vendredi 5 octobre 2018

Quelques traces de Benalla.

Je voulais titrer cet article: « Sans ajout de Benalla » pour aller à l’encontre de la présence « à la une » depuis des mois de ce personnage acteur d’une péripétie trop vite qualifiée « affaire d’état », mais l’hystérie au pays des insultes avait fait des dégâts : le ministre de l’intérieur est passé à l’extérieur.
Ceux qui n’ont jamais accepté le verdict démocratique peuvent jouir de la comédie présente amplifiée avec gourmandise par les médias.
Pour avoir retenu de lectures récentes que le temps des victimes avait succédé à celui des héros, je suis allé dans le même sens qu’un de mes amis qui regrettait que l’on soit passé du temps de la gratitude à celui des récriminations.
"Le catholicisme est une société d'assistance et de secours mutuel quand le protestant, seul face à Dieu, est l'entrepreneur de son propre salut." Patrick Cabanel.
On a beau veiller à ne pas trop barboter dans le bouillon amer de la période, il est bien difficile d’éviter quelques délétères effluves.
Alors qu’un plan pauvreté, un plan santé étaient présentés, Benalla le cador a continué à occuper les écrans.
Privés de confidences d’un président qui n’aurait pas dû « dire ça », les journalistes-humoristes tirent sur le quartier général. Bien fugace a été leur autocritique du temps où le discrédit des politiciens à l’ancienne et de leur « porte-coton » les avait vus rejetés ensemble par l’opinion. Présentement, ils mettent au plus haut, les sénateurs ! La révision constitutionnelle attendue attendra.
Il serait bien court de persister dans la position de l’idiot regardant le doigt quand le sage désigne la lune, et trouver dans les médias les responsables de l’air du temps alors qu’ils n’en sont que le reflet.
Il vaut mieux à partir de la formule: «  De quoi Sarkozy est-il le nom ? » la renouveler en s’interrogeant à propos de Joffrin, Ruffin, Bourdin, Macron, Collomb…
Les nuances dans les analyses ne se voient guère et le courage d’aller à l’encontre du buzz est indexé sur l’inculture galopante qui n’est pas qu’orthographique. Quant au mot travail, il a passé la date de péremption depuis Pétain.
Qui tweete ? Essentiellement Trump et les journalistes qui s’auto- allument. Quand les réseaux sociaux bruissent : ils s’étonnent de leur propre barouf.
Et que je copie, clique, clike, à la queue leu leu à propos de passages piétons où les Beatles les avaient précédés, avant que l’horticulteur au chômage invité à traverser la rue, eût reçu de nombreuses propositions d’embauche.
Les mots du président à l’ONU face à Trump m’avaient semblé forts, je n’en ai trouvé trace dans la radio du lendemain matin.
Au-delà des partis-pris, les discours lassent, et comme un gadget dans les paquets de lessive, parmi ces tas de mots ne subsistent que les jeux que l’on pourra fabriquer avec eux.
Les paroles qui prétendent renforcer les fondamentaux à l’école ne sont pas opérantes, quand les horaires de français s’amenuisent, quand persistent les attitudes émollientes, quand le goût d’apprendre ne va plus de soi.
La co-destruction par les parents, le ministère, les enseignants menant à la semaine de quatre jours affaiblit une mesure importante qui consiste à dédoubler les CP et le CE1 en zone prioritaire. La présence moindre des enfants à l’école creuse les inégalités qui prétendaient être réduites par une scolarisation plus précoce.
« Voulez-vous apprendre les sciences avec facilité ?
Commencez par apprendre votre langue. » Condillac
…….
Hommage à Pétillon dans le Canard de cette semaine.

2 commentaires:

  1. Les médias ne sont que le reflet de l'air du temps ?
    Non, je crois que les responsabilités sont partagées dans cette affaire.
    Les médias contribuent grandement à IN-FORMER le supposé citoyen mondial.
    De toute façon, derrière la démarche JOURnalistique, de manière générale, il y a une volonté de simplification, de réduction de la complexité de notre monde afin de le rendre accessible à des personnes pressées.
    Dans le temps, il y avait une partie des lettrés pour s'inquiéter, et s'indigner même, du pouvoir que prenaient les journalistes, et le journalisme, sur les esprits.
    La liberté de l'expression est invoquée de manière religieuse pour le compte de l'INFORMATION en ce moment.
    Mais je persiste à dire que les mots ne sont pas hypocrites. Les mots disent... ce qu'ils VEULENT FAIRE, et CE QU'ILS FONT dans nos esprits, même si on ne voit pas de sujet, grammatical, ou en chair et en os. (Le Latin, grand précurseur du français, n'avait pas de sujet grammatical différencié et visible...)
    Et de ce côté là, le mot "information" est assez... utopique ?
    On a l'utopie qu'on peut, surtout... en tant que civilisation, probablement.
    Et ceux qui croient être réalistes en s'imaginant que l'U-TOPIE ne peut pas devenir.. l' "EU"-TOPIE, et bien.. ce sont des naïfs qui ne veulent pas écouter.. les mots.
    L'information n'est pas MON utopie, en tout cas. Et encore moins mon "EU"-TOPIE.

    RépondreSupprimer
  2. Le concept "d'opinion" est vide, ce n'est que la masse des résultats produits par les médias dans leur désir de peupler l'imaginaire en façonnant des pseudo-réalités, de pseudo-faits. Ton billet, Guy, est bien écrit et sonne juste. On pourrait ajouter maintenant que Macron, en hommage à Aznavour, a prononcé un discours remarquable, mettant en lumière le rôle de la langue et celui de l'immigration dans l'édification de la culture dite "française". Il faut croire que cela n'intéresse personne... on a bien du mal à trouver trace de ce discours dans les réseaux sociaux.

    RépondreSupprimer