vendredi 14 avril 2017

Vote utile.

Qu’avons-nous manqué pour risquer au second tour le choix entre une escroque cynique  et un escroc sardonique pour se disputer la représentation de la France ? De la France « Terre des Lumières » !
Que peut dire le monde qui avait souvent des étoiles dans le regard quand il se  tournait vers chez nous ?
C’était donc une fable, ces lampions : les chandelles sont mouchées, les batteries à plat, et au bout de quelques voltes, serions-nous retournés au désert culturel propice aux mirages théologiques ?
Faudrait-il revenir au langage colonisateur concernant l’universalisme de nos valeurs finalement plus tellement éclairantes pour justifier la reprise de l’alphabétisation de nos pairs et fils qui n’ont plus le goût des livres ?  Quant à écrire !
En envisageant l’échelle mondiale, les responsabilités se diluent, le regard se brouille. Et face aux renvois systématiques vers les autres fauteurs de nos difficultés, une culpabilité assumée ne peut être que factice et stérile.
Alors poursuivre la pêche aux paradoxes.
De Gaulle est invoqué à la mesure de son éloignement : « La France libérée par elle-même ». La formule eut la puissance d’un mythe. Dans le prolongement des mensonges du roman national, la configuration électorale annoncée en mai 2017, ne serait  que la confirmation d’une farce.
Je lisais récemment que l’ENA a remplacé l’ENS (école normale supérieure). Au delà de ces hauts lieux, peut se regretter l’effacement de la littérature.
Je m’autorise à faire reluire le vernis de quelques heures de philo quand la disparition du terme « humanités » était encore récente, pour me sentir concerné par cet effacement des belles lettres.  
Descartes fit la distinction entre croyance et raison, alors que nous sommes encore bien confus sur ce coup. Ados persistants ayant fait des petits, nous en sommes encore à discuter à propos du vote « utile ».
Il faut revenir à la racine des mots dévoyés de plus en plus par les émois du moi :
il s’agit d’un vote pour désigner le président de la République, pas d’une reprise de maquillage d’un coup de rose aux joues face au miroir ravi de se voir si « belle et rebelle ».
Ceux qui sont tentés par la blanche voix ou l’abstention aux blanches mains perpétuent une position aristocratique, en ne se mêlant pas à la foule.
La distinction entre vote de conviction et vote de raison n’est pas de mise :
les jardins où coulent le miel et le lait sont d’un autre monde, Valhalla et autre pays de Cocagne,
si notre terre là ne saigne pas trop, n’étouffe pas trop, ce sera déjà bien.
Prince des abscons, j’aime la formule du pas très à gauche non plus, Winston Churchill :  
« D'une grande complexité, une grande simplicité émerge »
…………..
Le dessin est du « Canard enchaîné » de cette semaine.

1 commentaire:

  1. Tu sais, Guy, dans le lot de ces paradoxes, il y a le fait que le poisson ne voit pas, et ne peut pas voir LE BANC dans lequel il se déplace.
    Combien de personnes est-ce que je rencontre qui... réduisent la question de Dieu (et toutes les autres questions, pendant qu'on y est...) à leur petit positionnement INDIVIDUEL, comme si... LE BANC, le grand méchant banc, ne comptait que pour des prunes ?
    Pour le vote, c'est peut-être adolescent, mais j'en ai marre de voter utile, et ceci, depuis très longtemps, et dans deux pays. Ça finit par saper le moral. Et ce n'est pas le fait de me dire que je serais... "adulte" qui va me motiver ce coup-ci.
    L'Homme ne vit pas que de Raison, pas plus qu'il ne vit que du pain, et pas plus qu'il ne vit QUE de tout et n'importe quoi, y compris.. d'Amour ou de Bonheur. C'est le.. QUE qui est en faute, là.
    Le totalitarisme du Bonheur est mou, et "bienveillant", mais, c'est du totalitarisme quand même.
    UN monde où nous sommes TOUS des domestiques domestiqués, à non voglio piu servir, voilà où notre Très Grande Inconséquence nous mène.
    Fin de sermon pour ce matin. ;-)

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