vendredi 16 juin 2017

Abstention.

«  Qui ne dit mot consent » :
les mots de la sagesse populaire ne font guère recette chez les nombreux chroniqueurs qui glosent sur l’abstention, et pourtant ce me semble ben vrai.
Quelques commentateurs facebookiens, qui ont pourtant le mot « peuple » en ponctuation au bout de chaque phrase, laissent entrevoir leur impatience d’en découdre dans la rue, après un passage aux urnes, dont ils ne veulent pas lire une quelconque signification.
Ils ne se posent pas non plus la question de la légitimité des syndicats qu’ils souhaitent suivre dans les manifs qu’ils appellent de leurs vœux.
Ces apôtres de la démocratie permanente, à en rester debout la nuit, ne goûtent guère finalement les procédures de vote les plus élémentaires, pour lesquelles néanmoins les propositions de choix ne manquaient pas.
Leurs calculs appliqués au parti majoritaire pour relativiser un succès incontestable, évitent de sonder la déroute des leurs. L’indignité dans la défaite d’un Lamy, d’un Hamon, en  battant leur coulpe sur la poitrine des autres, comme d’habitude, ne peut que renforcer ceux qui ont choisi de s’éloigner d’eux. Ils ne sont pas les seuls à ne pas pouvoir analyser le phénomène en train de se dérouler : inattendu, incroyable, littéralement : impensable.
Les frondeurs en paralysant récemment le travail législatif n’ont-ils pas amplifié le caractère légitimiste de l’assemblée à venir ?
Les abstentionnistes, comme on le disait jadis de ceux qui ne faisaient pas de politique, en font quand même, de la politique. En choisissant de ne pas choisir, ils auraient pu éviter justement les paroles qu’on leur prête: ni pour ni contre. En version macronienne : « en même temps »
« Toute politique se fonde sur l'indifférence de la plupart des intéressés, sans laquelle il n'y a point de politique possible. » Paul Valéry
Les nouveaux élus sont nouveaux et ceux qui prônaient le retour de la retraite à 60 ans, et pas seulement eux, se retrouvent à la retraite, dégagés.
Est-ce un pari déraisonnable de voir des novices plein de zèle, portés par une dynamique, être plus efficaces que des caciques qui sollicitaient un sixième mandat ?
« La politique qui consiste à imaginer que l'adversaire est idiot n'a jamais conduit à rien. »
André Maurois
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Le dessin en couleurs est copié dans « Courrier international » qui le tient d’un journal de Namur en Belgique, celui de Pétillon vient du « Canard enchaîné ».

4 commentaires:

  1. Tu vois, Guy, on peut décider... de ne pas voter, sans aller se fourguer chez les syndicalistes, ou râler en permanence pour exprimer sa désillusion.
    On peut décider de mener sa vie autrement, et être puissant sur une autre scène que celle-là. En sachant qu'en choisissant de ne pas voter, de toute façon, on n'échappe pas au système, et que forcément, on sera amalgamé avec d'autres qui auront oublié de se déplacer. On ne peut pas éviter d'être amalgamé à d'autres, de toute façon.
    Mais on doit tout de même se poser la question de savoir QUI M. Macron représente quand les élites mondiales sont finalement si peu domiciliées/enracinées dans un pays, ou une nation quelconque, et en sont fières, d'ailleurs.
    Et il ne faut pas oublier que l'Empire Romain a existé alors que les citoyens continuaient à se déplacer aux urnes pour choisir leurs représentants..
    Ça pose question, tout de même.

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  2. Je suis assez fasciné par le personnage qui sans encrage local, sans parti, a réussi là où tant avaient échoué, en un éclair ( jupitérien), quand tous vantaient la patience, à mettre ensemble Hulot et Lemaire, prôner l’Europe quand tout le monde en faisait la cause de tous les maux. Avoir une approche optimiste quand le pays se complaisait dans le noir, la récrimination contre l’étranger, l’entreprise … Bien sûr que ce n’est pas le chevalier blanc, mais l’expression d’un phénomène intéressant, un opportuniste qui a saisi le bon alignement des étoiles.

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  3. Bon.
    Tu regardes l'affiche. Tu vois l'âge de ce jeune homme, qui, comme tu le dis, a réussi "en un éclair", avec une approche "optimiste". Tu vois... le chevalier blanc. (Ou, pourquoi pas ? le jeune Dionysos qui jaillit de la cuisse de Jupiter, le Dieu.. "nouveau".) Correction : le JEUNE chevalier blanc dans un pays où il ne fait pas bon être "vieux", et où les baby boomers sentent enfin que nous n'allons pas échapper à la vieillesse, et à la mort, même si les scientifiques y travaillent jour et nuit (!!!!) Un pays qui se sent vieux et fatigué, et subit le matraquage insensé du "besoin de nouveau" en permanence.
    Après tu te souviens que François Mitterand, cet homme de toutes les promesses, avait recruté Séguéla ? c'est ça le nom de ce chaman moderne de campagnes publicitaires ?, pour nous faire miroiter... une très belle image, avec un slogan.. publicitaire pour aller avec, pour que nous puissions bien nous en souvenir (à ce titre, la lecture du chapitre de "Mein Kampf" sur la propagande est édifiante. Il y a peu, dans les temps modernes, pour être conscient de l'image qu'on projette comme Adolf Hitler. Je ne serais pas étonnée, d'ailleurs, que de futurs publicitaires lisent ce chapitre sur la propagande. Là, on peut voir étalées, en pleine vue, et jour, les techniques "scientifiques" pour la manipulation des masses dans un cynisme de la conscience objectivante qui fait vaciller.)
    Tu te souviens bien, Guy, de l'état du pays quand Mitterand a été élu, de l'effervescence, et tu compares avec la suite de ses mandats, la privatisation de TF1, les privatisations de la gauche, pour n'en citer que les choses que je connais un peu. Toi... tu as un certain âge, et une certaine expérience. Tu peux t'en souvenir. Tu as les moyens de comparer avec ce qui se passe à l'heure actuelle. C'est important.
    (suite)

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  4. Et là, tu peux voir que nous avons voté, plusieurs d'entre nous, pour... nous-mêmes, tels que nous aimerions pouvoir nous voir, dans un sursaut... d'espoir, Guy ? ou de désespoir ? Difficile à déterminer, comme il est si difficile de se connaître... Je ne crois pas dans le programme socrato/platonicien du "connais-toi toi-même", ne serait-ce que parce que J'ESPERE que je pourrais rester un énigme pour moi-même des fois, et que je ne parviendrai pas à rationaliser mon comportement pour moi-même au point de ne plus jamais être surprise de mes actes et pensées. Entre nous... quel colossal ennui.
    Force est de constater qu'à la longue, et avec le temps, le processus démocratique se détériore en une grande chasse à l'image séductrice qui est toujours un phénomène de surface.
    Et force est de constater que nous SAVONS (ou devrions savoir...) que ce que nous obtenons par la patience, le courage, le travail renouvelé, dans le déploiement temporel de la durée, n'est pas la même chose que ce à quoi nous nous accrochons dans le désespoir.
    Pour l'instant, je ne vois pas en quoi Macron a réussi quoi que ce soit. Le peuple... a choisi une image, c'est tout. (Et quel peuple, d'ailleurs ?...Un certain nombre des personnes qui ont été susceptibles de voter Macron ne se pense pas comme faisant partie du peuple. Il vaut mieux le savoir. Cela risque fort d'accroître encore les tensions internes de ce territoire physique de la France.) Euripide a quitté Athènes pour partir en Macédoine au moment où il s'est aperçu que le peuple n'était pas incorruptible. Ses dernières illusions avaient cédé.
    Alors, avec tout ça, qu'est-ce qui reste ?
    Un énorme chantier : la possibilité de se tenir debout dans la vieillesse, de ne pas se taper dessus parce qu'on n'est pas jeune, de ne pas s'en excuser. La possibilité de retrouver de la valeur dans l'expérience qui vient avec le temps dans la vie, et ainsi, recouvrer une certaine autorité qui a été perdue, pour le grand détriment des jeunes, et le vivre ensemble des générations. La possibilité d'oeuvrer, je ne sais pas comment, pour être ENTENDU de cette place, dans la vie quotidienne, et cela dans la transmission entre les générations.
    Mais je ne crois pas que l'élection de Macron va m'aider sur ce chapitre, et je ne crois pas non plus que la SCENE politique me portera secours non plus.
    Comme quoi, tu vois ? Il y a de vrais aventures à vivre, et des terres à explorer où peu s'aventurent en ce moment, et où beaucoup refusent de penser.
    Qu'est-ce qui est possible ? Honnêtement, je ne sais pas.

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