samedi 4 novembre 2017

Charles. Le Un. FF.

Alors que le papier journal ne sert surtout plus à emballer le poisson, la découverte, au prix de quelques arbres, de revues et journaux relativement neufs peut être réjouissante.
La revue « Charles » trimestrielle en est à son 22° numéro. La présence de son rédacteur en chef Arnaud Viviant au « Masque et la plume » laissant supposer une certaine finesse, le dossier «  littérature et politique » m’a convaincu d’aller voir de plus près.
« Charles » prénommé comme "notre général", laisse deviner une certaine élégance à l’imitation de « George » de John John Kennedy dans les années 90.
Ce numéro rédigé avant l’élection d’ Emmanuel Macron dépasse les petites histoires sitôt dites sitôt oubliées. Par ailleurs dans la série des goodies ( produits dérivés) en politique, je n’avais pas souvenir de l’humour des jeunes républicains distribuant sur les plages des préservatifs sous l’intitulé : « Merci pour ce moment ».
Je n’ai pas lu le texte de l’ « allergique administratif », Thomas Thévenou,  se glissant dans la peau de Mitterrand, mais n’ai pas manqué un mot de l’interview de François Bayrou qui se fait rare, par l’ancien directeur de campagne d’Alain Juppé,  E. Philippe, ni les anecdotes d’Anne Fulda qui vient d’écrire «  Un jeune homme si parfait » au sujet de notre juvénile président, ajoutant:
«  François Baroin n’est pas un gentil ».
Yann  Moix, « mec de gauche de droite » est vraiment dans l’air du temps, et Henri Guaino ou Bernard Pivot, tellement monde ancien, restent intéressants. J.L Debré est connu pour avoir écrit quelques polars mais c'est aussi le cas d’Eva Joly, Eric Halphen, Alain Lipietz et Edouard Philippe. Le récit de la mauvaise fortune des « Editions du moment » pariant sur des livres suivant l’actualité dans l’instant est instructif. « Le roman vrai de DSK » par exemple n’a pas  rencontré son public alors que « Carla et Nicolas » avait bien marché. La rencontre de la littérature et de la politique est d’une autre teneur avec Léon Blum, critique littéraire se retrouvant avec Barrès devant la dépouille de Jaurès et le nationaliste de confier :
«  Votre deuil est aussi le mien ».
Figurent aussi  dans ce numéro: le proustien Bruno Lemaire, le plus jeune maire de France, Marcela Iacub en littéraire victime de la politique. Cécile Guilbert nostalgique de la culture inouïe des révolutionnaires de 89 regrette qu’Hollande n’ait pas connu Shakespeare pour prévenir les trahisons ou Balzac et Stendhal pour mieux voir venir l’élève de Paul Ricœur qui cite volontiers René Char.
«  Le un » en est à son 163° numéro d’hebdomadaire en traitant chaque fois une seule question d’actualité avec plusieurs regards, sous une forme dépliante passant du format A4 au A3 puis à son double. L’agencement m’a paru plus innovant que le fond, concernant cette fois : «  que dit la chanson de notre époque ? » L’équilibre est respecté entre les contributeurs  inconnus Georgio ou Safia Nolin et les plus chevronnés Dick Annegard, Jeanne Cherhall, Camille, Albin de la Simone. J’ai  par contre été déçu par mes chers Philippe Meyer, Yves Simon et le tellement conventionnel Didier Varrot qui ne veut surtout pas l’être, citant sempiternellement Souchon et Renaud, avec évidemment Gainsbourg à la rescousse dans deux articles à propos de la chanson «  art mineur ». 
Les dessins ne sont pas très neufs non plus.
Finalement la nouveauté la plus fraîche viendrait à mon goût de France football comptant 3000 numéros derrière lui qui peut séduire dans sa nouvelle formule à la maquette dynamique, tout en  rappelant des souvenirs anciens. Le foot est une nostalgie,  qui se met  au goût du jour en adoptant un ton mordant et rigolo avec Julien Cazarre et ses « tacles à retardement ». Un making off lors d’une interview complète est bienvenu, assurant le recul nécessaire et la transparence attendue dans toute entreprise de presse. Et ils savent de quoi ils parlent, eux, quand ils analysent l’évènement Neymar.

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