samedi 18 mai 2019

Kiosque. Jean Rouaud.

Le lauréat du Goncourt 1990 avec « Les champs d’honneur » tenait un kiosque à journaux à Paris.
«  Concernant le nôtre, de kiosque, le vieux moderne, on a aucun mal à identifier dans l’esprit de ses inventeurs le leitmotiv obsessionnel du XX° siècle, de l’acte créateur ne se concevant qu’en rupture avec les formes d’expression héritées de la tradition. »
L’homme de lettres baignait dans l’écrit, à la lettre. Il ne négligeait aucune publication, celles pour la couture, les courses de chevaux, les journaux pour les Serbes, les Croates, qui se précipitaient pour voir les résultats du foot. Au-delà des portraits plein d’ « Humanité » des clients venus du « Monde » entier, s’inventant des destins ou vaincus par l’histoire, ce sont les années 80 qui sont restituées sans que la nostalgie présente n’en devienne lourde.
« … quand Le Monde  dans sa posture mi-janséniste mi-structuraliste en tenait encore pour le texte et rien que le texte, comme si l’austérité était un gage de vérité, et la photographie et la couleur comme un mensonge. On sait aussi que cette forme de mortification a correspondu à la longue période de deuil du pays après sa dégradation du rang des grandes puissances suite  à l’effondrement de juin 40, ce qui, ce deuil, la mise en scène de ce deuil fut la grande affaire des années d’après guerre : mort du roman,- du roman de la France bien sûr-, musique expurgée de toute trace harmonique… »
Les évolutions sont marquées autour de ce qui figurait comme une des balises de la ville : France soir avait six éditions par jour et puis sont arrivés journaux gratuits et portables.
L’écrivain nous fait partager ce qui le rattache à la Loire inférieure de son enfance et ce qu’il doit à ses parents, aux sœurs Calvez qui lui donnaient des illustrés invendus dont elles avaient arrachées les premières pages, la genèse de ses romans, ses recherches poétiques, ce haïku :
« L'arracheur de navets,
Montre le chemin,
Avec un navet. »

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