vendredi 2 mars 2018

Bases.

Le  récent remue ménage politique était en route depuis un moment. Mais ancré dans le vieux monde, vieux moi-même, j’ai beau me réjouir des ébranlements présents, il faut avoir le cœur bien accroché lorsque c’est la droite qui en vient à défendre les petits. La gauche les avait déjà tant méprisés.
Après que le mot « changement » s’en fut allé, usé, c’est le mot «  Révolution » titre du livre d’E. Macron qui est à prendre au sérieux. Ce ne sont pas seulement les partis qui implosent, mais de bac en trains, de codes en droits, tout bouge, tant tremblent, tant espèrent. « Le plan loup fait hurler pro et anti » : la vérité ne doit être pas loin. Le chômage régresse et Hollande n’y est pas étranger…
J’éviterai les paroles définitives à propos de domaines que je méconnais comme la santé, la justice et serai prudent dans un domaine qui m’est familier mais qui a tant évolué : l’école.
La situation que je regrette concernant les rythmes scolaires est significative d’un rapport de force qui s’est inversé quand la voix des parents qui avait été trop longtemps ignorée est devenue prépondérante. Les quatre jours font passer les loisirs avant les apprentissages. Les profs ont privilégié leur condition de parents avant leur mission de profs. Les instits parisiens qui n’habitent plus dans les écoles ont gagné une matinée de garde d’enfants, du temps de transport vers la banlieue et les journalistes divorcés se sont facilité la garde alternée : l’opinion était faite.
L’affaire a été réglée dans un domaine où on s’est gardé de différencier les besoins d’un enfant de 3 ans et ceux d’un enfant de 11 ans. Le samedi en maternelle n’avait plus guère de sens mais aux yeux de quelques ringards dont je suis, la matinée du samedi avait du prix en primaire, celui du temps apaisé, de la disponibilité.
Alain Bentolila soulignant à partir d’un rapport récent, le drame absolu quand trop d’enfants ne comprennent pas ce qu’ils lisent, ramasse quelques mots chargés :
«  C’est justement parce qu’elle est incertaine que la compréhension exige autant d’obéissance qu’elle propose de liberté interprétative ; on en accepte les devoirs, on y exerce des droits »
Et je ne résiste pas à citer plus amplement son article de l’Express:
« Parce que l’école laïque substitue à la révélation messianique la quête libre et rigoureuse du vrai, elle doit placer au cœur de son combat le respect d’un équilibre entre droits et devoirs intellectuels : droit d’exprimer sa pensée, mais obligation de la soumettre à une critique sans complaisance ; faire valoir ses convictions, mais interdire de manipuler le plus vulnérable ; affirmer ce que l’on croit, mais en rechercher la pertinence ; questionner ce que l’on apprend, mais reconnaître la légitimité du maître ; enfin et surtout, interpréter et critiquer les textes, mais respecter la volonté et les espoirs de l’auteur en son lecteur »
Ce ne serait donc plus si évident qu’il faille rappeler ces conditions d’une démarche qui associerait respect et liberté !  
Une cure de luminothérapie ne suffirait sans doute pas à m’éloigner d’une déploration de plus, quand de doctes penseurs refusent d’admettre l’apport des neurosciences. Il ne s’agit pourtant pas d’abolir la part qui revient à la sociologie afin de développer des pédagogies plus efficaces. Le corporatisme que j’ai longtemps combattu a encore de la vigueur. J’ai de romantiques attaches avec les vieilleries, mais  ce vieux monde binaire, exclusif, se refusant à toute évolution, m’insupporte. Exemple de bébé pas jeté avec l’eau du bain : j’avais conservé des maths modernes qui furent promptement abandonnées après avoir connu quelque ferveur, une pincée de séances abordant des bases différentes de la décimale qui permettaient de mieux la comprendre, la décimale. Le « en même temps » ne date pas de ce jour, celui là remonte aux années 70. Sylvie était la plus belle pour aller danser. Aujourd’hui Mnouchkine parle comme hier :
«  J’aimerais que nous arrivions à avoir des assemblées où la confiance serait telle qu’on pourrait converser. Où l’on s’écouterait vraiment, où on ne se jugerait pas avant même le complément d’objet direct, où on ne serait pas en train de préparer la réponse pendant que l’autre parle, où l’on admettrait qu’il faut parfois un silence… »
…………..
Le dessin en tête d’article vient du « Point » et celui du bas du « Canard ».

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