mercredi 5 octobre 2016

Equateur J 3 (suite) : La vache de Santa Barbara.

Nous descendons peu à peu en altitude.
Le minibus stoppe à un point de vue sur un lac surmonté par un volcan à la forme typique.
Nous embarquons une jeune femme en costume traditionnel avec son fils dans le dos,  en roulant elle nous interprète « a cappella » deux chansons indiennes. Après nous avoir proposé sans insister des étoffes colorées, elle nous quitte pour revenir à son point de départ.

Nous arrivons à Santa Barbara (2580 m), stoppons à un croisement face à l’école et à l’arrêt de bus.
Sur les lignes électriques des plantes épiphytes ont poussé.

Nous sommes dispatchés pour le reste de la soirée, dans trois familles différentes.

Les habitués de l’Amérique du Sud descendent en premier puis nos  franco-américains  dont nous avons admiré le charmant logement qui leur est réservé.
Le nôtre est bien sympa aussi, répondant à un cahier des charges commun car la même plaque figure sur la maison à la façon des Gîtes de France : « Pachamama Turismo Rural Comunitario Runa Tupari ». Les matériaux et le style sont identiques.
Une jeune fille nous accueille. Nous nous installons, puis elle nous fait découvrir les trois chiens dont une Laïca du nom d’une chienne que nous avons bien connue, les cuys (cochon d’Inde) et les lapins.
Elle nous propose de l’accompagner : nous allons couper de l’herbe pour les bêtes, en longeant des champs nous sommes étonnés par les piquets sur lesquels poussent des  feuilles. Elle ne parlant ni l’anglais ni le français, nous ne parlant ni le quichua ni l’espagnol, nous essayons de communiquer avec la jeune fille douce et patiente.

Après avoir croisé des gamins à nattes jouant au foot et des filles essayant un cerf volant, nous rentrons à la maison.
Je commence à  écrire, Guy à lire. Puis peu après c’est la « Mamie » (maman) qui vient nous inviter à chercher sa vache et un grand veau que nous menons à la corde.
Le mâle est attaché dans une parcelle de terre retournée et la vache entravée à un arbre près de la maison.
Une fois les pattes arrière ficelées, la mamie plus jeune que moi, lui amène un veau à nourrir mais le retire bien vite pour recueillir le lait qu’elle va vendre à deux clients habitués qui patientent. Elle propose à Guy d’essayer de traire ce qu’il fait efficacement mais la baca est particulièrement difficile selon la patronne.
Il peut imaginer ce que dirait sa mère : « 10 000 km pour venir traire une vache ! »
Après il faut nourrir les chiens avec du petit lait qu’ils lapent avec avidité, tout en donnant quelques coups de langue au bon lait « bourru », jeter du grain aux poules qu’elle appelle par un  gentil petit cri, enfin fournir l’herbe dans chaque clapier aveugle. 
Elle nous fait signe de la suivre sur le toit pour ramasser le linge sec et le mettre à l’abri de l’humidité nocturne.
Elle enfile un tablier sur ses habits traditionnels, pas tachés par les travaux précédents de même que ses espadrilles impeccables, et en tend un à Guy. Les voilà tous les deux à préparer le repas : soupe de maïs, semblable à de la polenta en plus liquide et du quinoa mélangé à des morceaux de poulets de courgettes et de poivrons.
Elle donne des instructions avec naturel et humour, lui fait des reproches sur les morceaux trop gros, sur le mouvement trop rapide pour remuer la soupe. Comme boisson nous nous régalons de jus de fruits (framboise) avec ou sans sucre. Au moment du repas la fille et la mère jouent avec les lumières de la cuisine tout en surveillant la maison de l’autre côté du champ. Nous ne comprenons pas tout. Nous nous mettons à table à l’heure annoncée : 7h 30, et tandis que nous attaquons la soupe dans laquelle nous glissons un morceau de fromage maison et des grains de maïs grillés, arrive un jeune homme de 21 ans chapeau vissé sur sa tête nattée : sans doute un cousin qui baragouine l’anglais aussi mal que nous. Plus tard arrive le « papi », « le père de ma fille », chapeau noir inamovible et natte. Il est adorable comme sa femme, et les regards qu’ils se lancent d’un bout à l’autre de la table sont plein d’amour et de connivence. On arrive à partager une soirée chaleureuse dans une famille unie, de culture différente et pourtant si proche. Papi Ernesto rentre de Quito où il construit des maisons, mais sa situation est hautement précaire. Nous les laissons se retrouver et allons nous coucher sous un concert d’aboiements proches et lointains.

2 commentaires:

  1. Joli récit qui fait chaud au coeur.
    Comme ça, tu sais traire des vaches. Bravo !

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  2. Fils de paysan, j'en avais honte quand je suis allé au collège où le "pagu" était le bougnoule de l'époque. Maintenant j'en suis d'autant plus fier.

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