vendredi 10 novembre 2017

Jupiter, terre à terre.

Le mélancolique constat du vieillissement de nos sociétés ne nous dispense pas d’y participer  activement de toutes nos forces déclinantes, bégayant nos nostalgies, ébaubis de toujours par la nouveauté.
Emmanuel Todd, qui ne dit pas que des bêtises, parlant de Sanders et Corbyn :
« Dans les deux cas c’est un personnage assez âgé qui fascine la jeunesse, comme s'ils passaient à la jeunesse le bâton-témoin des aspirations socialisantes ou étatistes d’avant le néo-libéralisme. C'est un peu l'inverse de Macron, un jeune qui séduit les vieux électeurs. »
Ayant abandonné nos mémoires aux machines et la construction de nos opinions aux copié/collés… serrés, que savons nous du monde, qu’en dis-je ?
Il y a bien sûr l’aveuglant spectacle Trump, si facile et si flippant, qu’il vaut mieux passer à autre chose.
Serait ce faire le malin que d’accorder plus d’importance au titre d’un article : «  Le Tage se meurt » qui détaille les dangers affectant le plus grand fleuve de la péninsule ibérique, qu’aux péripéties catalanes ?
Près de chez nous, alors que le petit père de la tribu des « Insoumis », pourtant mauvais perdant, reconnaît le faible niveau de résistance aux modifications du code du travail, que retenir des premiers mois de notre jeune président ? One point.
Il a soulevé le couvercle de Baudelaire, quand même le mot « spleen » pourtant anglais donc moderne devient peu usité :
« Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle
Sur l'esprit gémissant en proie aux longs ennuis,
Et que de l'horizon embrassant tout le cercle
Il nous verse un jour noir plus triste que les nuits »
Jupiter a géré habilement l’espace en s’emparant avec solennité de la fonction présidentielle et terre à terre, s’est coltiné quelques rencontres de proximité par exemple à Cayenne dans des quartiers qui « craignent ».
Maître du temps, il se montre réactif faisant se succéder les annonces tout en ménageant des échéanciers négociés.
Le scandale du tirage au sort pour accéder dans certaines facs va prendre fin et la moralisation de la vie publique avec l’extension du non-cumul des mandats réalise les promesses de campagne. La mise en œuvre de ce qui avait été annoncé permet de faire passer des mesures contestables parmi d’autres attendues depuis longtemps, mais du moment que ça été dit, quand les actes s’accordent aux paroles : les bouches béent.
En ce qui concerne l’économie, je ne saurai que me revêtir des plumes d’un perroquet pour parier sur des investissements à venir.
Par contre le positionnement concernant l’Europe n’a pas été qu’une posture de circonstance : cette pédagogie qui perdure élargit nos horizons.
Hulot amène les compromis d’un côté plus vertueux que les intérêts à court terme.
Fallait-il que ce soit si difficile à concevoir que l’annonce de l’établissement des prix des produits agricole à partir des producteurs a été jusqu’à surprendre la Confédération Paysanne ?
De la même façon la division en deux des effectifs élèves dans les CP des zones déficitaires assortis de l’éviction du père du « référent bondissant » crédibilise une politique qui avait bien besoin de retrouver quelque (bon) sens.
Mais les chroniqueurs qui n’avaient rien vu venir, après avoir fait la hola autour de la fin de la césure droite/gauche essayent, entre deux comiques, de revenir à leurs fondamentaux : écriture inclusive et taper sur Vals et Finkielkrault, en toute bienveillance bien entendu.
« Trop de lucidité dessèche ; en sorte qu’une conscience délicate ne va jamais sans quelque aveuglement, sans l’ingénuité du cœur et la crédulité de l’esprit. C’est cette conscience que l’ironie des esprits forts impitoyablement pourchasse et neutralise.» Vladimir Jankélévitch
…………….
Dessins du « Canard » et du « Monde » :

1 commentaire:

  1. L'analyse... de Jankélévitch sur les inconvénients terminales d'avoir un esprit... éclairé ne m'avait pas échappé il y a plus de 15 ans déjà.
    Trop de lumière détruit l'ombre qui permet de garder l'espérance dans la boite... de Pandore.
    Je critique la critique de la nostalgie. La nostalgie n'est pas le regret du "bon vieux temps", ou en tout cas, il n'est pas obligé qu'elle soit cela. Elle est le regret de voir balayer avec une insouciance désolante les objets, idées, coups de coeur de nos.. pères et mères, au profit d'injonctions insensées à toujours plus de... jouissance, déguisée en "liberté" pour faire bonne figure.
    La définition de la perversion, c'est quand, brutalement, le noir devient blanc, comme il tend à devenir, et que nous sommes sommés d'approuver cette volte face brutale, sans quoi nous sommes qualifiés de ringard.
    Que les insensés continuent leur course folle. Même si cette fichue "vérité" change de mode, on peut désirer rester fidèle à ce qui nous a permis de nous construire, et ancrer dans une existence pleinement humaine.
    En sachant, qui plus est, que d'après un texte qu'on pense n'être que "religieux", l'Ecclésiaste, dans la Bible, il n'y a rien de nouveau sous le soleil...
    Comme quoi, la lumière déclinante peut être très belle... quand nous acceptons qu'elle décline.

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