samedi 29 mars 2014

Le stupéfiant image. Régis Debray.

" L’institution « Eglise catholique » rencontre le tube cathodique. L’école rencontre l’ordinateur. Que doivent-elles refaire d’elles même pour ne pas se laisser défaire par la météorite tombée dans leur jardin ? "
Vaste programme, énoncé dans une manière qui toujours me séduit. Ces mots qui riment  donnent l’envie d’aller plus loin, même s’ils sont parfois insuffisants par rapport aux images, ils peuvent nous apprendre à mieux voir. C’est le sens du titre intrigant venant de chez Aragon qui pose la littérature face aux images.
"De la grotte Chauvet à Beaubourg", ce recueil d’articles parus dans des catalogues, des revues depuis une vingtaine d’années n’ont pas pris une ride.  
Si parfois un dictionnaire est bien utile : esthésique : sensibilité ; dilection : amour spirituel ... je me suis comme d’habitude laissé gagner par la saveur du style qui permet de mieux apprécier des œuvres connues ou donnant envie de découvrir des artistes moins célèbres auquel le médiologue est resté fidèle : Matta, Pic, Vlady, Fanti, Faure, Witkin…
Son hommage aux œuvres intemporelles ne lui fait pas négliger les modes contemporaines :
« Quant aux écrans qui s’interposent entre l’homme et sa vie, ce n’est pas une hypothèse ni un
risque à courir car la chose est faite depuis longtemps. Depuis Chaplin, Eisenstein et Greta Garbo, chacun sait qu’on gouverne les hommes, on rêve la nuit, on aime d’amour et on raconte des histoires par écran de cinéma interposé. Il y a donc écran et écran. Le grand écran regarde
encore vers le tableau, la façade ou la scène parce que c’est une surface ; le petit écran est devenu une interface. Il y a donc eu rupture entre un espace de représentation et un espace d’intervention. »
Allez, une dernière petite citation parmi 400 pages, pour revenir sur notre étonnement de voir certains élus parmi tant de refusés.
« La valeur d’une œuvre d’art, ou sa cote, a toujours été fiduciaire. C’est un acte de foi, un pari mutuel urbain (un bien n’est désirable que s’il est désiré par d’autres), où chacun s’accote à l’avis de son voisin pour aller faire la queue deux heures sur une piazza glaciale. »

1 commentaire:

  1. Et bé... en bonne cartésienne, du tout début du "Discours", qui fut révolutionnaire en son temps, je pose qu'un bien peut tout à fait être désirable sans être désiré par d'autres.
    Comment la mode change, puisqu'elle doit toujours changer/être corrompu, car la corruption n'est que la marque du passage de temps rouleau compresseur sur les idéaux ?
    Elle change parce que certains se mettent à désirer ce que d'autres ne désirent pas... encore.
    Le monde a toujours été ainsi, et je crois qu'il n'est pas prêt de changer.
    Je persiste à répondre aussi que l'opposition rats de champs, rats des villes opèrent toujours dans nos vies, et elle non plus n'est pas prête à disparaître.
    Plus on est en grand nombre... ensemble, plus on est influençable... ensemble.

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