samedi 9 novembre 2013

La fabrique des mots. Erik Orsenna.


J’ai failli regretter d’avoir impulsivement pris, bien mis en évidence devant la caisse de la librairie, le dernier livre de l’académicien, quand j’ai lu le billet assassin que lui avait consacré le Nouvel Obs.
A l’usage il n’est pas si indigne que cela, même si la veine débutée avec « La grammaire est une chanson douce » a tendance à s’épuiser. Le propos est tellement indispensable en la période qui voit s’amaigrir notre langue que les artifices du conte même un peu émoussés feront l’affaire.
L’ancien compagnon de Sophie Davant ne plaide pas seulement pour de délicieux mots anciens tel « subreptice », il invite grave des mots « véners ». Il m’a fait sortir du cours préparatoire en m’apprenant que CP signifiait : un coup de pression.
Les enfants de son conte suivent, émerveillés de la magie des mots, leur gentille maîtresse en résistance aux directives du dictateur Nécrole qui n’autorise plus que 12 mots dans les conversations. Une occasion pour revenir sur l’étymologie, la composition, la provenance, les familles de mots où « perfection » va avec « confetti », de réviser le programme de vocabulaire en usage au CM 2.  
La maîtresse sait bien se faire comprendre dans la défense de la richesse du français en décidant de ne plus nommer les élèves par leurs prénoms : ils perçoivent très vite le drame.
Les mots sont des fenêtres, des armes,  des outils, « ils nous permettent de choisir nos plats au restaurant. » Sur « la carte du tendre », « inclination » voisine avec « estime et reconnaissance ».
« Au début réussir, c’était trouver la sortie. Aujourd’hui, c’est se protéger pour que personne n’entre. »

2 commentaires:

  1. Non! c'est déjà fini avec Sophie Davant? ça me déçoit...

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  2. Voilà une belle résistance.
    On a fini par conspuer Molière aussi pour être passé de mode...

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