jeudi 29 janvier 2015

Emile Bernard. De l’école de Pont Aven au classicisme.

Le parcours d’un des inventeurs du « cloisonnisme » n’est pas classique puisqu’il prend le chemin inverse de tant de peintres qui sont passés du classicisme à la modernité.
Même si elle n’a rien de rectiligne, cette évolution peut caractériser celui qui fut peintre, graveur, critique d’art, écrivain, poète.
L’exposition qui lui est consacrée, envisagée d’abord au Grand palais puis à Orsay, reformatée aux dimensions du musée de l’Orangerie, était visible jusqu’au 5 janvier 2015.
« Tout le monde n’est pas Cézanne » chantait Léo Ferré.
Le jeune Lillois né en 1868, étourdi par une vie parisienne qu’il découvre, se montre tellement turbulent  à l’académie Courmon, qu’il se retrouve dehors, en bord de Seine avec Van Gogh où ils vont travailler à la manière des impressionnistes qui les avaient précédés du côté d’Asnières.
L’intitulé d’une de ses œuvres : « L’heure de la viande » pour nommer un moment de la vie d’un bordel qu’il venait de découvrir est bien loin des « sans titre » accolés  à tant de présentations contemporaines.
Avec ses amis, ils exposent dans les cabarets et les cafés sous le nom «Les artistes du petit Boulevard » ; Degas et Monnet eux se montrent sur les Grands boulevards.
Van Gogh qui n’a pas les moyens de payer des fleurs en bouquet, en peint pour la patronne du « café du Tambourin ». Le célèbre père Tanguy, marchand de couleurs, leur sert aussi de modèle.
A pied, Emile Bernard arrive en Bretagne et retrouve à Pont Aven des peintres de toutes nationalités installés là pour les paysages et une vie moins chère. Il y rencontre Gauguin.
" Le cloisonnisme" a beau avoir comme synonyme « le synthétisme », pas question de compromis, Bernard se fâchera avec celui qui partira bientôt en Polynésie, lui reprochant de s’attribuer la paternité de découvertes où Anquetin eut sa part  et qui inspirèrent les Nabis : couleurs franches cernées, les détails disparaissent quand on ne garde que ce que la mémoire retient.
Ils avaient pourtant exposé ensemble sous le nom du Groupe Impressionniste et Synthétiste au café Volpini où il avait présenté des œuvres sous son nom et sous le pseudo Nemo en 1889 au temps de l’exposition universelle.
Puis il part en Egypte où il fonde une famille, approfondit ses recherches spirituelles tout en revenant vers des représentations avec modelés et perspectives plus classiques.
Le conférencier Gilles Genty n’a pas beaucoup développé cette seconde partie d’une vie que lui-même jugeait amèrement :  
"A l'heure qu'il est, 1918, j'ai cinquante ans, j'ai produit environ deux mille tableaux, vingt livres, romans, critique, philosophie dont quelques-unes seulement sont éditées, près de mille gravures sur bois et aux-fortes, plus de cent mille vers, plus de trois mille dessins : j'ai en outre innové dans le meuble et la tapisserie. J'ai fait connaître Cézanne et Vincent van Gogh. J'ai dirigé plusieurs revues d'art. J'ai parcouru dix nations, visité plus de cent musées, lu un grand nombre d'ouvrages et presque tous les chefs-d’œuvre. Je n'ai rien épargné pour connaître et faire aimer et défendre le Beau. Pourtant je suis quasiment inconnu."
Il est considéré comme l’un des pères de l’art moderne.


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