mercredi 5 novembre 2014

Iran 2014. J 5. Yazd. Tchaktchak .

Nous quittons l’hôtel après un petit  déjeuner frugal  car matinal.
A la sortie de la ville, la route est bordée de portraits de martyrs de la guerre Iran-Irak.
Il faut une grosse heure pour aller à Tchaktchak à travers le désert de pierres où ne résistent que quelques touffes épineuses. La route goudronnée s’arrête au pied de la falaise que nous gravissons pour atteindre une grotte dédiée à Zoroastre parfois appelé Zarathoustra, nous restons dans le thème d’un des premiers monothéismes.
Le site est grandiose, les marches sont raides avec de chaque côté des constructions modernes servant aux fidèles de logements d’été lors des cérémonies. En haut de l’escalier nous attend le gardien qui en échange des droits d’entrée nous délivre la clef du cadenas de la porte dorée de la grotte où figurent deux lanciers surnommés Immortels comme ceux de Persépolis. Ce sont des gardes dont Xénophon  disait : «si quelqu'un d'entre eux venait à manquer (...), on en élisait un autre parce qu'ils n'étaient jamais moins ni plus de 10.000».
La légende raconte qu’une princesse sassanide fuyant devant les arabes trouva refuge dans la montagne qui s’ouvrit et se referma derrière elle. Contre la paroi qui suinte, brûlent constamment trois bougies. Une structure sert à installer un feu indispensable pour les cérémonies, dont les pétales réceptionnent les cendres. A côté une petite salle ouverte vers l’extérieur est protégée par une grille originale découpant le pâle paysage montagnard comme une mosaïque. Le signe de l’homme oiseau, Ahura Mazda, apparait plusieurs fois, dont  les trois parties en forme d’ailes et de queue sont parfois sous titrées : bonne pensée, bonne parole et bonne action. Nous nous appliquerons désormais à respecter ces préceptes.
L’eau d’une citerne mise à la disposition de ceux qui vont gravir les marches est délicieusement fraîche. Nous quittons Tchaktchak dont le nom serait né du bruit des larmes de la montagne émue par le sort de la princesse et nous nous dirigeons vers Kharanaq.  
Le paysage est tout aussi rude et aride puisque nous nous rapprochons du désert salé de Dasht- e Kavir.
Kharanaq (« lieu de naissance du soleil ») qui  nous évoque les ghorfas tunisiens est un joli village en  voie de désertification lui aussi. Il connut son heure de gloire au temps de la route de la soie. Son caravansérail a été rénové en briques de différentes nuances : du rose au vert en passant par le beige.
Un jeune garçon escalade la porte pour nous ouvrir, et part précipitamment changer de vêtements lorsqu’il apprend que nous sommes enseignants. Nous montons sur le toit où nous nous désolons à la vue de lampadaires modernes incongrus dans une rue peu fréquentée et restons interrogatifs quant à l’espace réservé aux petits qui semblent absents.  
Le jeune enfant nous conduit dans la citadelle juste en face, véritable labyrinthe aux murs de briques en terre crue fondant mais encore suffisamment debout pour s’imaginer la composition des constructions édifiées dans des temps préislamiques. La mosquée plus récente date du XIII° siècle, elle est en cours de rénovation, avec des inscriptions coraniques blanches flanquées de deux tribunes face à face. Le minaret a la particularité de bouger. Nous ne pouvons y monter car l’accès est fermé par un verrou mais nous apercevons par la grille des marches extrêmement étroites. Si le minaret avait une fonction religieuse, il permettait aussi aux caravanes de repérer de très loin la ville grâce à un feu haut placé. Nous nous promenons aux abords de la citadelle, nous nous rafraichissons à un tuyau qui alimente des canaux descendant vers les cultures et prenons notre repas sur la grand route dans un restau pour routiers. Notre manque de souplesse nous pousse  à une table plutôt que de nous asseoir en tailleur dans des divans circulaires en métal comme le pratiquent des hommes vêtus de larges pantalons noirs resserrés aux chevilles. Le ventre bien calé et la pression des pneus contrôlée, nous partons pour une longue route ponctuée par des checkpoints rapides, des arrêts essence/esquimaux au chocolat ou pastèque. Nous traversons le sud d’Ispahan, la ville nous surprend par son ampleur, sa modernité et surtout sa verdure après tous ces paysages de reg. Nous poursuivons notre route dans une circulation débridée, où Ali n’hésite pas à effectuer des marches arrière sur les bretelles d’autoroute sans que d’autres usagers protestent.   Nous collectons quelques renseignements concernant les tours destinées à recevoir le fumier ou les fientes afin d’engraisser les cultures. La nuit tombe et nous entrons à Shar-e Kord (la ville de kurdes). Nous partons dîner à 23 h, les visages sont fatigués, les traits tirés et les yeux rouges.
D'après les notes de voyage de Michèle Chassigneux.

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