mercredi 14 juin 2017

Prague. Benoît Dusart.

Le conférencier devant les amis du musée de Grenoble cite d’emblée le livre de Bernard Michel « Histoire de Prague » qui lui semble indispensable pour mieux connaître la ville épargnée par les bombardements de la seconde guerre. Les constructions de style gothique, maniériste, baroque, art nouveau y abondent.
Traversée par la Vltava (la Moldau) affluent de l’Elbe, la ville qui connaît un taux de pauvreté parmi les plus bas d’Europe
 se situe à la rencontre du monde slave et du monde germanique à égale distance de la Baltique et de l’Adriatique, de l’Atlantique et de la Mer noire.
Son relief accusé est dominé par la colline Hradkany où siègent depuis toujours les pouvoirs politiques et religieux. Celle-ci composait jusqu’en 1784, quatre communes avec Mala Strana, la vieille ville et la ville neuve.
 «A mesure que je montais, je découvrais la ville au-dessous. Les enchaînements de l'histoire, le sort des hommes, la destruction des empires, les desseins de la Providence se présentaient à ma mémoire en s'identifiant aux souvenirs de ma propre destinée.» Chateaubriand
S’il est facile de retenir le nom Ottokar I et II, parmi les rois de Bohème, merci Hergé ;
c’est Charles IV au XIV° siècle qui établit alors la troisième ville la plus peuplée d’Europe (40 000 habitants) en capitale de l’Empire romain germanique. 
Il fit construire le Pont Charles où furent installées plus tard 30 statues en vis à vis, 
dont celle de Jean Népomucène, vénéré bien avant sa béatification. Il continue à porter bonheur  avec  son chien tout brillant des caresses des nombreux touristes qui se croisent par là. Il avait été jeté du pont pour n’avoir pas révélé les confessions de la reine.
La première pierre de la cathédrale Saint Guy fut posée en 1344 par Mathieu d’Arras, on disait alors « Opus Francigenum », œuvre française, avant que n’apparaisse le terme « gothique » 300 ans plus tard. Les architectes Parler prirent la suite, traçant des nervures se jouant des travées et produisant des « effets de baldaquin ». Le terme de « stéréotomie », procédé de taille et d’appareillage qui permet de donner à chaque bloc de pierre la forme adéquate, peut s’illustrer dans ces réseaux complexes.
La chapelle Saint Venceslas, derrière son grand portail  vénitien présente, dans ses jaspes et ses stucs dorés, la « Jérusalem céleste ». L’ensemble fut achevé seulement au début du XX° siècle.
La communauté juive était prospère sous le règne de Rodolphe II  de Habsbourg qui refusait d’aller à la messe.
La synagogue vieille nouvelle, également de style gothique, la plus ancienne d’Europe, fut épargnée par les nazis qui voulaient installer dans le ghetto juif un musée « de la race disparue ».
La première défenestration pragoise (1419), fit s’empaler sept échevins catholiques sur des piques tenues par la foule en révolte.
Jean Hus précurseur de Luther, qui finit sur le bûcher, avait encore des partisans. Lors de la deuxième défenestration (1618), deux émissaires protestants atterrirent  sans mal sur un tas de fumier selon les uns, de foin selon d’autres, mais s’en suivit la guerre de trente ans entre la noblesse tchèque et le pouvoir impérial.
Après la bataille de la Montagne Blanche, en 1620, vingt-sept chefs insurgés furent décapités sur laplace de la Vieille Ville, 27 croix le rappellent dans ce haut lieu historique.

Le Belvédère  et son jeu de Paume, décoré de sgraffites maniéristes de l’époque Renaissance, agrémentés plus tard de marteaux et de faucilles, comporte un jardin magnifique.
Rodolphe II,  amateur d’ésotérisme, d’alchimie, d’astrologie, fut un protecteur des arts et si une œuvre d’Arcimboldo lui ayant appartenu se retrouve en Suède c’est qu’elle fut pillée par les suédois.
Autour de la ruelle d’or sont cultivés quelques mythes sulfureux mais ce sont des orfèvres qui l‘ont occupée.
Le baroque accompagnait la contre réforme à l'église Saint-Nicolas de Malá Strana et le culte marial est des plus rayonnant à Notre Dame de la Victoire avec son petit Jésus offert par Polyxena de Lobkowicz, au monastère des Carmes déchaussés.
Don Giovanni de Mozart fut bien accueilli au tout aussi baroque théâtre des États.
Et l’art nouveau, art total, est bien présent, de la poignée de porte au plafond,
dans la maison municipale décorée par les artistes de la sécession construite à l’emplacement de l’ancien palais royal.
La ville dont on dit qu’elle comporte « autant de clochers que de jours dans l’année » compte 700 musées.
Le Musée d’art moderne vaste et lumineux vaut pour son architecture fonctionnaliste des années 20 et pas seulement pour les immenses toiles de Mucha.
La Maison à la Vierge noire est un bâtiment cubiste comme la banque des légions tchécoslovaques qui tient aussi de l’arc de triomphe, au pays où les prismes et les pyramides se rabotent en un « rondo cubisme ».
Voulue par Václav Havel, l’écrivain président, après la « révolution de velours », La maison qui danse de  Franck Gehry devait être un centre culturel, elle abrite une banque.
En complément de la riche conférence, ce rappel depuis Wikipédia : « La troisième défenestration » pour Kundera fut, en 1948, celle de Mazaryik trouvé au pied d’une fenêtre de son ministère des affaires étrangères. La thèse du suicide fut démentie en 2004.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire