lundi 24 février 2014

L’image manquante. Rithy Panh.

Deux millions de personnes sont mortes au Cambodge au milieu des années 70, soit un habitant sur cinq massacré ou mort de faim.
Rithy Panh qui consacre sa vie à témoigner de ces horreurs : « S21, la machine de mort Khmère rouge », « Duch, le maître des forges de l’enfer »… mêle ses souvenirs personnels à un nouveau documentaire.
Le réalisateur, alors enfant, ayant été contraint de quitter la capitale Phnom Penh vidée de tous ses habitants, sera le seul survivant de sa famille, subissant à la campagne, dans la jungle, des privations terribles. Alors que la faim est une préoccupation éliminant toute humanité, une « machine à manger » est présentée par le pouvoir, sa ressemblance avec la machine de Chaplin dans "Les temps modernes", ajoute de l’ironie au tragique.
L’association Cinéduc qui avait invité à la cinémathèque celui qui assure la voix off dans le film, illustrait parfaitement ce soir là, le thème de sa biennale : « Réinventer au cinéma ».
Face à une révolution qui n’a existé que dans les images, paradoxalement, la rareté des archives a contraint le cinéaste à reconstituer ces évènements avec des personnages d’argile non en animation, mais comme des santons qui ne donnent cependant jamais l’impression d’être statiques. Il ne s’agissait certainement pas pour l’auteur d’une recherche formelle mais d’une nécessité,
L’image d’une vague rythmant le film m’a impressionné dans sa simplicité pour exprimer la difficulté de mettre des images sur l’innommable comme il en fut question pour les mots face à la shoah. On voit la vague arriver et la caméra est submergée.

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