dimanche 19 mai 2019

Le misanthrope. Molière. Alain Françon.

« Intègre » est le premier mot qui vient pour qualifier cette mise en scène qui nous a ravi une fois encore. http://blog-de-guy.blogspot.com/2018/02/un-mois-la-campagne-tourgueniev-francon.html
Pas d’écran, de musique tapageuse, de clin d’œil à l’actualité.
L’amitié et la sincérité, la cour ou le désert, sont toujours au menu de nos dilemmes.
343 ans après la première représentation, le propos, porté par une langue superbe, interroge toutes nos contradictions.
On peut certes s’agacer de « l’euphémisation » contemporaine qui nomme « frappe chirurgicale » un bombardement, mais Alceste peut continuer à se mettre en fureur, il le dit si bien.
« J’entre en une humeur noire, en un chagrin profond,
Quand je vois vivre entre eux, les hommes comme ils font ;
Je ne trouve, partout, que lâche flatterie,
Qu’injustice, intérêt, trahison, fourberie »
Cet homme, ne peut être entièrement mauvais: il est amoureux d’une coquette.
« Je confesse mon faible, elle a l’art de me plaire :
J’ai beau voir ses défauts et j’ai beau l’en blâmer,
En dépit qu’on en ait, elle se fait aimer »
 
Si dans le journal de salle, le metteur en scène abuse d’expressions contemporaines :
«  la main invisible du marché des courtisans », il honore son projet et :
« prend le théâtre pour vecteur pour déployer opinions et comportements contradictoires ».
Le décor sobre et élégant, les costumes intemporels, les lumières justes, la finesse des acteurs mettent en valeur Molière qui n’a pas besoin d’être rafraîchi : il est respecté.
On rit, on réfléchit, on déguste, et même l’écrivaillon de blog peut s’interroger sur sa propre écriture :
« Je disais, en voyant des vers de sa façon
 Qu’il faut qu’un galant homme ait toujours grand empire
Sur les démangeaisons qui nous prennent d’écrire »

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