dimanche 27 octobre 2013

Golgota. Bartabas.



La marque de fabrique des spectacles de Bartabas est de mêler théâtre équestre, danse, musique vivante avec cette année, encore plus en majesté : la peinture, sous des éclairages toujours aussi soignés quand les animaux splendides émergent de la nuit.
C’est bien la moindre des choses quand les chevaux s’appellent : Le Tintoret, Soutine, Zurbaran et l’âne Lautrec. Et si dans cette livraison très espagnole au théâtre des haras d’Annecy, on peut convoquer les images de Goya, Velasquez, Le Gréco et de Zurbaran qui fut marqué par Le Caravage, il ne s’agit pas de copie mais de re-création de l’âge d’or dans les noirs et blancs.
De la même façon, Andrès Martin  réinvente le flamenco en commençant à danser dans le sable noir qui étouffe les bruits, avant de faire crépiter la danse andalouse, il porte toute notre attention sur des rythmes corporels plus discrets mais pas moins intenses.
Je ne me dispense pas de reprendre les termes du programme qui souligne les questions de « l’humanité, de l’animalité, du divin » en « humain, bourrin, divin » mais la rime distrayante ne rendrait pas hommage à la richesse de tout ce qui est convoqué pendant une heure et demie.
L’image des supplices qui peuple nos musées réitérée sur scène pose la question de la beauté qui ne s’épanouit pas seulement dans des champs fleuris au printemps, mais éclate aussi dans un corps cambré éclaboussé de sueur.
Les chants religieux du contre ténor soutenus par théorbes et cornets sont magnifiques, le tempo qui suscite la sérénité ne parodie pas une quelconque mystique en se permettant quelques touches d’humour au sein d’un rituel maitrisé. Dans nos contrées Dieu a du mal à faire ses preuves, ne subsistent que de  beaux accessoires du temps où il avait semaine sainte et processions sans touristes.
Comme avec d’autres artistes dont on apprécie de retrouver les accents tout en partageant les hardiesses nouvelles, je savoure toujours le moment où à la fin le cheval sans cavalier va retrouver l’homme, assis cette fois au pied de la croix.
Le dressage est encore plus fort sous les apparences de la liberté.
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La photographie qui illustre cet article provient d'Arles, 
l'auteur de l'original s'appelle Vanden Eeckhoudt

3 commentaires:

  1. humain, bourrin, divin,
    Les mots ne vont pas toujours très bien ensemble.
    Cordialement

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    1. Me méfiant de tout anthropomorphisme qui règne plus que jamais en maître dans nos rapports avec les animaux je me méfie de ceux qui fonceraient vers un revival mythologique au cul des centaures. J’ai aligné ces trois mots pour mon plaisir habituel de la rime et mettre à distance quelques baratins parfois absolus. Avec Bartabas les chevaux ne sont surtout pas des bourrins au sens de lourdauds, ils sont magnifiques.

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  2. Magnifique critique, Guy. Merci.

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