cause de l’ancienneté et du coût engendré par la rénovation »
La dénonciation des dérives d’une société grenobloise censée fabriquer des drones évoluant défavorablement vers un fonctionnement en tant qu’instrument financier, tranche avec des papiers complaisants qui abondent dans la presse économique. Mais la personnalisation excessive, le manque d’éléments contradictoires, nuisent à la solidité de l’information. Et sur une autre page le fait que la société de panneaux solaires montée par Stanislas Guérini n’ait pas tenu, n’a rien de déshonorant sinon que le ton employé vise à déconsidérer l’élu sans apporter d’élément qui justifierait le titre ambigu : « l’entreprise malheureuse ».
« Tomorrow land », festival d’électro à l’Alpe d’Huez qui a rassemblé 25 000 personnes n’est pas vraiment dans leurs goûts mais l’approche est intéressante, pour une fois qu’ils s’aventurent dans un évènement culturel. Un jour prochain feront-ils part de ce qu’ils aiment comme spectacle ? Leur rencontre avec des dealers qui exercent en station de ski pour être inhabituelle est également éclairante. Une approche de l’économie de la drogue dans la ville pourrait aller au-delà de l’anecdote, le phénomène demandant des investigations au long cours sera toujours d’actualité, se détachant de déclarations de circonstance.
S’ils (les anonymes) ne risquent pas de tourner au magazine de l’actualité heureuse, ils ont quand même rencontré de gentils gilets jaunes qui relèvent les barrières d’un parking de l’hôpital Nord pour des usagers contents; c’est gratuit.

1 commentaire:

  1. Mea culpa, je n'achète pas assez souvent le Postillon, tellement je suis... indifférente à notre informatisation à l'heure actuelle. ("INFORMatique", "information", même combat.)
    Mais je comprends leur... extrémisme qui est aussi le mien à la longue.
    Pour l'autoroute, on verra bien combien de temps le désengorgement dure. L'élargissement de l'autoroute va dans le sens de l'anti-esthétique qui sévit dans le "quartier" de l'Europôle, avec les constructions... modernes... qui ressemblent plus à des transistors qu'à des immeubles.
    Voulons-nous vivre dans des transistors ?? Moi, non.
    Et j'ai du mal à comprendre pourquoi des animaux en chair, sang, et os voudraient vivre une vie métallique (objective et artificielle...) dans des transistors ?
    Ce que je sais, c'est que la tolérance a bel et bien des limites, et nous sommes en passe de nous en rendre compte, encore une fois, après des vies très confortables, pour la plupart d'entre nous, dont moi, bien entendu.
    On dit que la viande de l'un est le poison de l'autre, et... c'est bien ça qui nous mène à la guerre à la longue. Fatalement. On n'est pas des peluches, après tout, même les végétariens d'entre nous.
    J'aime rappeler à mes gentils amis toujours bienveillants que Konrad Lorenz a bien observé que quand on met deux COLOMBES ensemble dans une cage trop petite, il y en a une qui finit par tuer l'autre, et les colombes sont... végétariennes, pour ce que ça veut dire.
    Avis aux bien-pensants...
    C'est quoi, la "personnalisation excessive" ? Le refus de généraliser ? Je ne comprends pas, là. Il me semble que bon nombre de personnes, dans un monde écrasé par la masse (de nous, et de notre "information") tentent désespérément de garder la tête hors de l'eau avec leur "personnalisation". On peut critiquer qu'ils aient recours au journalisme pour le faire, certes, mais ils essaient de résister à la pression, me semble-t-il.

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