samedi 31 octobre 2015

Le roi disait que j’étais le diable. Clara Dupont Monod.

Je n’aurai pas retenu ce livre d’une journaliste que j’avais entendue bavarder dans le poste, mais comme ces écrits m’ont été recommandés par une amie qui s’y connait en histoire, je me suis plongé dans ces 230 pages, d’un trait, avec délices.
Aliénor d’Aquitaine, Louis VII, Troubadour et croisades me semblaient si lointain, encore que  des échos de tant de pratiques d’un autre âge nous parviennent chaque jour.
«  on me pousse vers la fête bouffonne où le corps a dévoré les livres »
Cette littérature prenant ses libertés m’a convaincu :
Robert de Poitiers, l’oncle raconte :
«  Et dans sa main, il y avait ma tête, qu’il lâcha dans une boîte en argent pour l’envoyer au calife de Bagdad. »
Je suis allé me documenter sur celle qui fut  successivement reine de France à 13 ans et d’Angleterre à 28 ans et sur son premier mari à l’orée de la guerre de 100 ans, elle dont la vraie vie est éminemment romanesque. Et Antioche.
Il y a du bruit, des odeurs, de la fureur, même si le procédé de journal intime en parallèle joue un peu facilement sur les oppositions : le religieux homme du nord embarrassé et la femme du Sud Ouest libre et déterminée. L’amoureux transi va tourner à l’entêté sanguinaire, calamiteux chef de guerre, mais finalement je l’ai préféré à la belle méprisante multipliant les phrases fortes :
«La puissance ne se mesure pas aux phrases que l’on prononce mais aux coups que l’on donne. Les mots, eux, sont pour les poètes. Pas pour les rois. »
« La joie est stupide. Elle s’offre facilement. C’est l’émotion la plus reconnaissable, donc la moins perfide. Elle fendille les visages avec la stupeur un peu niaise de se découvrir léger. Rien n’est plus angoissant qu’un être joyeux. Comment peut-il ignorer la faim et les menaces ? La joie produit de mauvais combattants. Je lui préfère la colère, c’est une autre histoire. Elle fait bouillir le sang. Elle est la forme même de la vie, sa première vocifération. Elle peut trahir. J’aime la colère parce qu’elle a toujours quelque chose à révéler. »
« La duplicité, l’abbé ! La duplicité que vous ne supportez pas, et qui est la marque des gens honnêtes »

1 commentaire:

  1. Hé, hé.... parlé comme une belle hystérique, n'est-ce pas ?
    En tout cas, ton extrait permet encore de se rendre compte que les obstacles à la liberté (et non pas libération..) des femmes se situent autant chez les femmes que chez les hommes.
    Il y a pourtant des choses à méditer dans ces paroles méprisantes...
    Dans l'Ecclésiaste, qui contient ma foi et mes croyances, on peut lire qu'il y a un temps pour tout, et malheur à celui qui est... à contretemps.

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