dimanche 12 janvier 2014

Borges vs Goya. Rodrigo Garcia, Arnaud Troalic.


Je ne savais rien de l’auteur de « C'est comme ça et me faites pas chier » et je l’ai apprécié en salle de création qui est à la grande salle de la MC2 ce que le « off » est au « in » à Avignon : proximité avec les acteurs, public plus jeune, des spectacles plus risqués donc des déceptions ou des plaisirs plus vifs.
Julien Flament est un acteur qui dégage une énergie communicative et bien qu’il s’exprime en espagnol c’est lui qui tape sur un buzzer qui envoie la traduction et c’est encore meilleur tant sa démence, sa véhémence franchissent en rythme les rebords de la scène.
Deux histoires parallèles d’un côté un père  abusif qui veut entrainer ses deux jeunes fils surdoués à venir admirer des Goya au Prado, la nuit, de l’autre, dans une voiture un ancien admirateur de Borges déçu de ses silences pendant la dictature en Argentine.
Pères et fils, culture et foot, baise et coke,  la fragilité et les certitudes, la danse, le rêve et la folie, sourire jaune et humour noir, les murs, Borges était aveugle, Goya sourd.
Le spectacle d’une heure est musical et visuel.

4 commentaires:

  1. Ah bon, comme ça, les spectacles du off sont plus risqués que les spectacles du in ?
    Ça doit faire un certain temps que tu ne pratiques plus Avignon, Guy...
    Des vieux bourgeois comme moi trouvent leur compte dans le Off maintenant, alors que le in ? C'est devenu une vitrine vide qui est comme l'empereur dans le conte d'Andersen.
    D'ailleurs, ça ne manque pas, même si tous les ans, ça se bouscule pour avoir des places dans le in, tout doucement, une petite... gronde, une légère désaffection commence à se faire entendre.
    De plus en plus de spectateurs avisés de théâtre abandonnent le in pour se consacrer seulement au off.
    Nous nous donnons la peine de bien compulser le catalogue (c'est héroïque, certes) et sommes rarement déçus.
    Je ne sais pas si j'aurais choisi le spectacle que tu nous décris ici, quand même...
    Mais le in ? C'est terminé pour nous...

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    1. C’est assez vrai, je suis sur le schéma in = officiel = conventionnel alors que dans le millier de spectacles proposés dans le off il y a beaucoup de conformisme; reste qu’il y a plus de proximité dans la salle de répétition de la MC2 que dans la grande salle et plus de chaleur dans une salle du off dans un garage que dans la cour d’honneur que je n’ai jamais fréquentée.

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    2. Je me souviens encore de moi, en petite Américaine paysanne avec les yeux ronds comme les mirettes, béate d'admiration devant tant de beauté dans la Cour d'honneur pour voir Ariane Mnouchkine faire Shakespeare à une sauce japonisante. Le temps a... relativisé la mise en scène d'Ariane dans mon esprit mais pas la beauté de la Cour d'honneur...
      Dommage qu'à l'heure actuelle les spectacles.. officiels ne soient pas à la hauteur de la Cour d'honneur, Guy.
      On peut me rétorquer que ce n'est qu'une question d'opinion, de goût, et c'est un peu vrai, mais... le rouleau compresseur de la.. banalisation ? démocratisation ? de nos existences ne fait pas bon ménage avec la Cour d'honneur...

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  2. Heureusement la démocratisation! Elle était au coeur du projet de Villard. A la MC 2 samedi, j'ai vu une payse, "la" Marie Claude, avec qui je n'avais pas parlé depuis 40 ans, elle fille de "gareur" dans une usine de soierie des terres froides et moi fils de paysan, nous avons devisé des spectacles qui nous réunissaient depuis la MJC que nous avions animée et dont il restait un appétit, une envie d'aller ailleurs, plus loin, et non de consommer dans nos niches comme on dit désormais devant des écuelles où nous serions assignés.

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