mercredi 10 septembre 2014

Qu’est ce que vous allez faire en Iran ?

L’ouverture récente du pays nous a paru une opportunité permettant d’approcher ce Moyen Orient qu’on se plait à imaginer comme mystérieux aussi bien dans son passé que dans l’actualité la plus immédiate.
Nous étions curieux  de mieux connaitre un pays, carrefour de civilisations, dissimulé à nos yeux sous ses voiles noirs. Par ailleurs l’envie de tout voyageur de ne pas croiser trop de ses semblables a sûrement joué.
Bien que cette destination ait été décrite comme « très tendance » nous n’avons pas croisé beaucoup de sujets de François H. : la chaleur en cette saison vide les parkings de Persépolis. Un baroudeur suisse travaillant au Soudan, un couple d’Espagnols, quelques Chinois et Coréennes se remarquaient parmi les Iraniens aux visages divers, mais ne constituaient nullement des foules.
A partir des notes de ma femme qui a du porter le foulard, illustrées de quelques photographies choisies parmi les 3500 mises en mémoire numérique, le récit de ces trois semaines de tourisme s’étalera en une vingtaine d’épisodes chaque mercredi sur ce blog.
Je ne prétends nullement caractériser l’Iran, ayant bien du mal à décrire mon propre pays que je fréquente depuis 64 ans : celui est-il encore l’héritier des lumières ou une contrée râleuse à bout de souffle ?
 Ce territoire dont les persans de Montesquieu disaient  en 1712:  
« Tu ne le croirais pas peut-être, depuis un mois que je suis ici, je n'y ai encore vu marcher personne. Il n'y a pas de gens au monde qui tirent mieux partie de leur machine que les Français; ils courent, ils volent: les voitures lentes d'Asie, le pas réglé de nos chameaux, les feraient tomber en syncope. »
Nous avons rencontré des personnes accueillantes, disponibles et fières de leur patrie, les commerçants et les enfants ne quémandant jamais. Notre guide et  notre chauffeur que nous avons connus de plus près se sont révélés courageux, attentionnés, fins et drôles. Quant aux ayatollahs, imams, mollahs, cheikhs, muftis, oulémas, califes, gardiens de la révolution, fédayins… nous en avons vu des images, surtout celles des martyrs le long des routes et celles de Khomeiny en 4X3.
Admiratifs de la beauté des mosquées, émus de la ferveur d’une foule impressionnante au moment de la fin du ramadan, je reste l’héritier d’une lignée de laïcards qui pensaient que la religion a pu apaiser la peur des hommes mais a créé tellement de malheur : l’alliance du sabre et du roupillon en quelque sorte pour jouer avec les termes du XIX° siècle pour un XXI° régressif.
Nous avions des échos de Gaza à travers des images d’horreur en boucle à la télévision, et les manifestations contre Israël ont du être immenses : la propagande étant bien plus décelable que chez nous, mais nous étions à la campagne à ce moment là. Le plus souvent, nous n’avons pas voulu mettre dans l’embarras nos hôtes en les embarquant dans des discussions politiques sans fin, ayant bien compris comme en Chine où « le soleil est très haut dans le ciel » que la liberté ne s’éteint pas forcément sous un bout de tissu et malgré la férule des codes les plus rigides, des accommodements sont possibles à condition d’y mettre le prix : la vénalité des hommes fournissant parfois une respiration en milieu étouffant.

1 commentaire:

  1. Mais Guy... comment crois-tu que toi, ou moi, ou d'autres vivant DANS ce pays pourraient voir clairement, et dans la Lumière, SA propagande ?
    Tu crois qu'on peut voir de l'endroit où le nerf optique s'implante ?
    Moi, non.
    Nous sommes bien placés pour voir la propagande des autres... parce que nous sommes à/de l'extérieur. C'est une question structurelle à mon avis.
    Ravie de vous suivre dans votre périple pendant les semaines qui suivront.
    Recommandation de lecture : "En Afghanistan" de Rory Stewart.
    Puis, on en reparlera, si tu veux, mais pas ici...
    Amitiés.

    RépondreSupprimer