mercredi 18 janvier 2017

Equateur J 10 # 1. Amazonie. San Juan de la Terra.

La pluie se met à tambouriner avec violence sur le toit en tôle, dès qu’on a éteint la lumière. La température sous la moustiquaire est assez fraîche. Pas de chiens, pas de coqs pour troubler notre sommeil.
Après le petit déjeuner, Juan nous équipe en bottes en caoutchouc, préférables dans la forêt amazonienne aux chaussures de marche. Il s’arme  d’une machette et nous le suivons lui et son fils « Ronaldinho » ainsi baptisé à cause de son maillot, sur une trace de sentier qui part derrière le restau.
Juan nous montre une cosse de cacao blanc dont les graines sont comestibles puis les vraies cosses de cacao pendant aux arbres d’une plantation. Il nous donne trois règles :
1) planter les talons ; 2) ne pas s’accrocher ou se rattraper aux branches et aux arbres pour éviter ce qui est venimeux ou vénéneux ; 3) ne pas s’isoler ni partir seul.
Le chemin est glissant, boueux et recouvert de feuilles mortes, il traverse de petits marécages et des ruisseaux où le gamin ramasse des escargots pour les manger.
Nous passons de la forêt secondaire à la forêt primaire, avançons par petites étapes pour découvrir la végétation, nous goûtons des termites au goût de carotte ou des fourmis acides comme des citrons.
Les troncs s’élèvent droit à la recherche de la lumière et s’ancrent dans la terre en multipliant les ramifications car les racines ne peuvent s’enfoncer  qu’à 50 cm dans le sol.
Juan nous explique la différence entre les plantes épiphytes qui ne prélèvent rien de la plante support  et les plantes parasites, nous montre des tiges de vanille qui sont une variété d’orchidée.
Il y a aussi les ficus, végétaux qui se nourrissent de l’arbre,  puis l’entourent  de branches et l’étranglent petit à petit, gagnant sur son tuteur grâce à une croissance rapide.
Nous courons après les papillons, nous voyons des fourmis balles dont les piqûres sont très douloureuses et des feuilles de palmiers dont la nervure est si tranchante que les femmes s’en servent pour couper le cordon ombilical au moment des accouchements.
Des fleurs rouges nous amusent car elles ressemblent à de grosses lèvres que nous mettons dans la bouche.
Nous entendons plus que nous les voyons, les oiseaux, nous apprenons que le toucan est l’ennemi de tous les oiseaux. L’oriole s’en protège en tissant des nids en forme de cône et imite d’autres oiseaux ou animaux pour leurrer des prédateurs.
Les cigales stridulent comme des scies électriques et changent de chant en fonction de l’heure de la journée. Les termites se servent de leurs excréments pour construire leur habitat dont les hommes récoltent des morceaux et les brûlent pour éloigner les moustiques. Dans un tronc, une excroissance indique la présence d’un nid d’abeilles.
Au pied de l’arbre, Juan ramasse de la cire dont les quichuas se servaient comme bougie.
Des racines aériennes, à ne pas confondre avec les lianes, tombent de rhododendrons épiphytes, elles permettent de produire de l’anti venin contre les morsures de serpent.
La symbiose entre animal et végétal est fascinante, tout le monde vivant profite et se rend utile dans un équilibre fragile.
Les racines d’un arbre mort où vivent de nombreux animaux pourront servir à protéger le chasseur de l’ours à lunettes.
Nous n’avons pas vu passer les 3h 30 avec quelques glissades évitées de justesse.

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