vendredi 23 décembre 2016

Le djihad et la mort. Olivier Roy.

Analyse efficace d’un directeur de recherche au CNRS qui au lieu de tracer une ligne verticale allant du Coran à Daech, effectue une lecture transversale qui essaie de comprendre la violence islamique.
Plutôt que de l’opposer à Gilles Képel, je préfère voir dans ces 170 pages une complémentarité féconde dans un domaine où la peur brouille les têtes, sur une période de 20 ans, de Khaled Kelkal à l’attentat de Nice.
« Plutôt que d’évoquer une radicalisation de l’islam, il parle d’une islamisation de la radicalité » et souligne les effets générationnels, ceux de l’esthétique de la violence, ou « l’inscription de l’individu en rupture dans un grand récit globalisé » auprès de sectes apocalyptiques.
Vues depuis notre côté gauche, les frontières avec le populisme se sont bien brouillées, la vision universaliste s’est rétrécie à la nation, voire à des ZAD on ne peut plus étroites.
« Tant Al-Quaïda que Daech apportent quelque chose de plus que la contestation radicale et globale : la fascination pour la mort. »
Les considérations concernant la guerre entre sunnites et chiites, la difficulté d’articuler le califat avec les tribus locales, dépassent les nihilistes qui se rendent là bas, mais ceux-ci s’éclatent dans l’escalade du terrorisme international.   
Les djihadistes prétendent  défendre la communauté des croyants mais ne postulent pas à des postes religieux.
«  Le problème majeur des mosquées, c‘est la crise des vocations parmi les jeunes musulmans français, qui n’ont aucune envie de devenir imam, car c’est mal payé, ingrat et guère prestigieux »
Mohammed Merah : « Nous aimons la mort, vous aimez la vie. »
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Le dessin du "Canard" de cette semaine:
 

1 commentaire:

  1. C'est troublant, tout de même...
    La position de la civilisation.. occidentale me semble nécessairement identifiée depuis l'Antiquité à la position du soleil... se couchant dans l'Ouest.
    Les grandes métaphores/analogies continuent à nous structurer, quoiqu'à notre insu, pour beaucoup (les saisons correspondent à des périodes de la vie de l'Homme ; la journée peut être perçue de cette manière aussi, avec la nuit (après le coucher du soleil, bien entendu...) évoquant la mort).
    Le "caedere" qui devient... "cidere" qui nous a donné "pesticide" "suicide", par exemple fait intimement partie de nous, même si nous n'avons jamais autant voulu le nier, à mon avis.
    Sommes-nous fascinés par la mort ? Cela veut dire quoi, dans une civilisation qui fait tant pour cacher ses morts en chair et en os, et s'en scandalise ?
    On PEUT faire l'hypothèse que tant d'énergie déployée afin de rendre la mort de nous, en chair et en os... invisible ou même inopérante, finirait par produire des réactions violentes.. quelque part, en la faisant resurgir sous forme de grand spectacle... vivant avec des acteurs qui jouent un drame dont le cadre est très flou. (Se souvenir de l'attentat des deux tours à New York.)
    Je trouve cela perspicace, l'islamisation de la radicalité. Quand on songe que l'Islam est la dernière des religions du Livre à ne pas être passée à la moulinette de la sécularisation, cela ouvre des possibilités pour penser cette radicalisation aussi.
    Le livre a l'air intéressant. Merci.

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