mercredi 12 février 2014

Ethiopie J 20, J 21 : Addis Abeba et retour.

En attendant le réveil de tous, nous grimpons sur le toit de l’hôtel, notre regard sur la ville a changé, la boue et les travaux du tram sont prometteur pour une ville en devenir nous voyons les petites cahutes comme appartenant à un tissu économique vigoureux. Sur un terrain cimenté épargné par les pluies quotidiennes, des jeunes jouent au foot avec conviction. Au petit déjeuner nous sommes seuls dans l’hôtel et nous nous « enfarnassons » de pan cakes et de jus de fruits frais, mangue-goyave ou mangue-avocat.
 Le musée national est un peu vieillot mais sa visite qui nous fait traverser l’histoire de l’Ethiopie vient opportunément en conclusion de notre voyage. Nous restons un moment à contempler les restes de grand maman de 3.5 millions d'années Lucy (Australopithèque afarensis) : oui  Lucy celle des Beattles « in the sky with diamonds (LSD)» et  de deux autres aïeux dont nous avons oublié les noms. Des poteries et des bronzes de l’époque sabéenne, quelques statues ou bas relief sur un trône rappellent les représentations égyptiennes et mésopotamiennes. Une maquette figure le palais d’Axoum. Au centre du même étage les vitrines protègent des habits de notables, surprenant avec leurs broderies de fil d’or dignes des uniformes de l’Empire napoléonien avec un trône démesuré destiné au roi des rois. L’étage intermédiaire expose des peintures de différentes époques qui ont le mérite de raconter des évènements historiques de manière plutôt naïve accompagnées  de quelques sujets religieux. De magnifiques chaises taillées directement dans un tronc excitent notre convoitise. Le dernier étage est consacré à l’ethnographie, les objets sont classés par thème : belle révision de ce que nous avons pu voir.
Lorsque nous sortons, le ciel se charge de nuages sombres, dans le parc, nous nous approchons d’une vieille Ford première voiture d’Ethiopie appartenant à Hailé Sélassié « avant que les routes existent » précise notre guide. Il nous raconte aussi comment le propriétaire d'un chien qui venait d'être écrasé réclamait une compensation financière qui prendrait en compte le préjudice des récoltes qui ne seraient plus protégées des bêtes.
Nous nous élevons à 3200 m d’altitude sur la colline d’Entoto encore couverte de forêt d’eucalyptus fins et serrés, peu à peu remplacés par des essences d’origine (avant Ménélik 2).
Le temps de plus en plus bouché et la pollution empêchent d’apprécier pleinement le paysage. Le minibus nous laisse devant l’église St Raguel très fréquentée jusqu’au 15 août en raison du grand jeûne. Les écharpes blanches des fidèles drapées sur la tête ou les épaules émergent de la brume. Une file de mendiants sévèrement encadrés par un responsable attendent de percevoir l’aumône favorisée par cette période religieuse.
Un guide nous conduit vers l’ancien palais de Ménélik II et de l’impératrice Taitu. Il s’agit de deux grosses bâtisses modestes chaulées surmontés de toits de chaume dont l’armature tient avec des liens de cuir. Du chaume dépassent des morceaux de bois. Nous visitons la maison de réception qui contient la salle à manger contigüe à la resserre munie de cornes de bœuf pour suspendre la viande. La plus grande salle comporte cinq portes d’entrée, chacune attribuée à des personnes bien définies. Seule la porte donnant accès à des personnes peu importantes est plus basse, les forçant à s’incliner.
Lorsque nous sortons, la cohorte des mendiants s’est dissoute, nous longeons le campanile et la première église provisoire, une chapelle voulue par Ménélik.
Dès que nous revenons au centre ville s’abat une pluie diluvienne dans une circulation compliquée par l’absence de feux rouges et de priorité respectée. L’eau s’infiltre dans le minibus par les caoutchoucs fatigués des fenêtres. Nous gagnons l’Alliance Française où nous devons manger. Le temps de passer du minibus au restau de l’Alliance nous sommes trempés mais trouvons porte close car le restau est en réfection. Le minibus fait le maximum pour récupérer notre troupeau éparpillé. La cour de l’Alliance se transforme en torrent déferlant d’une eau marron dont la terre saturée ne veut plus. La seule chose aperçue de l’Alliance restent les taupières recouvrant le mur d’enceinte comme un bas relief de verdure où se dessine la tour Eiffel.
La solution de repli est vraiment pleine de charme : le « Taitu hôtel » est le plus vieux restaurant d’Addis créé par l’impératrice Taitu en faveur des visiteurs pour qu’ils y trouvent repos et confort. C’est un très joli endroit avec plusieurs salles, un escalier en bois conduisant à un large salon à peine meublé et aux chambres aujourd’hui sommaires mais qui laissent  place à l’imagination. Tout le monde se régale et goûte au charme des lieux, rendus nostalgiques par un piano un peu répétitif et discret. Nous séchons.
Une accalmie nous permet de faire notre shopping au marché artisanal. Les marchands refusent de baisser leurs prix mais dès que l’on repasse le seuil de leur boutique, la plupart du temps ils nous rappellent ; M. déclenche l’hilarité générale lors du marchandage d’un petit bonnet pour ma petite fille en utilisant un langage expressif ou « tricoti tricota » a du succès. Nous dépensons nos deniers birrs et même davantage, M. et JJ. jouant les banquiers.
Un dernier tour de ville en minibus nous donne la mesure d’une ville beaucoup plus moderne que dans nos premières impressions, des immeubles se construisent, les magasins des nouveaux quartiers s’européanisent, la voirie s’améliore.
Nous buvons le pot de l’amitié après avoir rempli le questionnaire de l’agence  Nous nous séparons à l’aéroport : Girmay prolonge son séjour d’une semaine pour rencontrer des amis. Au  contrôle J. doit se séparer de boutures de plantes et d’euphorbes soigneusement emballées dans son sac de voyage.
Nous n’avons pas été prévenus d’une escale à Khartoum avant de monter dans l’avion, elle dépasse largement les 16 minutes annoncées par l’hôtesse. A notre réveil  nous nous apercevons que le pilote a pratiquement récupéré les retards accumulés.
Le temps du retour par Francfort parait court.



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