mercredi 8 mai 2013

Ron Mueck. Fondation Cartier.



L’originalité immédiatement familière de cet artiste australien installé à Londres a revigoré mon regard pour d’autres œuvres vues plus tard à Paris.
Quand je me suis arrêté devant les blessures du christ de Giotto, je me suis souvenu de la plaie que découvrait innocemment un jeune noir de 60 cm de haut présenté au 261 Boulevard Raspail.
Le traitement hyper réaliste d’une vieille dame sous son parasol de plage aurait pu être mis en scène dans l’exposition des arts premiers consacrée aux cheveux.
Nous avons tout le temps d’observer les sculptures en résine, elles ne sont que  neuf, pour nous accorder à la minutie du travail de l’artiste dont un film donne un aperçu.
C’est devenu si rare d’entrer d’emblée en empathie avec des productions contemporaines sans passer par des explications alambiquées  que les personnages traités en des tailles variées s’accrochent à notre mémoire.
La précision qui va jusqu’aux nuances de carnation nées d’une émotion pose la question de l’humain, de la création artistique, de la création de l’homme, du souffle de la vie.
L’artiste nous arrête devant des situations quotidiennes et rajoute du mystère à la banalité.
Deux adolescents sont côte à côte, dans leur dos, la main du garçon est impérieuse, un bébé recherche le regard de sa maman encombrée de sacs en plastique,
un touriste à lunettes noires se prélasse sur un matelas pneumatique posé à la verticale, comme un crucifié moderne.
Une femme porte du bois mort sur son dos, sa peau nue est marquée par les branches.
Un poulet déplumé a taille humaine, humain forcément humain, nous donne la chair de poule.
Un masque gigantesque dont la bouche s’affaisse sous l’effet du sommeil ressemble à l’artiste. Rêve-t-il ?
Un homme nu est assis dans une barque, seul, il n’y a pas de rame, ni de gouvernail.
L’exposition se tient jusqu’à fin septembre 2013.

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