vendredi 4 novembre 2016

Camember(t).

Fromage emblématique sous l’étiquette « Président »,
c’était le nom d’un personnage au début de la bande dessinée, un sapeur (soldat) simplet à la fin du XIX° siècle,
une expression enfantine signifiant « tais toi » depuis la version initiale :
« Ferme ta boite à camembert, tu l'ouvriras pour le dessert. »
A ces trois titres, le locataire coulé de l’Elysée pourrait mériter le label made in Normandie.
Quand la sympathie elle-même devient suspecte.
« De Gaulle parlait à la France, Mitterrand et Chirac aux Français, Hollande lui parle aux journalistes » Le Monde.
« Un président ne devrait pas dire ça », et il le dit !
Je voulais lire l’ouvrage et me faire une idée personnelle et puis je n’ai pas poussé plus loin le masochisme. De toutes façons le mal est fait, hâtant un désastre annoncé quand il y a tant de livres à lire et à relire.
Cette béance narcissique au plus haut niveau constitue une source d’analyses féroces concernant François H., mais elle ne fait que parachever une faillite collective, fragilisant un peu plus notre socle démocratique. De ce déluge verbal, de tant d’impudeur tellement contemporaine, de si peu de retenue, nous avons honte.
Oui, « honte » comme dit Valls qui l’a mis dans la bouche de militants socialistes, soi disant. Celui qui avait communiqué un moment sur « les deux gauches irréconciliables » regrette les divisions qu’il a lui même exacerbées : paroles de vallsiste déçu. Peut-on même se dire « déçu » voire « vallsiste », quand les excuses et tous les mots ne veulent plus rien dire ?
« Les magistrats sont des lâches » et pis non : «  c’était pour rire ». Perte sur les deux tableaux.
Dans ce gloubi-boulga où plus une phrase n’est assumée, que peuvent relever les éducateurs ?
Certes j’ai bien entendu qu’il ne faut pas prétendre s’éclairer à des lumières verticales, la mode est à l’horizontalité, mais en bout de ligne je ne vois que noirs nuages et pénurie d’exemples.
Dans le même mouvement qui m’a conduit à ne considérer que quelques « bonnes feuilles » toxiques parmi les 672 pages de Davet et Lhomme, je persiste à suivre ma pente naturelle en revenant à l’école sempiternellement.
Je replonge ma plume dans la même bouteille à l’encre que maints chroniqueurs affidés au ministère de l’éducation qui semaines après semaines affaiblissent la stature des profs.
Non, eux ne parlent pas de moralité publique, ça ferait ringard, on a le vélo citoyen pour ça et le tri des ordures éthique, rustines et déchèterie. Mais depuis des décennies alors que les mêmes estimaient que le niveau ne cessait de monter, pour ces incompétents qui ne jurent que par les compétences, l’instruction serait la cause des inégalités. Le feu sur le quartier général est depuis longtemps ajusté : « non » à la grammaire, au calcul (« patates » années 70)… « non » aux devoirs, aux notes, et stéthoscope pour tous !
La fracture générationnelle en surcroît de la sociale, fin de la transmission.
Je verrai plutôt la source de quelques uns de nos maux dans la décroissance de la culture, quand toute dignité est massicotée, et que tant de légèreté nous plombe.
Sous les rires perpétuels, ne subsistent que des rictus d’un carnaval permanent.
Montessori serait tendance, non celle qui pensait que le silence est d’or, mais un label cool qui permettrait à la gentry de s’épargner des promiscuités d’une école publique dont le qualificatif risque d’être aussi dépréciatif qu’au pays de Trump.
Qui a fabriqué ces bouffons et fait qu’ils arrivent là ? 
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Dans le "Canard" de cette semaine: 


1 commentaire:

  1. Est-ce que cela te réconforterait de savoir que...
    "On" est déjà passé par là ?
    Qu'Aristophanes a forgé le néologisme "théâtrocratie" pour parler de cet état.. terminal ? de la démocratie quand l'opinion de tout un chacun avait droit de cité sur la place publique au même titre que celle des personnes instruites sur les sujets en question, au nom de l'égalité ?
    Il y a des lustres, quelqu'un a dit qu'il fallait faire très attention à ce pour quoi on priait, car ça POURRAIT se réaliser. C'est pourquoi, si je crois que l'utopie est nécessaire pour donner et canaliser l'énergie des jeunes (avec le testostérone qui les accompagne), il faut que les vieux qui ont MOINS de testostérone soient écoutés et qu'ils ASSUMENT LEUR RESPONSABILITE DE VIEUX pour pouvoir le faire.
    Je suis trop ignare pour dire QUI a dit cela.
    Mais de toute façon, cela devrait faire partie de la sagesse populaire.
    Il n'est pas bon que l'INSTRUCTION obstrue la sagesse et l'expérience, et convainc certains qu'ils peuvent... se passer de la sagesse ancestrale, et de l'expérience de soi-même et de ses ancêtres.
    Et puis... pourquoi avoir peur ou honte d'être.. ringard, dans le fond ?
    Cette peur, cette honte, ne sont-elles pas la manifestation de la promiscuité.. honteuse à laquelle conduit trop de sentiment bon enfant démocratique ? Le désir de plaire.. à TOUS, TOUT LE TEMPS ? D'être.. ACCESSIBLE, COMPREHENSIBLE 24h/24 ?
    Notre actuel président de la République m'a fait peur... et suscité un peu d'admiration le soir mémorable où il a accepté la charge de la présidence, et où j'ai entendu dans son discours si bien léché.. TOUS LES MOTS que je savais que je DEVAIS ENTENDRE dans la bouche d'un président de la République.. "moderne".
    Tant de papier glacé ne laisse aucune place à la surprise métaphorique, et ne NOUS réchauffe pas, je crois.
    Pauvre de François, qui arrive dans ce moment de la République où plus rien ne NOUS surprend, et où notre recherche de sensations écervelées atteint des proportions ubuesques. Tant d'incontinence (chez nous...) fait pitié.
    Tu crois que QUICONQUE pourrait être à la hauteur dans ces circonstances ?
    John Fitzgerald Kennedy.. fut sanctifié APRES et EN RAISON de sa mort brutale qui excitait tant l'imagination populaire et évoquait vaguement et secrètement dans les esprits le sacrifice d'un personnage public dans l'exercice de ses fonctions. DE SON VIVANT... il n'était pas un icône.

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