jeudi 19 décembre 2013

Biennale d’art contemporain de Lyon. 2013.



Est-ce que parce que l’art contemporain est un marqueur culturel impitoyable, un domaine de spéculation affolant, que nous devons nous interdire de nous tenir au courant de ce qui se présente à nos yeux ?
Les obstacles sont nombreux : un verbiage le plus souvent abscons accompagnant les œuvres,
une communication hiératique : l’œil poché qui annonce la biennale, une tête de cochon ou une bulle de chewing-gum sont-ils incitatifs ?
Quand on annonce « un moment  délicieusement érotique de superposition, et nous nous réjouissons de repérer la perfidie » pour des bouteilles pendues sous un cadre, il y a de quoi débander, nous débander.
La profusion des artistes est-elle décourageante ou permet-elle, aux familiers du zapping, des découvertes, en épargnant les raseurs ?
Je livre quelques mots depuis deux lieux : le MAC et la Sucrière, en passant par-dessus les vêtements sur le sol, quelques bites, des BD agrandies, quelques rames de papier, des parpaings, des titres bidons et des provocations datant de Mathusalem accompagnées de tant d’oublis.

Pour être peu sensibles aux vidéos proposées en général en ces lieux, je change d’avis avec Takao Minami qui respecte le thème de cette 12° biennale consacrée au récit « Entre temps, brusquement et ensuite. » Des personnages fragiles irisés de lumière traversent des paysages rêvés participant à un univers original, poétique qui nous offre une belle découverte tout en nous paraissant familier. 
Gustavo Speridiao a apporté pour moi une touche d’humour au cours d’une pérégrination qui n’était pas là pour rigoler. Une histoire de l’art vraiment personnelle : une série de  photographies souvent originales aux titres décalés.
« Nous sommes les pirates d’une histoire inexplorée » sonne pas mal comme titre de Takewata qui s’attaque à Fukushima, rien que ça.
Le collectif Madein company présente sous vitrine des gestes des religions, du sport ou  de la politique qui se ressemblent. Cela conviendrait mieux à un musée d’anthropologie mais les rapprochements sont stimulants.

Paulo Nazareth a payé de sa personne en faisant le trajet de Johannesburg à Lyon à pied, il a déposé quelques étiquettes ramassées au cours du périple.
Les projections d’images poétiques sur du sable de Gabriela Fridrksdottir font partie d’une installation qui regroupe une vidéo aux allures chamaniques, des bouteilles en verre soufflé, une construction semblable à un fruit dans un environnement soigné de sons comme dans quelques autres propositions succinctement décrites ci-dessus. 

1 commentaire:

  1. Chamanique, tu dis ?
    Je viens de terminer le livre "Les chamanes de la préhistoire, texte intégral avec polémique et réponses" de Jean Clottes, et David Lewis-Williams, livre qui date de 2001 (mais c'était tout nouveau pour moi, non spécialiste...).
    Le livre a eu le mérite de m'interroger sur le rapport... scandaleux pour notre époque entre "art" et état altéré de la conscience.. (Pour faire bref, ça choque une intelligentsia bourgeoise, le rapprochement entre drogues hallucinogènes et production artistique. Quelques années de bonnes intentions gouvernementales pour criminaliser de plus en plus les substances occultes à force de campagnes publicitaires récurrentes (oops, des campagnes de prévention, nous faisons bien la différence) ont eu raison des capacités de raison des chercheurs en sciences humaines, qui sont des hommes et les femmes comme tout le monde.
    Je crois que "nous" sommes à des années lumière d'un art chamanique, de toute façon. Nous avons trop peur de perdre la boule, ou devenir "fou" pour lâcher notre réalité si concrète et visible à nos yeux (et qui doit le rester...).
    Tu as eu du courage d'affronter le parcours d'obstruction de la Biennale, je trouve...

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