mardi 31 mars 2015

L’eau et la terre. Sera.

Il y a quarante ans les Khmers rouges prenaient le pouvoir pas seulement sur un état, le Cambodge, devenu le Kampuchéa « démocratique », mais sur  sept millions et demi d'habitants, au plus intime de leur vie ; deux millions en sont morts.
Je suis frappé en 2015, de ne pas avoir lu une allusion à cette période au moment où l’Etat Islamique installe sa dictature absolue. C’est qu’à l’époque les moyens d’information ne nous rendaient pas aussi proches des évènements, mais l’impunité de tant de responsables de ces années de folie meurtrière est quand même énigmatique, comme on disait du sourire Khmer. Le silence nous poursuit.
La bande dessinée de 2005 est d’une grande beauté. Les tons sépia, délavés, s’accordent au beau titre qui va à l’essentiel. Malgré la précision des dessins, leur force, la présence de cartes, des séquences juxtaposées restent parfois mystérieuses, pourtant le récit est documenté.
Rithy Panh, incontournable lorsqu’il est question du Cambodge, http://blog-de-guy.blogspot.fr/2014/02/limage-manquante-rithy-panh.html , dont l’histoire du père, instituteur qui s’est laissé mourir de faim, a inspiré une séquence, a écrit la préface du livre :
« Les visages des morts étaient tous presque sereins. Exprimaient-ils le soulagement d’une âme échappant aux tourments d’une vie devenue cauchemar ? Même leur teint semblait se confondre avec la poussière. Était-ce la reddition devant la terreur impitoyable, ou était-ce l’extrême lassitude d’espérer encore et encore, malgré tout, de la vie ? Nous ne le saurons jamais.»

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