samedi 21 septembre 2013

Modernes catacombes. Régis Debray.



Si j’ai consacré 15 articles sur ce blog à mon quimboiseur (sorcier) préféré qui sollicite d’emblée le dictionnaire, c’est que parmi sa production tellement abondante qu’elle suffirait à  me nourrir à plein temps, chaque lecture m’enchante.
Nous sommes conviés à un voyage au pays des lettres : il fait l’éloge de  Gary, Sartre, Semprun… égratigne élégamment Sollers et s’attaque avec finesse à quelque monstre sacré tel Foucault.
« Par un contre effet de bascule, replongèrent dans le noir - en même temps que la famille, l’atelier, l’usine, la ferme - les ci-devant « travailleurs des villes et des campagnes », assignés par le radical chic à la condition de beauf (pour ne rien dire des malheureux « inspecteurs du travail », deux mots, deux offenses).
Je n’ai pas la culture suffisante pour juger de la justesse de ses opinions concernant Gracq, Nourissier ou Fumaroli mais l’originalité de son propos est stimulante, l’élégance du style séduisante, la vigueur de ses oppositions nous réveille, ses formules claquent :
si nous sommes passés dans nos relations «du haïku à la main au cul», De gaulle fit effectuer à la France « Une traversée en première classe avec un billet de seconde.» 
Je goûte toujours son humour désenchanté quand par exemple il met en débat les formes littéraires les plus concises :
« La genèse ? Un homme. Une femme. Une pomme. Un drame. »
Et ses mots portent bien au-delà d’un dilemme pour qui  serait tenté par l’autobiographie :
 «…  vous n’avez pas le choix, me semble-t-il, qu’entre deux positions fausses : ou vous reniez votre passé, au nom d’une lucidité présente, et vous racontez l’histoire triste d’une abjuration. Ou vous continuez d’épouser ce passé, pour vous justifier, et c’est la rétrospection paranoïaque d’un idiot. »
300 pages où souffle «  le sentiment de l’Histoire dont Chateaubriand fut l’accoucheur et Malraux le croque mort. »

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