dimanche 12 juin 2016

Until the lions. Akram Khan.

Le familier de la MC 2, maître des battements,
cette fois à partir d’une scène circulaire pas si immuable que ça, fait toujours salle comble et cela se remarque car c’est loin d’être le cas pour pas mal de spectacles cette année.
Je craignais ne pas comprendre sa prise de parole en anglais concernant la défense de la culture au bout d’une heure époustouflante mais outre la simplicité du discours, son nouveau spectacle avait constitué le plus évident des plaidoyers.
Même si je n’ai pas perçu particulièrement les lions ci-dessous :
« Tant que les lions n'auront pas leur mot à dire, les histoires continueront de glorifier le chasseur », à moins qu’il ne s’agisse de lionnes ; l’animalité des humains est magnifiquement mise en scène et dansée d’une façon extraordinaire.
Je ne suis entré ni dans les subtilités du Mahabharata ni dans le questionnement sur l’identité sexuelle qui ont inspiré cette représentation, mais j’ai apprécié un langage universel aux rythmes entêtants, aux vibrations envoutantes, aux stridences acérées.
Chuchotements et cris, violence et virtuosité.
Cette œuvre traverse le temps avec une énergie très contemporaine mêlée à la profondeur des traditions et supplante l’espace : de l’Inde à nos contrées où « Nuit Debout » campe aux portes.
Tant de ballets ont mis en lumière des scènes d’amour mais celle du Bangladais Anglais est un sommet de vivacité, d’invention, de simplicité, d’intensité tout en restant d’une pudeur rare.
La présence de bambous ajoute du tranchant à une chorégraphie qui a enchanté le public retrouvant un habitué qui nous surprend chaque fois.

1 commentaire:

  1. Je regrette de ne pas être allée voir Khan, d'autant que je pense que ça pourrait me plaire...
    Pour les lions : hier soir, avec mon mari, nous avons regardé la version BBC de "La nuit des rois" de mon cher William. Il y a un personnage dedans qui s'appelle Malvolio, qui est un ancêtre de l'homo modernicus, et qui vaut le détour. Shakespeare le situe comme un puritain, et il est intéressant de le comparer avec le Tartuffe de Molière, par certains aspects.
    Malvolio est intendant chez la noble Olivia, et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il prend sa charge très au sérieux. Etant entouré d'ivrognes dissipés, de fous (entendons, le fou comme charge, pas celui qui a perdu la raison), il entend faire tout en son pouvoir pour faire régner l'ordre. Il est fat, suffisant, sans une once d'humour... sincère, honnête... tu vois un peu le tableau ? Il fera l'objet d'une conspiration cruelle aux mains des bons vivants qui ne l'apprécient pas.
    Voici une réplique de Sir Toby Belch, ancêtre de Falstaff ("belch" veut dire "rot" en anglais, et Sir Toby est ivre du matin au soir) "Penses-tu que parce que tu es vertueux, il n'y aura plus de gâteaux, ni de rhum dans le monde ?"
    J'adore cette réplique que je devrais broder pour mettre en permanence devant les yeux pour mon humilité, ou porter comme une robe de bure.
    La domestique d'Olivia contrefait l'écriture de sa maîtresse et laisse tomber une lettre à l'intention de Malvolio dans laquelle elle insinue qu'Olivia est amoureuse de lui, et voudrait le voir attifé dans des bas jaunes à croisillons, un sourire aux lèvres du matin au soir. Et Malvolio gobe tout cela, car il n'a pas le sens des proportions, on pourrait dire. Et passe pour fou aux yeux d'Olivia qui le fait cloîtrer dans une cellule pendant la moitié de la pièce.
    J'arrive aux lions, enfin...
    On a.. intérêt à rire aux tribulations de Malvolio, et pas le prendre en pitié, parce que Malvolio n'est capable d'aucune pitié. Il sort de scène, une fois libérée, en proférant le serment de se venger, et on ne doute pas qu'il le fera s'il le peut.
    Pour les lions... offrons-nous le luxe de les prendre en pitié de loin, car de près.. eux non plus ni ne rient ni ne pardonnent...

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