vendredi 3 mai 2013

« De quoi Cahuzac est-il le nom ? »



Je n’avais pas vu dans mes journaux habituels, la formule dont Badiou est le père avec le patronyme du maire de Villeneuve-sur Lot à la place du « Sautillant Monarque » de jadis, mais sur Google je constate que le Front de Gauche a repris la phrase, ainsi que le site « Le grand soir », Médiapart,  et même l’Obs qui venait pourtant au secours du si brillant ministre du budget, il n’y a pas si longtemps.
L’expression interrogative appellerait à sortir des anecdotes qui nous accablent une fois la politique envolée, cependant à la lecture de la liste des protagonistes des réseaux du chirurgien esthétique, il y a de quoi faire dresser bien des cheveux ou tout au moins l’oreille.
Ce qui me chagrine, au-delà du scandale du compte en Suisse, c’est que l’ancien député ait été tant loué auparavant !
La faillite est collective et l'inventaire improbable: un Guéant chasse l’autre, si bien que l’on s’acclimate aux embrouilles comme au froid en mai.
Je n’ai pas les compétences pour juger du positionnement économique de Cahuzac mais il est clair qu’il a affaibli le camp des TINA (There Is No Alternative) et associés « Il n'y a pas d'autre choix », la déflagration va au-delà des éditos d’un jour.
Au PS :
J’ai beau n’avoir pas repris ma carte, je défends parfois la politique de mes élus et je garde une cuirasse qui me donne l’illusion de tenir debout, quand au dedans ma foi en la gauche vacille.
 La seule évocation  du « Teigneux monarque »  ne durera pas autant que le marché de Voiron  pour nous rassurer dans nos convictions,
Cahuzac était un des hérauts de notre camp, s’il a pris cette place c’est que le fonctionnement  de l’organisation l’a permis.
J’ai constaté aux échelons les plus basiques du socialiste parti où règne l’entre-soi, les mêmes comportements de courtisans et obligés tournant autour des plus hautes éminences; l'esprit critique n'est pas de mise.
En guise d’argumentaire : « C’est la faute des autres », se porte très bien. Comme quoi les conseillers des princes et des barons peuvent délivrer des éléments de langage accessibles même aux cours de récréation.
La tactique prend le pas sur une vision à long terme et cela ne vaut pas que pour des considérations écologiques.
Le sens de la manœuvre forgé dans les congrès où l’habileté, la rouerie sont les qualités requises, alimente essentiellement une machinerie électorale qui n’a surtout pas besoin de débat d’idées. Les promesses tiendront en dix lignes et de toute façon les promesses, hein ! Cumulons les mandats… vous avez dit mandats !
Autour du pognon l’indulgence est une valeur en hausse, au pays où il est devenu tellement banal de minimiser le plus possible sa participation à l’effort commun quand même sur une radio du service public on entend encore : « comment payer moins d’impôts ? »
A l’école.
J’en suis à ne plus m’étonner des compromissions, des renoncements, des fautes contre nos valeurs ! Contre la morale tout simplement, alors qu’elle devient  une matière de plus à enseigner à l’école (à la place de quel autre enseignement ?) où de surcroit la dernière arrivée, l’entreprise, viendra contraindre encore des emplois du temps …
L’école, l’école vous dis-je, comme Toinette disait « le poumon » imitant  quelque Diafoirus.
Tout ça !
Pour ne pas me laisser aller à une conclusion anecdotique, je recopie Libé dans l’article de  Robert Maggiori consacré au livre de Bernard Stiegler, « Pharmacologie du Front national », car c’est bien de ce poison, déjà à l’œuvre, dont il s’agit.
Telle une belle lumière sur un champ de ruines, la fulgurance de ce noir constat peut appeler à la réflexion.
« Il s’agit de lutter en effet contre « le désapprentissage, c'est-à-dire la destruction des savoirs remplacés par des compétences adaptatives et jetables, la dégradation du travail par l’emploi, l’impossibilité d’exercer ses responsabilités, le défaut de reconnaissance, la perte du sentiment d’exister qui en résulte, l’infantilisation de tous et de toutes tâches, la misère symbolique, économique, politique, intellectuelle, affective, spirituelle… »
Quel communiquant - charismatique comme il se doit - viendra nous secourir ?
………………
Dessin du Canard  de ce mardi :


1 commentaire:

  1. Que de questions, Guy...
    C'est quoi, l'esprit critique, au juste ? Est-ce que Monsieur et Madame Tout le Monde ont le droit/sont capables de/désirent, même, exercer l'esprit critique, ou est-ce, par nature, le domaine de peu d'élus... forcément élites, car susceptibles de payer le tribut excessivement lourd qui s'attache à toute exercice de l'esprit critique ? Ne crois-tu pas que Monsieur et Madame Tout le Monde, de leurs salons, veulent... avoir une opinion (à partir de quels éléments, encore une question...) sur l'actualité, et surtout sur la vie, et les conduites des personnes qu'ils ont... élues (mais pas forcément aux urnes...) pour incarner leurs idéaux ? Ce serait cela, l'esprit critique ?
    M. (de) Cahusac (orthographe..), je crois, descend d'une famille.. noble ? illustre ?
    La tempête dans une théière qui secoue le tout Paris/France à son sujet concerne peut-être le sentiment d'être trahi par son.. aristocratie/noblesse ? Comme il y a quelques années en arrière ?
    Mais que... REPRENSENTE M. (de) Cahusac ?
    Une telle désillusion pourrait nous alerter que ce Monsieur (qui, logiquement, dans la République pour laquelle vos arrières arrières arrières grand pères ont versé leur sang, n'est QUE.. un Monsieur Tout le Monde qui vaut le poid d'autres Messieurs Tout le Monde..) a été élevé à une place, et un statut bien au delà de ce que les idéaux de la République permettent...
    Ce Monsieur est un individu. Il n'est pas tenu d'être un exemple.. et pas un exemple en tous points. (Vouloir que nos hommes politiques soient.. des exemples pour nous, c'est, en s'estimant avoir besoin d'exemples, SE VOULOIR éternellement un enfant...)
    Il n'incarne pas le Parti Socialiste, qui ne peut pas être réduit à lui, et ses actions.
    Vouloir voir en lui, un exemple, et un représentant en tous points du Parti Socialiste, c'est l'ériger en.. monarque ? absolu...à mon avis (et Roi, dont il faut encore une fois couper la tête, par dépit infantile...).
    Il s'agit du rapport excessivement complexe entre l'un et l'UN, et la nature et fonction de la représentation.
    L'individu, comme UNique, et la Nation, comme UN (commun... lol).
    Il y aura toujours un reste dans la représentation. Elle ne permet pas de faire disparaître la tension dialectique et constitutive des rapports entre l'un et l'UN (un homme, un peuple).
    Et plus on essaie obstinément d'exploser cette dialectique, plus on se rend collectivement (et individuellement ?) malheureux...

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