dimanche 5 janvier 2014

Où vont les chevaux quand ils dorment ?



Avec ce spectacle en hommage à Allain Leprest, je pensais rattraper, en un soir, des décennies d’ignorance d’un auteur adulé par une amie aux goûts chansonniers très sûrs et  par toute une génération d’auteurs compositeurs.
J’ai apprécié les textes, néanmoins la représentation m’a paru datée.
La mise en scène  de cette cérémonie des adieux aurait mérité à mes yeux plus de sobriété.
Des chanteurs de métier qui lui rendaient hommage : Romain Didier, Jean Guidoni, je connaissais surtout Yves Jamait dont j’adore la voix et ses chansons.
Leurs prestations entrecoupées de textes lus par des enfants qui ne pouvaient comprendre ce qu’ils avaient à déchiffrer, perdaient ainsi de leur saveur :
« Un jour, boum, tu tombes sur « La mémoire et la mer » du grand Ferré et c’est l’éblouissement, le cataclysme émotionnel, l’inaccessible étoile qui va affoler ton sextant… »
Pourtant le poète lui allait direct au foie et au cœur :
« J´ai peur des notes qui se chantent
J´ai peur des sourires qui se pleurent
Du loup qui hurle dans mon ventre
Quand on parle de lui j´ai peur »
Il n’y avait pas besoin d’en appeler au « poète absolu » ni aux mânes de Rimbaud pour que le public fervent passe une bonne soirée.
« J´ai trop d´paresse – esse - esse
Pour musarder – der – der
Dans votre fief – ef – ef
S.D.F. »
De l’essentiel qui balance.
« Aujourd´hui j´ai fait ma valse
Et j´ai replié mon courage
J´ai une plaie sur la chemise
Et un accroc sur le visage
Omaha Beach, pas une trace
S´en vont et reviennent les flots
Une éponge de mer efface
Un grand ciel vert comme un tableau
Y a rien qui s´passe... »
Dommage que des sentiments surlignés lors des intermèdes avec la sempiternelle répulsion /fascination  par rapport au « système » qui permet aux chansons d’arriver à nos oreilles, soient venus perturber une rencontre avec une œuvre originale, subtile et forte.
« Quand le soir nous prête sa gomme
Où vont les chevaux quand ils dorment »

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