dimanche 14 mai 2017

Tribus. Nina Raine. Mélanie Leray.

Pièce d’1h 45 à propos de la surdité, qu’il serait réducteur de caractériser uniquement ainsi, tant la problématique autour de ce handicap sort des autoroutes apitoyées. Ceux qui n’entendent pas, essayent de se faire entendre par ceux qui ont des oreilles, mais qui n’écoutent pas, alors que tous ont, avec leurs intelligences tellement affûtées, les outils pour comprendre.
Le benjamin sourd à qui ne convenait pas le langage des signes et qui communiquait en lisant sur les lèvres, va se mettre à « signer », parler en langage des sourds, après avoir rencontré une jeune femme dont l’amour va le transformer, l’actrice est lumineuse.   
Pièce violente, avec des personnages touchants  parfaitement interprétés et une utilisation de la vidéo qui a dépassé l’époque de l’alibi décoratif, en apportant une dimension supplémentaire à l’exploration dynamique du sujet éternel de l’incommunicabilité et des langages.
Comédie dramatique : nous rions des vacheries que s’envoient les mâles d’une famille de peur d’entrevoir que la vérité assaisonnée d’humour à toute heure peut être destructrice.
Et nous sommes traversés d’émotion lorsqu’une jeune fille condamnée à une surdité prochaine se met au piano.
« Tribu » comme se vit cette famille repliée sur elle-même, où toute empathie semble un crime contre l’intelligence, qui souffre et jouit de ses proximités prolongées : les enfants trentenaires vivent chez papa maman, dans le bruit et la fureur.
Est évoquée aussi la communauté très hiérarchisée des sourds, d’où le pluriel du titre.
J’ai hésité à écrire « tribut » avec un « t » comme celui qui est payé de tant de renoncements, de silences, de susceptibilités, au nom de la vérité, non celle des religions, mais de celle qui crucifie ses enfants sous sa lumière verticale, jour et nuit.   

1 commentaire:

  1. Difficile de savoir quel enfer est plus dantesque : le bruit et la fureur, ou le silence cotonneux et.... respectueux.
    De toute façon, quand règne dans les têtes, et l'imaginaire collectif le dogme de la force comme autorité suprême, et bien, la vie ensemble devient difficile.
    Le spectacle avait l'air intéressant.

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