vendredi 29 mars 2013

Quelles perspectives pour les jeunes des zones urbaines sensibles en Europe ?



Dans le débat de Libération « Jeunes débattez-vous »  qui avait lieu à la MC2 construite au bord du quartier de la Villeneuve, le sujet était inévitable. D’autant plus que le souvenir crucial de l’année 2012 mesuré dans un sondage est l’affaire Mehra pour une majorité des français, avant même l’élection de François Hollande.
A la table autour de Gilles Kepel  auteur des « banlieues de la république » : Rushanara Ali députée travailliste d’un quartier de Londres jouxtant la City dont la population se situe à 50% au dessous du seuil de pauvreté, Mariam Cissé, conseillère municipale à Clichy sous Bois, le Clichy des émeutes de 2005,  et François Lamy le ministre de la ville.
Les JO de Londres n’ont pas tenu leurs promesses d’emploi, le chômage s’est même accru et les désillusions, les frustrations se sont exprimées. Le fossé entre les jeunes et le reste de la population s’est creusé après des émeutes où la violence et la criminalité issues de l’oisiveté sont venues un temps sur le devant de la scène.
Le peu de perspectives dans un contexte économique difficile pèse tellement que la proposition d’abaisser l’âge du vote à 16 ans pour mieux « faire pression » sur les politiques, ne me semble pas décisif.
Alors que la conseillère de Clichy insiste sur la lutte contre l’abstention, la nécessité de rebâtir une culture commune pour des jeunes qui ont des sentiments ambigus concernant leur quartier  qui les rassure et qu’ils ont en même temps le désir de quitter.
La différence de culture politique est manifeste entre l’Angleterre et la France où le rôle de l’état est plus fort.
30 ans ont passé depuis les « marches pour l’égalité » revendicatrices et positives, depuis les regards sont devenus stigmatisants. La victoire de la droite en 2007 s’explique peut être par les émeutes de 2005 lorsque les classes moyennes s’interrogeaient sur un retour d’investissement de leurs contributions.
Pendant ce temps, les politiques se sont professionnalisés, la filière syndicale s’est tarie, les jeunes à Bac + 5 n’ont même plus les possibilités de leurs parents parfois analphabètes qui ont pu avoir accès à des pavillons.
Des mesures concrètes sont avancées où la discrimination à l’emploi serait combattue, l’intégration politique améliorée.
Pour remettre de la confiance et de l’efficacité dans les mécanismes où devraient s’effectuer les concertations concernant l’habitat et les transports, les démarches iraient d’avantage vers des formes de co-construction.
Le ministre de la ville ancien député de Massy la populaire et de Palaiseau la résidentielle, rappelle son ancienne appartenance au PSU, label prestigieux.
Des « emplois d’avenir »  sont déjà fléchés vers les quartiers pour favoriser ceux qui n’ont pas les réseaux, et sortir du repli sur soi.
François Lamy, n’est pas venu que sur la scène du grand Théâtre, il a proposé des « coups de pistons ». A Grenoble et Echirolles seront expérimentés des « emplois francs » comme on dit « zone franche » avec des entreprises qui bénéficieront d’exonérations quand elles accueilleront un jeune venant de quartiers difficiles. 
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Dans le Canard de cette semaine: 

1 commentaire:

  1. Ah... les mots.
    Ce qu'on n'entend pas, même dans une société qui se targue de pouvoir TOUT dire, et de dire tout.
    Ces jeunes désaffectés, désabusés qui font fantasmer les classes moyennes hantées par la perspective d'un déclassement inévitable... sont surtout de jeunes.. mâles.
    Derrière le tintouin nauséabonde où le mot "économie" résonne comme une pièce de monnaie démultipliée à l'infini, à l'identique, d'ailleurs, le statut du jeune mâle est en souffrance. Sa virilité. Sa capacité de se sentir, de devenir "homme".
    Fut un temps, le "travail" des femmes (1er sens encore dans le dictionnaire, allez le regarder) avait en parallèle le "travail" des hommes. Dans un monde plus simple, peut-être ? Difficile à dire. A mon avis, le monde a toujours été compliqué pour l'Homme.
    Maintenant que les femmes ont déserté... leur travail pour usurper le travail des hommes, et bien... c'est un peu difficile pour ces derniers.
    Beaucoup sont paumés...
    Le travail est-il devenu... occupationnel pour tout le monde ?
    C'est sûr, il devient très difficile de NOUS occuper dans un monde avec tant de facilité (pour beaucoup, en tout cas).
    Victimes de la réussite de nos utopies.. Quelle ironie.
    Comme quoi... que peut-il y avoir de PLUS... que le paradis ? Ou après ?
    Il serait une erreur de croire que seule la violence émane de l'oisiveté..
    Le désespoir et le marasme mélancoliques en découlent aussi.
    C'est un paradoxe, n'est-ce pas, que les personnes les plus vivantes sur le plan individuel sont celles qui dérangent le plus la société dans ses choix, à moins que ce ne soient ses déterminismes...
    Les autres ? Ils se contentent de crever en silence, en nous laissant à notre bonne conscience, et à nos conversations de salon...
    Ça ne m'étonne pas du tout que la pensée.. socialiste soit si préoccupée par la "jeunesse". Après tout, le mot "jeunesse" a à voir avec le mot... "nouveau", un moteur formidable pour le courant idéologique issu de l'humanisme de la Renaissance.
    Mais.. certains vieux souffrent aussi de leur manque d'occupation...
    Certes, la plupart n'ont plus l'énergie pour aller casser les vitrines.
    Mais il n'empêche qu'ils souffrent, pour beaucoup...
    Alors qu'il semblerait que beaucoup semblent penser que leur situation est tout à fait... normale ?
    Dans le fond, on pourrait se poser la question de savoir pourquoi nous ressentons l'impératif de trimer du matin au soir (avec des pauses pour trimer dans nos loisirs, quelle ironie..) au lieu de vivre comme des canards, qui ne sont pas malheureux ?
    Vaste question, qui mérite d'être posée, à mon avis...

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