dimanche 26 avril 2015

Billie Holiday. Antoine Hervé.

Bien de mes voisines de fauteuils de la MC2  se lassent des blagues d’Antoine Hervé,
je continue à les aimer, les blagues, et mes voisines.
Quand il dit : « le père de Billie était un poseur, un dragueur, un charmeur, mais n’était pas à l’heure » ça me va, et s’il reconnait lui-même abuser de l’expression : «  produits dérivés » pour dire la drogue qui ravagea la vie de « Lady Day », ce ne fut quand même pas un élément anecdotique dans cette vie chaotique.
Par contre, elles, les voisines, sont d’accord avec moi pour reconnaître les talents de pianiste du pédagogue dans ses dialogues tout en souplesse et professionnalisme avec sa chanteuse Olga Mitroshina qui avait bien tort de cacher son charmant minois sous un bonnet et un chapeau, pour mieux laisser apprécier une voix subtile. Et pas de quoi brailler, comme une spectatrice au moment du rappel qui demandait aux artistes : « sans micro ! ». Se croyait-elle dans les clubs des années 30 où il ne fallait pas attirer l’attention des policiers ? Alors que Billie Holiday tira justement des micros toutes les nuances permises par la retenue.
Née à Baltimore, il y a cent ans, Eleanora Fagan a vécu 44 ans. Sa biographie se rapprocherait de celle de Piaf :  
« Si je ne brûlais pas, crois-tu que je pourrais chanter ? »
Une fleur de gardénia dans ses cheveux fut son emblème, elle a fleuri sur une misère qui vit le jour d’une mère de 13 ans, se réveilla dans les bras d’une grand-mère morte dans la nuit,  plus tard violée par un voisin, aima hommes et femmes, connut la prison, la came, la gloire et la chute. 
Quand elle chante « God bless the child»:
« Them that's got shall get
Them that's not shall lose
Ceux qui ont, auront
Ceux qui n'ont rien, perdront »
Elle sait de quoi elle parle, et  Augustin Trapenard n’aura rien à dire, sur ce coup.
Elle commença par imiter Louis Armstrong et rencontra les plus grands : Benny Goodman, Lester Young, Duke Ellington, Count Basie, Artie Shaw, Art Tatum, Dizzy Gillespie
quand ces heures de la prohibition furent les plus inventives pour le jazz. 
« Le jazz : le son de la surprise »
Elle chanta « Strange fruit », qui tranchait avec ses chansons d’amour. Le succès de cette protest song, parmi les premières, n’empêcha pas les difficultés pour la chanter en particulier dans le sud. Près de 4000 noirs avaient été lynchées en 50 ans aux Etats Unis avant 1940.
« Les arbres du Sud portent un fruit étrange
Du sang sur les feuilles et du sang sur les racines
Des corps noirs se balancent dans la brise du Sud
Un fruit étrange est suspendu aux peupliers »

1 commentaire:

  1. Ceux qui auront, auront encore plus, et ceux qui n'ont pas auront encore moins.
    Je ne sais pas dans quel évangile on trouve ça, mais, c'est bien une citation de Jésus... on le reconnaît bien, tu ne trouves pas ?...

    RépondreSupprimer