vendredi 7 novembre 2014

Clowns.

Quand sont apparus les clowns agressifs, ma première réaction fut de me morfondre encore une fois, face à une attaque de plus atteignant le pays de l’enfance où les rires sont souvent sans calcul.
Même lorsque j’eus compris, après quelques réticences, le besoin de (se) faire peur à Halloween par exemple, je n’arrive pas à me faire à l’idée qu’il n’y ait plus de territoire exempt de violence.
Pourtant j’essaye de m’extraire d’un autre conformisme gnangnan tout aussi poisseux qui n’appelle plus un chat, « un chat », et cache tout ce qui fâche.
Ces figures effrayantes ont été gonflées par les médias et les réseaux « sociaux », en terrain familier où règnent l’anonymat et les maquillages outranciers. Mais cela n’empêche pas que ce surgissement tapageur est secouant et ne se dissipe pas dans l’amalgame qui renverrait le théâtre politique à ses masques grotesques :
Thévenoud,  Cahuzac, Guérini, l’agité de Neuilly...
Le gendarme de Guignol a du sang sur la matraque.
Oui, la grimace démesurée de Nicholson en Joker, comme la cicatrice éternelle de « L’homme qui rit » d’Hugo ne datent pas d’aujourd’hui.
Cependant nous sommes en plein dans  « La «carnavalisation des mœurs» (Umberto Eco) qui bat son plein et efface toute frontière entre le sérieux et le spectacle, entre la violence et son mime »  comme le souligne le sociologue David Le Breton dans Libé.
 Il rappelle que chez les nez rouges :
« En dérobant les traits, le masque suspend aussitôt l’exigence morale. Il lève le verrou du moi et laisse libre cours au jaillissement de la pulsion. »
Que reste-t-il de ces belles affiches pop, des sourires lumineux, quand « le mythe Obama se retrouve en miettes » d’après les titres collectés par Courrier International ?
Et bien qu’ayant abandonné depuis Bugey les lieux où claquent les lacrymos, ce sont les yeux qui peuvent devenir rouges et pas que le pif, quand dans le même numéro du quotidien, l’avocat William Bourdon, pointe là où ça fait mal:
« Bien sûr, la gauche au pouvoir ne porte pas à elle seule la responsabilité de cette défiance grandissante entre citoyens et élites ! Mais on assiste à une remise en cause croissante de ceux qui, au lieu d’incarner l’intérêt général, lui substituent les intérêts catégoriels ou les logiques court-termistes, préfèrent le cynisme à l’éthique, le déni au courage de la vérité, le repli sur soi à l’universalisme. »
…….
Cette semaine, Zep dans « Le Monde »

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire