vendredi 27 décembre 2013

Le fascisme. Historiographie et enjeux mémoriels. Olivier Forlin.



La banalisation du terme « fascisme », les références aux années 30, qui se multiplient en ce moment, m’ont  entrainé à la librairie du Square pour écouter le maître de conférences à l'Université Pierre Mendès France à Grenoble qui présentait son livre dont le sous-titre est essentiel.
Il s’agit d’une histoire des interprétations par les politiques, les intellectuels, qui alimentent nos mémoires sélectives ou envahissantes, pour un phénomène né après la première guerre mondiale.
L’auteur distingue trois périodes.
- De 1919 à 45, où la lecture politique domine,
- puis jusqu’aux années 60 quand les historiens déterminés encore par une grille politique entrent en jeu. Mussolini est présenté à la tête d’une clique parvenue au pouvoir par la violence et la propagande. La population italienne est disculpée.
« Rome ville ouverte » le film de Rossellini peut être cité comme illustration de cette vision.
- Les historiens s’imposent désormais, l’anamnèse est en route, qui reconstitue l’histoire d’un sujet malade.
Bertolucci en  témoigne dans « 1900 », de même que Scola réalisant « Une journée particulière ».
Les phrases remontant des bavardages de nos contemporains Bertrand ou Estrosi, osant  des références lourdes au totalitarisme au moment où Woerth faisait dans les affaires et que des journalistes faisaient leur travail, paraissent dérisoires, mais l’autre : Berlusconi, n’est pas rigolo quand il a dit que « Mussolini n’a tué personne ».
Le nazisme et le fascisme furent des phénomènes internationaux articulant un parti légal à des groupes paramilitaires, vouant un culte aux chefs ; « l’homme nouveau » en Italie est tourné vers le futur alors que la pureté raciale s’inspirait du passé chez les Allemands.
Il fut question dans les discussions qui ont suivi l’exposé qui mettait en appétit, de Sternhell  qui fait remonter les racines du fascisme au XIX° siècle, en France, au moment du boulangisme et de l’anti parlementarisme avec cette « troisième voie » de toujours rejetant marxisme et libéralisme.
Le contexte a changé, le label infamant ne rend pas compte de toute la réalité de l’extrême droite qui par contre est vraiment l’extrême droite : celle du repli sur l’hexagone, polarisée par l’étranger bouc émissaire, populiste, essayant de gommer les traits d’une « Aube dorée », mais  dans le panier bien des fruits portent des taches brunes. 
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Dans Le Canard de cette semaine:

1 commentaire:

  1. Nous avons eu cette discussion... fondamentale à table hier soir.
    Comment est-ce qu'un peuple se constitue/est constitué ?
    Je crois qu'il y a un mouvement d'exclusion.
    L'exclusion sert à.. inclure en même temps qu'elle exclut. A établir une identité avec un dedans, un dehors et... des frontières/limites.
    L'homme moderne ne veut rien savoir de cette réalité, pris comme il est, à son insu, encore et toujours dans le projet Paulinien où triomphe la rengaine "Dans le Christ/les droits humains/l'écologisme il n'y a ni est, ni ouest, ni nord ni sud, ni.. homme ni femme, mais UNE GRANDE COMMUNAUTE d'amour qui s'étend à travers la planète toute entière.
    Comme j'aime à dire, cela constitue un projet.. totalitaire ? totalisant ?, tu choisis, mais c'est un rouleau compresseur planétaire depuis quelque temps.
    C'est fou combien les projets totalitaires suscitent des réactions qui deviennent à leur tour totalitaires.
    C'est notre faute de manquer l'imagination pour comprendre que l'amour n'est pas TOUT bénéf...

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