jeudi 8 juin 2017

James Turrell. Gilbert Croué.

Je ne savais pas le nom de celui qui a mis en lumière le pont du Gard : c’est lui, JamesTurrell, et Gilbert Croué le conférencier devant les amis du musée de Grenoble a montré la place éminente de cet artiste qui change notre regard sur l’art, sur le monde.
Son « Rondo blue » permet de mieux voir les évidences.
Le projet de Klee consistait  à  « rendre visible l’invisible », cette grande pierre, « Stone sky », au bout d’un plan d’eau, restitue la lumière évoluant entre son lever et son coucher en un miracle toujours renouvelé. Evidence et banalité rencontrent « la lumière idéalisée ».
Celle-ci joue dans une proposition enveloppante et dynamique, elle habille le moment. Dans cet entonnoir de lumière, « The inner way » est  la voix de l’intérieur.
Au centre d’un ensemble architecturé à Canberra, un ombilic de basalte ouvre vers le ciel, en un « Sky space ». Le ciel est cerné, sculpté, concentré. « Within without ».
L’oculus bi millénaire du Panthéon romain est révisé.
Né en 1943 dans une famille de quakers où toute idée de représentation est rejetée, son œuvre consacrée à l’immatériel de la lumière ne comporte ni sujet ni narration et les formes géométriques sont élémentaires. Sa formation est aussi scientifique et artistique avec Rembrandt et Le Caravage comme phares.
Il a réalisé cette salle de réunion quakers avec un toit qui peut glisser au dessus de la pièce réservée à la méditation de groupe, et découvrir le ciel  afin d’ « entrer en soi pour saluer la lumière ».
Héritier de Rothko, aux couleurs qui se frottent, d’où jaillit souvent la lumière, sombre dans sa chapelle oecuménique construite à Houston où la puissance de la couleur peut s’exprimer pour elle-même en d’immenses champs colorés. Il a apprécié les travaux d’ Yves Klein,  de Franck Stella  précurseur du minimalisme,
les grandes surface colorées de Barnett Newman et son ambition « Vir heroïcus sublimus » aux résonances bibliques 
et bien sûr Dan Flavin, qui a inventorié des possibilités de décor, de barrières de lumières, avec des tubes fluorescents du commerce dans des aéroports, des magasins, à  « Santa Maria Annunciata in Chiesa Rossa » à Milan.
« Wide Out ». Georges Didi-Huberman lui a consacré un livre : L'homme qui marchait dans la couleur. Les spectateurs ont envie de plonger une main au-delà du cadre, et s’immerger dans des installations amples appelées « environnements perceptuels », où se ressent pour beaucoup du bien être.
« Afrum » Il brouille les repères, le cube semble flotter, venir en avant des murs.
Des dispositifs sophistiqués mettent en œuvre les techniques les plus modernes: LED, lampes à ultra violets, néons pilotés par ordinateurs qui modulent les éclairages, varient les couleurs.
Depuis l’avion qu’il pilote, il repère un volcan éteint, le Roden Crater en Arizona, il l’achète et entreprend une œuvre titanesque. Il fait creuser des galeries qui mènent à quatre chambres d’observation du ciel  (sky space), chaque espace aux quatre points cardinaux, produit une lumière différente. Des escaliers mènent vers le ciel : où s’arrête le réel tangible et où commence le fictif ?
A l’intérieur de la soucoupe volante du musée Guggenheim de New York, il a mis en place une œuvre gigantesque :
 « Aten Reign », du nom du disque solaire de l’Egypte ancienne. Cinq cônes de taille décroissante en forme d’ellipse, aux dégradés soyeux, montent vers une lumière hypnotique.
L’éblouissante « Montée des bienheureux vers l'empyrée » de Jérôme Bosch un des quatre volets de ses « visions de l’au-delà », peut nous être rappelée, à la façon de ceux qui sont revenus d’un coma et ont raconté cette impression de tunnel blanc.
Sollicité dans le monde entier, au Japon dans une maison traditionnelle « House of Light »
il joue avec l’ombre, au musée de Wolfsburg, il sublime l’architecture.
 « Je ne suis pas un artiste de la lumière. Je suis plutôt quelqu'un qui utilise la lumière comme matériau afin de travailler le médium de la perception »
En tous cas, son travail au Pont du Gard m’a beaucoup plu, respectant ce haut lieu du patrimoine mondial, le jour, et le transfigurant, le magnifiant la nuit. 
L’art contemporain n’est pas toujours un coucou dans les lieux séculaires mais peut les vivifier et mettre des étincelles dans les regards.





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