jeudi 20 février 2014

Goya Francisco. Néo classicisme et romantisme.

Pour les amis du musée de Grenoble, Gilles Gentil a choisi l’ordre chronologique pour faire valoir la richesse des talents du peintre à la cour d’Espagne qui mourut à Bordeaux en 1828 à 82 ans.
Le graveur a alterné avec le peintre de cartons de tapisseries, le maître du portrait s’est révélé après des travaux en chapelles. Cette variété pourrait se voir comme dans sa représentation d’un printemps lumineux et charmant voisinant avec un rude hiver.
La permanence de sa force se retrouve dans la famille nombreuse de ceux qu’il a inspirés : Picasso et ses taureaux n’est pas seul. Pour prendre dans l’actualité des expositions : Vallotton  qui écrivit « c’est la guerre », grave un massacre de civils dans une cave où des canons pointent dans un coin.
Dans sa série des « désastres de la guerre » réalisée à partir de 1810,  une planche intitulée « On ne peut regarder cela » préfigure le « Tres de mayo » où l’inhumain vainqueur sans visage tient le fusil.
La représentation d’une « Rixe à l’auberge nouvelle » n’est pas franchement un sujet aimable bien que sa facture pleine d’ardeur, de vivacité dans l’exécution nous ravisse. Elle vient dans les œuvres de jeunesse avec  la plaisante « Ombrelle » ou  « Le marchand de vaisselle » dont les repentirs rendent une atmosphère étrange.
Nous sommes amenés à plonger dans « La prairie de San Isidoro » traitée en panoramique qui alterne les teintes claires et sombres derrière des personnages grandeur nature.
Loin des multitudes chamarrées, un condamné solitaire « Le garrotté », la tête boursouflée, les pieds crispés, accuse.  Pourtant le garrottage était un privilège de noble, par rapport à la pendaison roturière.
Au musée de Besançon, on peut voir des « Cannibales préparant leurs victimes » ou « montrant des restes humains » plus probablement inspirés de caricatures anglaises contre-révolutionnaires que d’Iroquois ayant massacré des jésuites.
Power point permet de nous approcher des toiles, ainsi la flèche d’argent dans les cheveux de la reine Marie Louise offerte pas son amant le duc Godoy, se retrouve plus tard, bien plus tard, dans un portrait de vieilles se regardant  dans un miroir où est écrit au dos « Que tal ? » « Comment ça va ? ». Elles peuvent voir la mort derrière elles.
Pepita Tudó, l’autre maîtresse du duc, qui inspira la « Maya vestida»  et la « desnuda » nous regarde dans les yeux, elle  figurait en face de « La Vénus au miroir » de Vélasquez dans un pays ou l’inquisition avait raréfié les nus et inquiété Francisco Goya.
 « Toute cette cour qui fut emplie de son nom resplendit pour nous de son soleil noir ». Malraux.
Le roi Ferdinand 7 disparait derrière les vibrations colorées de son costume et la réunion qu’il préside, « la junte des Philippines » s’ouvre sur du vide.
Le monstrueux « Saturne dévorant son fils » accueillait les visiteurs de la « maison du sourd » qu’il était devenu, envahie d’autres peintures noires. 
Est-il plus terrible que le « Duel au bâton » où deux hommes les jambes enfoncées dans la terre s’entretuent ?  
« Le sommeil de la raison engendre des monstres »
De nombreux écrivains ont apporté des mots qui ont sublimé les œuvres majeures de l’Aragonais, mais  je retiens cette citation du créateur lui-même : n’annonce-t-elle pas la venue d’une peinture nouvelle ?
« Où se trouvent les lignes dans la nature ? Moi je n’y vois que des corps éclairés et des corps qui ne le sont pas… »

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