samedi 17 juin 2017

Winter is coming. Pierre Jourde.

« Winter is coming », c’est le titre d’un morceau de musique composé par le fils que l’écrivain vient de perdre. Il avait vingt ans et un cancer rare l’a emporté. Cette expression écrite dans une langue étrangère pour dire l’indicible marque en même temps, banalement, l’entrée dans le froid éternel de l’écrivain amateur de savate et de boxe.
Il s’appelait Gabriel, Gazou :
« Il n’est pas là sur le mode un peu distrait et d’intensité souvent faible de la vie de tous les jours, lorsque nous sommes si sûrs de l’existence des autres que nous sentons moins le miracle de leur présence, non, il est là de toute sa puissance d’être, et en même temps il est mort. » 
Sur le sujet de la mort d’un enfant : « Tous les enfants sauf un », de Philippe Forest, me semble indépassable: http://blog-de-guy.blogspot.fr/2010/10/tous-les-enfants-sauf-un.html.
Mais une fois mise de côté la culpabilité de ses moments d’abandon, de colère, Jourde m’a empoigné.
«  L’idée accablante qu’aucune raison de souffrir n’est la bonne, mais qu’on souffre » vient après l’énumération honnête et déchirante des grandes et petites idées qui viennent après le drame absolu, qu’il liste, alors que l’absence crie.  
Depuis les chaises en plastique des salles d’attente, se débattre, ne pas vouloir voir et recomposer.
« Les qualités de ce qu’on aime nourrissent en secret des chagrins. »
C’était dans le formidable « Pays perdu » où le jeune métis avait reçu des pierres des habitants du hameau auvergnat qu’avait décrit le papa.
Si juste.
« … culpabilité de n’être pas assez désespéré, de continuer à vivre. »

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