vendredi 12 juin 2015

Passion.

Un camarade voisin m’a transmis une vidéo de Didier Porte
http://la-bas.org/la-bas-magazine/videos/didier-porte-parlons-passion
où l’indigné permanent ridiculise une vidéo de la CASDEN (banque de l’éducation nationale) qui était sensée susciter des vocations pour le métier d’enseignant. Visiblement sans succès.
Le ridicule des témoignages se suffit à lui-même pour mettre en évidence le vide des propositions des communicants, la naïveté de certains collègues, la dégringolade de nos valeurs. Mais par effet de symétrie, je ne peux me résoudre au ricanement permanent, au cynisme désabusé, aux paroles tonitruantes tout le temps dénigrantes.
Oui des conditions de travail sont indignes, mais ce doit être encore possible de faire grandir des élèves, leur faire découvrir les algorithmes de la table du 9, l’héroïsme de Gavroche, inventer une nouvelle planète pour Le Petit Prince, voir un Y.E. B. écarter les bras en « King of the world » à la proue du canot pneumatique dans l’estuaire du Belon…
Il y eut des classes à 30 chaleureuses, rieuses, travaillant. Il y a des élèves qui toujours ont faim de savoir et rencontrent des enseignants qui ont la passion de leur métier. Pourvu que tous les donneurs de leçons ayant déserté les classes ne les accablent pas trop de circulaires, de consignes de réformes et de méformes http://ednat.canalblog.com/archives/2015/04/18/31912522.html et que leurs instructions cessent de miner l’instruction.
Les gnangnans m’insupportent, les toujours niant également :
 «Je suis l'esprit qui toujours nie!
Et c'est avec justice; car tout ce qui naît
Est digne de périr;
Il serait donc mieux que rien ne naisse,
Ainsi, tout ce que vous nommez péché,
Destruction, bref, ce qu'on entend par mal,
Voilà mon élément propre.» «Faust» de Goethe.
Oui je vais chercher dans les siècles morts, des mots, et Hugo Victor en  grand père me rassure, en 2015, je connais une petite fille qui fait bouquet de la moindre pâquerette, ébauche un rêve avec un morceau de tissu en tant que diadème, et ne rencontre personne pour médire de sa fierté de tracer au pinceau les trois lettres de son prénom.
Dans le square en bordure du revêtement sécurisé, les enfants creusent le sol caillouteux, il n’y a plus de bac à sable : trop dangereux, les chiens y chiaient, les toxs y laissaient des seringues. Il faut voir aux belles heures du petit matin quand la ville s’apprête, tout ce travail pour suppléer nos négligences.
Barde barbant, je me mets à la lyre : tous ces papiers laissés, ces mots usés, obstruent nos regards, empâtent nos océans, portent le doute sur notre bien le plus précieux dont Danton disait :
« Après le pain, l’éducation est le premier besoin d’un peuple.»
Le pain fait grossir, et les bacs plus douze ne vont pas se lever à point d’heure pour voir la pâte à pain lever !
…………..
Pas  besoin de dessin cette semaine, les hommes de pouvoir se caricaturent eux-mêmes.

2 commentaires:

  1. C'est un peu le discours que nous tenions hier matin, nous retraités,venus en soutien au rassemblement des grévistes anti-réforme du collège.Ne pas oublier le plaisir premier: être devant et surtout avec des jeunes à qui on a plein de choses à montrer. Mais cause toujours
    , Najat elle s'en fout!

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  2. Je crois que nous sommes tout à fait d'accord sur la passion d'enseigner (dont nous sommes privés une fois à la retraite), mais cette passion s'exerce indépendamment des politiques et des réformes, je ne vois vraiment pas en quoi "Nadjat s'en foutrait"... Je n'ai toujours pas compris d'ailleurs ce qu'on reproche à ce fichu programme des collèges (en dehors des batailles idéologiques et nationalistes)

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