jeudi 25 avril 2013

« Les dessous de l’Isère ». Musée dauphinois.



Cette histoire de la lingerie féminine se tiendra jusqu’au 30 juin 2014.
Un visiteur a noté sur le livre d’or qui comporte quelques jolis dessins : 
«Ça change de la métallurgie ! »
Nous passons de la confection des trousseaux qui débutait à l’intérieur des familles dès les premières règles, au métier de celles qui poussaient l’aiguille d’une façon artisanale avant que cela ne devienne un travail.  Au début il n’y avait rien, la culotte a d’abord été masculine et il s’agissait « de pisser droit ». Les fillettes ne faisaient pas que suivre leurs mères au bord des lavoirs pour regarder, il leur fallait frotter.
Une chemise de nuit  provenant de Beaurepaire a été reprisée par trois générations, et la minutie, la délicatesse des linges marqués est émouvante comme sont intimidants les corsets qui charment l’œil mais occasionnèrent des traumatismes.
Le labeur des ouvrières de Lou, de Valisère, entreprises qui connurent un rayonnement international était rude : les payes à la pièce étaient modiques, les cadences infernales, mais il y avait de la fierté et des occasions pour s’émanciper.
L’intérêt de cette présentation agréable est de nous rappeler l’histoire de vêtements par définition peu exposés qui signent la libération de la femme à mesure que la surface de tissus diminue et aussi l’évolution des ouvrières devenues des opératrices avant de perdre leurs emplois sous la logique de la mondialisation.
Jusqu’à "Playtex maintient vos seins mais pas nos emplois."
C’était à la Tour du Pin en 2010, le dernier témoin d’une industrie florissante depuis Paturle en 1880 à Saint Laurent du Pont sur le créneau des baleines de corset.
Linge de corps,  chemise américaine, caraco, balconnet, guipure,  guêpières, faux-cul, boléro, push up, boute en train, rubans, satin, cœur croisé, Viscose mais pas de string.
Nous ne sommes pas étouffés sous les dentelles, le parcours est aéré : les publicités peintes sont charmantes, et les calicots des ouvrières de Valisère en lutte ont leurs slogans  bien cousus.  Quand une photographe qui se surnomme Hyppolite demande à des femmes de montrer leur culotte, le résultat m’a semblé plus amusant que troublant. L’intimité sous les éclairages des cimaises se refroidit, mais à nouveau le Musée Dauphinois montre qu’ « il en a dans la culotte » sans être  jamais « à côté de ses pompes ».

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