mercredi 15 avril 2015

Le musée de l’entreprise Raymond.

Tellement de musées industriels se sont installés dans les locaux d’usines désaffectées que la visite de celui de l’entreprise Raymond au 114 cours Berriat à Grenoble est réjouissante.
Cette société est en pleine forme (9,5 % de croissance cette année).
Depuis les agrafes destinées à la ganterie jusqu’aux fixations techniques en particulier dans l’automobile qui en font un des leaders mondiaux, il est passionnant de parcourir 150 ans d’histoire guidés par l’ancien patron qui nous a accueilli en personne avec deux dames à la retraite qui consacrent des heures à l’entreprise où elles continuent à s’investir.
Au départ trois compagnons (Raymond, Allègre, Guttin) montent un atelier rue Chenoise pour fabriquer des boutons métalliques à estamper au nom du client.
Avant la guerre de 1870, ils seront rejoints par 15 autres personnes travaillant 14 h par jour, 6 jours sur 7. Leur invention du crochet à hélice qui se rive sur le cuir connaitra le succès en permettant de se passer du passepoil aux boutonnières long et délicat à broder.
Grenoble fournissait le monde entier d’articles en chevreaux issus des montagnes environnantes.
Cette production gantière nécessitait des boutons.
L’entreprise s’installe à l’emplacement d’une usine de fils de pêche et compte 300 personnes. L’invention du premier bouton pression en 1886 donne une impulsion aux effectifs qui atteignent aujourd’hui 5500 personnes dans 14 pays avec 350 chercheurs en bureaux d’études qui mènent 1500 projets par an. Le portefeuille de brevets est au cœur de la fabrique.
La fabrication d’accessoires de mode s’arrête en 1999, alors que pendant les trente glorieuses,  les clips de fixation pour l’électro ménager, l’ameublement, les constructions navales, le bâtiment se sont multipliés. 

Depuis les attaches sur cuir jusqu’aux tôles, l’innovation a toujours été le moteur de l’entreprise qui a conçu certaines de ses machines et les outils destinés à la pose de pièces fabriquées désormais en salles grises. Une usine en Alsace travaille sur des colles. 
400  pièces en moyenne sont nécessaires pour fixer câbles, tableau de bord, garnitures dans un véhicule.
S’il est amusant de repérer tant d’objets cachés de notre quotidien, la fierté des entrepreneurs et de leurs collaborateurs se comprend, quand l’idée d’un concepteur qui a imaginé un raccord pour un circuit de carburant permet de faire vivre 1500 personnes.
7 milliards de pièces métalliques sont  pressées, cintrées, découpées à partir de 70 000 tonnes d’acier. Les injections plastiques depuis 1955 permettent de palier les inconvénients de l’oxydation des métaux et assurent une étanchéité indispensable aux fixations techniques.
Nous  étions en visite à la suite d’un groupe d’étudiants en génie mécanique attentifs, de quoi contredire les litanies déprimantes sur la formation.
L’adaptation n’étant  pas qu’un mot, fut il maître mot, avec les flux tendus, la logistique doit répondre au quart de tour pour que la créativité continue à se concrétiser. 
Le bruit des machines de la nouvelle usine de Saint Egrève et la magnifique nouvelle configuration du siège historique permettent de croire à la poursuite d’une puissante dynamique reliant la conception au développement, à la commercialisation.

1 commentaire:

  1. Merci. Très intéressant. Comme quoi... CERTAINES... entreprises françaises continuent à être des fleurons dans le pays. (Voir Baccarat aussi, en passant.) Mais... je n'apprécie pas ton laïus sur l'adaptation. Je ne crois pas que Raymond est arrivé où il est arrivé... en s'adaptant. Quand on est une entreprise éclaireuse et éclairée, on ne s'adapte pas. Les pionniers... ne s'adaptent pas. L'adaptation est une idéologie pour moutons, dans le fond.
    On ne s'en sort pas (trop bien...) en n'étant QUE mouton dans le monde.
    Ou plutôt... si on en sort.. c'est dans l'assiette. Très peu pour moi, merci.

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