samedi 26 mars 2016

L’amour humain. Andreï Makine.

Le titre situe l’ambition du roman qui embrasse l’histoire de la décolonisation en Afrique.
« une vie qui nait quand l’Histoire, ayant épuisé ses atrocités et ses promesses, nous laisse nus sous le ciel, face au seul regard de l’être qu’on aime »
Elias, l’africain héroïque, un révolutionnaire professionnel formé par les russes, connaitra Cuba et les exaltations, les désillusions de la guerre froide en pays chauds.
Le côté « Un Angolais en Sibérie » invite à la comparaison avec une bande dessinée qui serait magnifiquement dessinée: le style est coloré, mais le scénario conventionnel n’évite pas les facilités, avec contrastes entre champagne des colloques et eau des marigots, sur fond d’ apparitions de belles qui ne font que passer.
 « Et ce soir là, en 1967, sur une plage cuivrée par le couchant, il apprit la fin d’Ernesto.
Cette mort resta ainsi à jamais liée, dans son souvenir, au saignement vif des nuages, à la somnolence des vagues, au visage éploré de cette jeune cubaine qui lui annonça la nouvelle. Une chevelure raidie par le sel, des lèvres dont il effaça, d’un baiser, un gémissement un peu trop artistique »
Entre un amour absolu et irrésolu et les pauvresses violées, la place est réduite pour que des personnages hésitent, vivent, s’approchent, se connaissent.
La fresque de 295 pages peut s’envisager comme un poème avec reprise au refrain  de quelques motifs : une femme dont les soldats vont fouiller la bouche pour en extirper quelques  granules de diamants, un enfant enterré avec son masque, le creux du coude de la mère, une maison en bois au perron enneigé…
« A Luanda un couple parle de la graisse restée dans une poêle, à Lusaka une femme dort à côté de son mari diplomate qu’elle n’a jamais aimé, à Paris une intellectuelle rédige un texte sur les révolutions trahies … »

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