mercredi 28 janvier 2015

Iran 2014 # J 16. Zarabad/ Masouleh

Les deux dames de la maison vivent à l’heure d’hiver, hiver comme été ; elles nous invitent à venir déjeuner à 8h, c'est-à-dire 9h pour nous, pourtant nous les avons entendues s’activer dès 6h (pour elles), laver la véranda, farfouiller dans la cuisine comme des petites souris. 
En attendant de manger nous explorons les lieux. Outre les deux bâtiments repérés, il  en existe un troisième en torchis beaucoup plus ancien, consacré encore à la cuisine : il s’agit du four à pain, circulaire, creusé dans le sol où résident encore quelques cendres. Une immense jarre occupe un coin et des niches dans les murs accueillent des ustensiles. Dehors des cerises noires,  et des abricots sèchent au soleil.
Nous pouvons d’ailleurs les apprécier en confitures pendant le petit déjeuner, dans la salle impeccable où beaucoup d’objets sont protégés de la poussière par un petit bout de tissu assorti à la robe de la maîtresse de maison, comme par exemple le téléphone. Nous quittons ces deux gentilles mamies qui après nous avoir embrassés nous suivent jusqu’au minibus pour nous bénir une dernière fois avec de l’eau.
A peine partis, nous embarquons toute une famille, la mère ses trois filles charmantes et le père qui décortique ses graines pour lui tout seul. Le véhicule avance à une vitesse limitée à travers les montagnes à franchir puis à descendre, dans un paysage à la végétation chiche quand on dépasse les fonds de vallée verdoyants. Puis nous retrouvons un paysage plus connu et plus plat qui nous permet de gagner un peu de vitesse vers Gozvin. 
Nous faisons la halte méridienne à Manjil, avec des olives nappées de grenade en apéritif. Nous avions d’ailleurs longé à proximité  des plantations d’oliviers et de thé.  C’est la ville du barrage le plus important de l’Iran. Dehors un fort vent chaud nous surprend et justifie les nombreuses éoliennes que l’on aperçoit. Lorsqu’on sort de la ville, le paysage change une nouvelle fois. Nous remontons doucement en altitude, longeant les cours d’eau qui alimentent le barrage, avec une verdure et des forêts inhabituelles. Dans la montée vers Massouleh, moins pentue que celles que nous avons pratiquées, nous voyons des sortes de camping avec de toutes petites maisons de vacances, des bars à divans, qui pousseraient au repos et au bien être. Pourtant, ici comme dans toute la campagne iranienne, les espaces communs sont pollués de déchets balancés sans souci et non ramassés, loin de la propreté des villes : cela coupe toute envie de nous y prélasser. 
L’arrivée au village est digne de l’arrivée à Saint Paul de Vence ; après s’être acquitté d’un droit d’entrée, M. Ali notre chauffeur doit renoncer à se garer au plus près et nous dépose avant de régler le problème. Le village accroché à la pente,  caractérisé par ses balcons et déco en bois, est inscrit au patrimoine de l’UNESCO.
De nombreux touristes iraniens en vacances y flânent, profitant de la température agréable à cette altitude. Ils s’attardent aux étals de boutiques des sucreries, d’abricots à l’esprit de sel ou les pates aux couleurs et aux consistances originales ou encore l’halva au sésame offert généreusement par un marchand pour goûter. 
L’artisanat, poupées en laine, et chaussons tricotés, ne déclenche pas des envies irrépressibles d'achat.
En grimpant on s’éloigne de la foule pour arpenter des ruelles restaurées, marchant sur le toit de maisons qui servent  de terrasses à celles du dessus. Malheureusement certaines bâtisses s’écroulent, sans doute définitivement.
Nous couchons dans l’hôtel à l’entrée de Masouleh, le pire de notre séjour, délabré et peu soigné. Ali dormira dans le minibus en partie pour nous éviter de trimballer  nos bagages et les garder, car l’accès à l’hôtel, pose des problèmes à la voiture.  Nous mangeons quand même tous ensemble en essayant les spécialités locales, une viande aux herbes et des aulx au vinaigre, plus un kébab pas terrible. Nous finissons le repas avec un nouvel achat d’halva à notre commerçant. Certains sont un peu déçus par le village qui a nécessité une journée de route.
D'après les notes de voyage de Michèle Chassigneux.

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