lundi 31 décembre 2012

Tabou. Miguel Gomes.



Ce Tabou n’a rien d’une transgression, c’est le nom d’un film de Murnau qui a fait s’extasier des générations de critiques, quant à moi, au cinéma, les œillades expressionnistes me laissent indifférent. Le film du jeune réalisateur portugais était par ailleurs accompagné de dithyrambes qui auraient pu le plomber. Il n’en est rien.
La chronique d’une fin de vie à Lisbonne, « Paradis perdu », où une vieille  femme se joue un ultime film auprès d’une bonne impassible et d’une voisine compatissante, est menée avec tendresse et sympathie. Les uns passent à côté des autres.
Le récit en seconde partie d’une adultère au « Paradis » dans une colonie en Afrique est bien servi par le noir et blanc qui filtre les outrances, permet la réinvention d’un passé exprimé par une voix off.
La piscine de la villa ne paraissait pas tragique à celui qui portait beau avec son chapeau : elle était le luxe, c’était la jeunesse. De cette époque romantique révolue ne subsistent que le bruit des bêtes de l’herbe, les voix des personnages ne nous parviennent plus. La passion est passée.
On peut croire à l’innocence revendiquée par l’auteur.
Sa poésie  aux formes nouvelles fait passer la mélancolie : les crocodiles servent de balançoires aux enfants dans les centres commerciaux, il suffit de glisser une pièce.

dimanche 30 décembre 2012

Thomas Dutronc. Jeune, je ne savais rien.



C’est bien le fils de son père et de sa mère, avec valeur ajoutée du jazz manouche et saucisson corse.  Léger, fin, ironique.
Alors l’écoute est cool, et nous guérit des harangues râpeuses, des insipides de trois minutes, des inaudibles tapages.
Surtout ne pas se prendre au sérieux :
« quand le temps passe toujours trop vite, hélas
Nos amis, souvent, les plus chers, les meilleurs, sont partis
Sont loin, sont malades, sont morts »
… il se commande un steak frites
« Un bon gros steak, avec des frites »
Clins d’œil dans « J’aime plus Paris » :
« Prépare une arche
Delanoë
tu vois bien,
qu'on veut se barrer
même plaqué or, Paris est mort
il est 5 hors, Paris s'endort »
 D’abord musicien, même s’il « n’est pas d’ici » :
« Un coude en l'air, le vent est doux, la lune fidèle,
Un chant tsigane, j'me sens tsigane
Le cœu
r léger, je vois passer une fleur d'été
Hello jolie, j'suis pas d'ici, j'suis musicien
Un soir je suis le roi, un soir je suis le chien
Qu'on caresse ou qu'on laisse en solo »
Et l’humour qui éloigne tous les maux :
« Comme un manouche sans guitare ».
« Comme une pizza sans olive
Une page de pub sans lessive
Si t'es pas là, je ne suis plus moi
Comme un arbre sans racine
Comme le théâtre sans Racine
Sur cette plage sans Aline. »
Il parait qu’en concert il est excellent, alors s’il passe dans les parages, je me mets dans la file. Un CD est en route: l’automne aura un air de printemps.

samedi 29 décembre 2012

Le champ du potier. Andrea Camilleri.



Le gang des méditerranéens des auteurs de polars: Manuel Vázquez Montalbán a écrit des livres policiers où son inspecteur désabusé Pepe Carvalho amateur de cuisine est fortement enraciné dans l’histoire de sa région. Jean Claude Izzo reprit la recette, le héros fatigué de Camilleri s’appelle Montalbano, il travaille et se restaure en Sicile.
« Il changea de chaîne. Un cardinal parlait du caractère sacré de la famille. Pour l'écouter, il y avait au premier rang quelques hommes politiques dont deux divorcés, un qui vivait avec une mineure après avoir abandonné sa femme et ses trois enfants, un quatrième qui entretenait une famille officielle et deux familles officieuses, un cinquième qui ne s'était jamais marié passque tout le monde savait qu'il n'aimait pas les femmes. Tous acquiesçaient gravement aux paroles du cardinal. »
La traduction en français mêlé d’une sorte de provençal ajoute une touche originale à une intrigue policière nonchalante teintée d’humour.
« Dottori, j’étais en train de pinser que peut-être bien qu’il m’aconvient de frapper avec le pied, vu qu’avec la main je ne contrôle jamais. »
Nous voyageons dans un pays de culture.
« La vieille Mafia était maître en sémiologie, à savoir les signes qui servent à communiquer. Tué avec une boule épineuse de figuier de barbarie jetée sur le corps ?
 Nous l’avons fait parce qu’il nous a piqué trop d’épines, trop de déplaisirs.
 Tué avec une pierre dans la bouche ?
Nous l’avons fait parce qu’il parlait trop. »
 La mer désormais rejette des détritus sur les plages, et quelques femmes sublimes ont beau traverser le récit, le temps pèse sur les corps et les âmes.
Et il peut être nécessaire de connaître l’évangile selon Saint Matthieu
« Judas, celui qui l’avait trahi, apprit que Jésus avait été condamné. Il fut alors pris de remords et rapporta les trente pièces d’argent aux chefs des prêtres et aux anciens. Il leur dit : Je suis coupable, j’ai livré un innocent à la mort ! Mais ils lui répondirent : Cela nous est égal ! C’est ton affaire ! Judas jeta l’argent dans le temple et partit ; puis il alla se pendre. Les chefs des prêtres ramassèrent l’argent et dirent : Notre loi ne permet pas de verser cet argent dans le trésor du temple, car c’est le prix du sang. Après s’être mis d’accord, ils achetèrent avec cette somme le champ du potier pour y établir un cimetière d’étrangers. C’est pourquoi ce champ s’est appelé champ du sang jusqu’à ce jour. »
Le cadavre a été découpé en trente morceaux.

vendredi 28 décembre 2012

Depardieu parti.



Autour des tables de Noël, nous avons évité de parler de Depardieu.
L’écrit, fut-il en ligne, assurant moins de fâcheries en direct, j’y vais de mon couplet.
L’exil d’Obélix n’est pas anodin : les masques se fendillent.
Le roc, bien qu’enveloppé, continuait pour moi à incarner la vitalité d’une jeunesse qui perdurait depuis « Les Valseuses », j’aimais tellement son rire tonitruant.
Mais le dernier épisode, où il joue les offensés du haut de son arrogance de parvenu, ne passe pas.
J’ai transmis le texte de Torreton dont j’avais apprécié les accents théâtraux bienvenus dans cette comédie quelque peu surjouée de toutes parts.
Les Lucchini, Gad Elmaleh qui nient tout droit à ceux qui ne sont pas à l’affiche de porter tout jugement, hérissent mon esprit borné par notre triade républicaine.
Comment ça ? En dessous de tant de clients, de tant de pognon, à moins de cinq dictateurs dans son réseau, ceux qui consentent volontiers à l’impôt n’auraient pas le droit de causer !
Au-delà des brandisseurs intermittents de drapeaux tricolores qui échappent depuis belle lurette à la solidarité envers ceux qui ont contribué à leur fortune, le reflexe de caste qui a saisi bien des artistes m’a surpris et navré.
Le peuple sera-t-il le dernier à devoir payer l’impôt ?
Tous ces « peoples », que n’avaient-ils dénié le droit au clergé de s’exprimer contre le mariage pour tous, alors qu’il ne s’agit pas de mariage religieux mais civil ?
Je n’attends pas de Deneuve qu’elle nous dise ce qu’est la laïcité, elle a bien trop à faire avec sa corporation.
Je fréquente les salles de théâtre, de cinéma, me croyant familier de personnages numérisés rétribués grassement, il est temps de m’apercevoir que la profession d’ « artiste » n’est qu’une variante de publicitaire : Jean Valjean c’était de Victor Hugo, le reste des contrats. 
J’imaginais tant de passion pour accéder à ce métier prestigieux, tant de sacrifices jusqu’à la cour d’honneur du palais des papes, en plein Mistral.
Aujourd’hui, comme dans la chanson interprétée par Tapie,  il devient fréquent que des parents qui auraient voulu «  être un artiste », poussent leur progéniture indifférente sous les projecteurs.
Les spots n’éclairent plus que des brouillards artificiels.
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Dans le Canard de cette semaine:
 

jeudi 27 décembre 2012

Tango n°4. Les fous du sport.



Une photographie de Doisneau, peu connue, il y en a, d’un boxeur effondré dans son coin devant un manager hilare de toute sa bouche édentée ne glorifie pas « le noble art » mais donne une idée du beau magazine consacré au sport à grand renfort de plumes chatoyantes : De Kérangal, Fournel, Delbourg, Le Bris…
Le choix de Doisneau est  par ailleurs significatif de la tonalité essentiellement nostalgique donnée à ces 150 pages sur papier glacé.
Dans ce numéro printemps / été vendu dans les librairies, il est question de rugby bien entendu mais du temps de Bala et des frères Boniface, de foot quand les sangliers sauvages peuplaient les forêts des Ardennes, de Rigoulot « l’homme le plus fort du monde »,  de Robic, « Biquet, Nain jaune, Tête de cuir, Pomme à cidre »…
Sous le regard de Blondin l’inévitable, ce ne peut être qu’agréable pour ma génération, mais hors de notre temps. Quand les rédacteurs s’éloignent du passé, leurs fictions ont des airs démodés.  

mercredi 26 décembre 2012

Montesquieu à La Brède.



Une des figures de l’époque des lumières, Charles Louis de Seconda dit Montesquieu, qui porta un regard  aigu sur la société de son temps avec les « Lettres persanes » et passa à la postérité avec « l’Esprit des lois » fut un propriétaire terrien.
« Il n’est pas une demeure, un champ, une vigne, une touffe d’herbe dans cette région qui n’appartienne pas à Monsieur de Montesquieu ».
Le terme « château » pour désigner bien des bouteilles de Grave alentours,  n’est pas galvaudé ici.
Le bâtiment gothique entouré d’eau avec ses tourelles, bien qu’édifié à la fin du moyen âge, garde un fort air de forteresse adouci à la renaissance. 
"La Nature s'y trouve dans sa robe de chambre et au lever de son lit"
Ses parents  dont il hérite du domaine ont choisi pour parrain à sa naissance en 1689, un mendiant en signe d’humilité.
Le philosophe voyage en Europe et entretient des liens privilégiés avec l’Angleterre.
"Une chose n'est pas juste parce que c'est la loi; mais elle doit être loi parce qu'elle est juste"
Il revend sa charge de magistrat, mais continue à  travailler le droit. Son œuvre principale, qui lui vaut tant d’éloges, demeure par l’idée centrale de la séparation des pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire.
Il est mis à l’index par l’église.
"Il est très surprenant que les richesses des gens de l'Eglise aient commencé par le principe de pauvreté."
Curieux de sciences, il est aussi considéré comme l'un des fondateurs de la  sociologie.
"Il n'est jamais chagrin qu'une heure de lecture n'ait dissipé."
Les livres de sa bibliothèque ont été légués aux archives de Bordeaux. Un bel espace qui leur était consacré demeure parmi les pièces du château parcouru avec les explications d’une étudiante slave.
Le syndicat d’initiative du village a inscrit :
"Parlez moi de toute l’Europe, moi je vous parlerais de mon village de la Brède".

mardi 25 décembre 2012

Noël 2012



"Le fleuve où la lueur des astres se réfracte
Semble dallé d’acier et maçonné d’argent ;
Seule une barque est là, qui veille et qui attend,
Les deux avirons pris dans la glace compacte.
Quel ange ou quel héros les empoignant soudain
Dispersera ce vaste hiver à coups de rames
Et conduira la barque en un pays de flammes
Vers les océans d’or des paradis lointains ?
Ou bien doit-elle attendre à tout jamais son maître,
Prisonnière du froid et du grand minuit blanc,
Tandis que des oiseaux libres et flagellant
Les vents, volent, là-haut, vers les printemps à naître ?"
Emile Verhaeren, Les bords de la route

lundi 24 décembre 2012

Ernest et Célestine.



Si les studios qui produisent des films d’animation font en général de l’œil aux adultes, cette adaptation d’une série fameuse de la littérature enfantine se consacre essentiellement aux petits sans les prendre pour des benêts.
L’amitié, thème finalement banal, se noue entre une souris artiste qui n’a pas l’intention de devenir dentiste et un ours gourmand et musicien.
Ils échappent aux conditionnements de leurs univers respectifs et  se construisent une amitié qui n’était pas acquise au départ.
Leur histoire célèbre la tolérance, sans lourdeur, et apporte quelques notations pas seulement amusantes.
Le roi du sucre ne veut pas que son fils consomme ses productions, et sa femme vend des dents de rechange à ses compatriotes dont les dents sont ravagées par les confiseries.
«- Mais Célestine une souris qui vit avec un ours ce n’est pas normal.
- Vous vivez bien avec une ourse.
- Hélas, oui. »
Les tons pastels cultivent le charme de ce récit de fête dialogué par Daniel Pennac tout en simplicité. Son rythme tranquille, nous repose des succès aux effets tapageurs et aux cadences infernales. La neige recouvre les maisons, les rouges-gorges se posent au bord des fenêtres, les personnages s’éclairent à la bougie dont la lumière convient  si bien à l’aquarelle.
Ernestine la souris, ne croit pas aux légendes où les ours sont de grands méchants, mais nous, nous aimons croire à la douce poésie de ce conte.

dimanche 23 décembre 2012

Un casse-noisette. Bouba Landrille Tchouda.



A la sortie  du spectacle « un » Casse noisette, « d’après » le conte d’Hoffmann, « sur la musique » de Tchaïkovski, une adulte se demandait si l’enfant qu’elle accompagnait avait pu tout comprendre : j’en douterais, mais qu’ai-je compris ?
En tous cas notre imaginaire avait de quoi se nourrir.
Porté par la dynamique de la danse et des musiques, je me suis laissé séduire par la cohérence de la représentation sans deviner par exemple où était l’armée de souris dont il est question dans la version originale.
Si d’habitude je ne goûte guère les costumes aux couleurs brillantes, j’ai trouvé qu’ils convenaient tout à fait pour évoquer la nuit magique de Noël dont la noirceur est  pourtant là derrière la porte.
Un bruit de noix qui se brise apporte une note d’humour dans un univers fantasmagorique ponctué par des plumes qui volètent.
J’ai repensé aux enfants tellement sérieux quand ils jouent, avec ce chorégraphe se coltinant « au passage de l’enfance à l’adolescence » quand « les forces du mal »  s’attaquent à l’amour.
Sans aller jusqu’à voir des femmes sous niqab dans les boites glissant sur une séquence de musique arabe, j’ai apprécié les innovations chorégraphiques.
Elles ne sont pas là pour frimer, mais enrichies des traditions, elles tonifient une œuvre patrimoniale qui avait attiré beaucoup de parents soucieux de transmission.
L’intention du natif de la Villeneuve, élevé au hip hop, de « rendre spectaculaire le plus anodin de chaque instant » est palpable, la petite fille dans son rectangle de lumière est émouvante. Les 75 minutes passent très vite.

samedi 22 décembre 2012

6 mois. Automne hiver 2012.



350 pages de reportages photographiques depuis des clichés de l’apartheid en 1985 par un américain dont le pays venait de donner le droit de vote à tous les noirs vingt ans auparavant jusqu’aux images de Syrie avec une vieille qui tricote des drapeaux et un combattant déserteur de l’armée qui brandit sa carte d’identité : elle n’est pas floutée.
Chaque sujet approfondi est passionnant mais la juxtaposition des « mangeurs de fer » qui dépècent les bateaux hors d’usage au Bengladesh et des détenus sur une île en Norvège accentue encore la distance de nos univers. Pour ceux qui opèrent sur la ferraille à mains nues dans des conditions dantesques, l’un d’eux qui refuse tout apitoiement dit :
« Parfois nous faisons exprès de mourir pour prouver que nous sommes encore en vie ».
La misère  me semble-t-il, est bien plus chez cette ancienne miss en Californie qui ne parviendra pas finalement à se faire construire la plus grande maison du monde que chez ce ferronnier qui saisit avec un petit appareil compact la vitalité de ses six enfants jouant dans la boue autour d’une maison sans électricité ni eau.
La biographie en photo de Dilma Roussef  qui dirige le Brésil est palpitante : quelle femme !
Une foire aux chevaux en Irlande, les destins divers de trois jeunes filles à Pékin, une école de moines bouddhistes en Birmanie, l’itinéraire d’un photographe russe qui a passé sept ans en Irak,  en sympathie avec ceux parmi lesquels il travaille, comme celui qui suit un vétéran jeune revenu d’Irak ou cette jeune femme revenue dans sa ville natale jadis capitale de la chaussure et des champions de boxe… Autant de points de vues font de ce numéro 4 un ouvrage que l’on a envie de partager.

vendredi 21 décembre 2012

Trop de foot tue le foot.



Il fut un temps où entre deux dimanches après midi, il y avait exceptionnellement un match de coupe d’Europe le mercredi et je l’espérais. Aujourd’hui les feuilletons - on dit série - se débitent par paire, pas d’attente, le téléspectateur va se coucher, gavé.
Désormais les matchs de championnat s’étalent sur trois jours et les coupes nationales et européennes se multiplient.
Six équipes françaises sont qualifiées et non plus une seule,  et comme à « l’école des fans », on se rapproche de la note 10 sur 10 pour tous qui dévalorise tout.
Ils jouent en semaine, les dimanches ont disparu.
Cette évolution commandée par les médias qui nous a fait lever le nez au-delà de nos frontières, a plus fait  pour se sentir européen que bien des discours. Mais la multiplication des images affadit les rencontres ordinaires : un Evian/Sochaux est un objet de dérision auprès d’un Barça/ Réal, et un match de village parait si médiocre que la pratique de ce sport de copains diminue. Les gradins se vident.
Comme l’ajoute un commentaire sur cet article que j’avais déjà posté sur Médiapart :
« mais il y a un plus : on peut parier. Et non seulement sur les résultats des matches, mais sur le moment où sera marqué le premier but...Progrès, non ?
Un ajout indispensable aux tirages et grattages de toute couleur ... et aux serials, et aux téléréalités, et aux "débats" où l'on parle d'autres choses, mais si bien...
Vraiment, vous en demandez beaucoup... »
La manne qatarie, qui bénéficie au PSG, déséquilibre la compétition et contrarie les amateurs. L’incertitude faisait l’intérêt de ce sport d’équipe où ce n’est pas toujours Toulouse qui gagne à la fin.
L’autobus de Domenech était un symptôme, comme le foot est un marqueur de l’état de notre société : fric et frime révoltent, dégoûtent, refroidissent. Les supporters les plus fervents ne croient plus guère aux joueurs qui ont l’occasion de passer deux fois l’an d’une équipe à l’autre : « mercato » veut dire marché. Sur ce terrain là aussi cherchez le modèle. 
Entre deux mimiques sur un écusson de circonstance, les  joueurs les plus talentueux se réservent  opportunément pour faire pression au moment des enchères.
Certes comme disait Lavilliers à propos de la rencontre OL/ASSE, la rivalité Lyon/Saint Etienne  est « une rivalité d'images d'Epinal » mais cela fait partie d’une célébration, d’une culture.
Ce qui devient lassant, c’est que les verts perdent toujours. Et le destin du GF 38 tourne au ridicule.
Le sport pour lequel les spectateurs les plus modestes font le plus de sacrifices est celui qui brasse les sommes les plus folles : les aficionados ont de quoi être accablé, quand de surcroit leur humeur est indexée sur les résultats de l’OM. Le blues à propos du maillot blanc peut conduire à quelques abstentions devant le match du dimanche sur canal, voire à l’indifférence.
…………..

Dans les manifs pour le mariage pour tous, quelques slogans :
« Mieux vaut une paire de mères qu’un père de merde »,
« Machos, fachos, lâchez-nous le clito »,
« Jésus avait deux papas »,
« Liberquoi, égaliqui, fraterniquand »
………….
Dans le Canard cette semaine :

jeudi 20 décembre 2012

Mois du graphisme à Echirolles.


Ce mois durera deux mois puisque les expositions fermeront fin janvier.
Mariscal  le graphiste de la mascotte des jeux de Barcelone est présenté au musée Géo Charles dont les œuvres permanentes consacrées au sport  paraissent du coup un peu fades.
Les traits libres du Catalan, la variété de ses supports, son univers  très « Alegria de vivir », mettent des couleurs à l’hiver.
Ses inventions sur des alphabets divers sont mises en évidence à La Rampe.
Les passerelles de la salle de spectacle accueillent des productions d’étudiants d’école d’art sur le thème de l’Amérique latine où bien que mis à distance certains stéréotypes ne sont pas toujours dépassés. Les productions par leur variété confirment le plaisir attendu, quand les affiches tapent à l’œil et à l’esprit.
Aux moulins de Villancourt, se retrouve l’énergie de l’Amérique latine avec aussi des graphistes européens. Des photographies d’enseignes artisanales aux quatre coins du monde nous réjouissent.
Au musée de la Viscose, une salle était consacrée à des détournements d’affiches. L’association« Vie et partage » et le collectif « Un euro ne fait pas le printemps » inversent les codes et gardent les mêmes formes : l’affiche « Trois couleurs, un drapeau, un empire » avec les profils d’un asiatique d’un noir et d’un arabe devient sous trois visages contemporains « On est chez nous ».  Quand j’ai vu seule la version détournée dans Libé j’étais un peu gêné par la formule qui se trouve sous forme jouée dans les travées des stades genre «Mais ils sont où ? mais ils sont où ?… les Marseillais » plutôt que dans les maturations lentes d’une triade républicaine qui n’oublierait pas la fraternité.  Le schématisme de l’original on ne peut plus colonialiste pollue à mes yeux la parodie qui est une réalité indiscutable mais peut paraître  inutilement agressive dans un domaine où l’humour est à manier avec des pincettes. 

mercredi 19 décembre 2012

Arcachon.



Au XIX° siècle les frères Pereire, banquiers, avaient investi dans la ligne de chemin de fer qui menait de Bordeaux à La Teste.
Aujourd’hui, l’accès à leur station balnéaire est parfois difficile par la route au mois d’août. Les bouchons ne sont pas réservés aux bouteilles de Tariquet.
Au bord du  gigantesque bassin qui perd les trois quarts de sa superficie à marée basse, la ville connaît des configurations variées liées poétiquement aux saisons.
La ville d’été est celle des plages et des promenades au bord de l’eau.
La ville d’hiver aux rues évitant les angles droits et les courants d’air est celle des villas pour curistes riches qui venaient soigner leurs poumons. Les fragrances balsamiques des pins étaient bénéfiques avaient dit des médecins bordelais du temps de Napoléon III dont la venue fit de la publicité à la bourgade.
Les styles des habitations à véranda sont variés : mauresque, basque, suisse, anglais, néogothique, colonial… Les chalets  aux dentelles de bois ne sont pas masqués comme dans d’autres zones touristiques, ce qui accroit le côté aimable de la station.
La ville d’automne est réservée aux pêcheurs et celle du printemps s’est mise au goût du jour avec un centre de thalassothérapie. Le port fut le deuxième de France.
Le nom Arcachon vient d’arcanson, la colophane en gascon, produit de la résine des pins qui se frotte sur les archets des instruments à cordes.
Une  charmante petite tour métallique, placée sur les hauteurs, avec ce qu’il faut de ballant, permet une jolie révision. Eiffel passa dans les parages. Le bassin est célèbre pour ses huitres dont on peut voir des tuiles chaulées qui recueillent le naissain quand on prend le bateau pour aller vers l’île dite aux oiseaux, sans oiseaux, et ses villas tchanquées sur pilotis. Il vaut mieux se procurer les cartes postales prises hors saison de ces maisons de bois sur leurs échasses. La foule des petits bateaux à moteur qui les aborde éloigne un peu de leur poésie. On peut croiser de longues et étroites pinasses dont j’ai appris que le nom vient du pin qui servait autrefois à leur construction, elles sont utilisées pour la promenade et non plus pour la pêche ni pour les huitres.

mardi 18 décembre 2012

L’art de voler. Antonio Altarriba. Kim.



Voilà encore un récit désenchanté au temps de la guerre d’Espagne.
Son titre élève vers l’abstraction une trajectoire qui eut à se heurter à tant de murs de pierres.
Ces 200 pages sont prenantes, chaleureuses, intéressantes.
On a beau savoir des choses sur cette période, le scénario du petit fils au « chagrin réparateur », qui rend hommage à son grand père est émouvant.
Les dessins riches allègent parfois des duretés de la vie en jouant avec l’imagination, ils rendent le parcours fluide.
Eternel choc de l’idéal et de la réalité : sauf que les baffes sont bien réelles, le poids des conformismes à la campagne, à fuir. Les camarades tombent sous de vraies balles, les trahisons remettent la faim au ventre, le froid de la neige mord les espadrilles.
Depuis la voiture en bois de l’enfance, à l’Hispano Suisa qui traversa l’Ebre,  avec des camions qui transportèrent des denrées au noir, jusqu’à la chaise roulante d’un voisin de maison de retraite, Antonio conduit.
Il se jette dans le vide depuis le quatrième étage au bout d’une vie pleine.
Une fois encore je n’avais pas mesuré l’ampleur du silence s’imposant avec ce poids au moment du retour, après la résistance en France, le combat dans les rangs républicains, l’exil.
Alors le récit de cette épopée individuelle avec ses contradictions, ses faiblesses et une soif de liberté revigorante, est une belle illustration de la nécessité de remettre au jour des mémoires qui valent pour tous.

lundi 17 décembre 2012

Les hauts de Hurlevent. Andrea Arnold.



Du monument romantique du XIX° revu de nos jours, il ne reste pas une brindille de romantisme.
Des chiens sont toujours dans les pattes des personnages avares de mots, et ils mordent.
Film glaçant pas seulement par la pluie qui trempe les pauvres oripeaux mais par l’âpreté de la lande, la sauvagerie des créatures. La vie est rude, la mort frappe mais les vivants ne s’en émeuvent guère.
Lorsque je photographie, j’abuse des gros plans, alors là, j’étais dans mon élément.
Je sais les délices de s’enfermer dans la belle image d’une graminée, d’un graffiti sur un mur,  mais l’esthétisme peut amener à brouiller le réel, à passer à côté des relations humaines.
Je n’ai pas perçu dans ce film de plus de deux heures, les passions qui pouvaient animer les personnages même si les coups ne manquent pas, mais pourquoi tant de haine et si peu d’amour?
A voir une séquence d’une autre adaptation cinématographique du roman unique d’Emilie Brontë, je n’ai pas persisté à cause d’une musique qui pousserait à sortir dare dare n’écouter que le vent sur la lande. Cependant, la version graphique de 2012 bien jolie mais peu en chair ne m’a pas plus convaincu.

dimanche 16 décembre 2012

Dave Brubeck. Antoine Hervé.



GreNews a beau jeu de relever une phrase qu’ils estiment malencontreuse dans la plaquette des programmes de cette soirée à la MC2 : le « sémillant nonagénaire toujours sur la brèche »  destinée à présenter dès le mois de juin le musicien qui allait disparaitre en décembre.
La musique de Dave Brubeck est bien  là, vivante, fringante, frétillante, aux nuances changeantes.
Antoine Hervé qui nous présentait le pianiste compositeur n’a pas perdu de son humour,  sa séance a gagné en émotion.
Quand il reprend les mots de Jack Lang qui disait que le jazz « était la plus savante des musiques populaires ou la plus populaire des musiques savantes », il ne peut que rencontrer une remarque que je réitère volontiers « se cultiver, c’est reprendre » calquée sur le très couru « apprendre, c’est répéter ».
La musique d’« A bout de souffle » je me souvenais qu’elle s’appelait « Blue rondo à la turque », et peu m’importe que « Le jazz et la java » de Nougaro se soit nommé « Three to get ready », les retrouvailles furent un plaisir jubilatoire. Le récit de la manière désinvolte de titrer les morceaux de jazz fut  par ailleurs un moment de détente.
Les insertions malicieuses du pédagogue virtuose sur «Take five » clôturèrent une soirée réussie avec trois rappels d’un public qui tint le tempo. Pourtant Brubeck avait recherché parfois des rythmes novateurs pour contrarier les foules scandant des cadences trop convenues.
Les trois morceaux les plus connus figurent dans le même album : « Time out » aux rythmes asymétriques.
Sa musique déhanchée  joua sur «  Les rythmiques du diable ».
Il forma un quartet avec Paul Desmond au saxo, Joe Morello à la batterie et Eugène Wright à la contrebasse, et nourrit ses compositions des apports de chacun.
Présenté comme un cowboy avec un soupçon de sang indien, le blanc qui de surcroit connut un succès planétaire durable avait donc des caractéristiques qui tranchaient avec la culture traditionnelle du milieu jazz. Il faisait aussi le pont avec des musiques du monde,  les contre points de la musique savante : il eut Darius Milhaud comme maître et s’il rencontra Schönberg le pape du dodécaphonisme, le jeune apprenti se fia plus à ses intuitions qu’à un esprit de système.
Issu pourtant d’une famille de musiciens, il sut cacher qu’il  ne savait pas lire la musique du moins au début de ses études. A la fin de la seconde guerre mondiale après avoir débarqué à Omaha Beach il fut remarqué par un gradé qui le dispensa de la mitraille, la musique lui sauva peut être la vie à ce moment là, en tous cas il lui consacra sa vie.
Nos trajets en sont  rendus plus guillerets.

samedi 15 décembre 2012

Je vais passer pour un vieux con. Philippe Delerm.



Parmi les phrases qui en disent long, le véloce écrivain débite quelques tranches évidentes :
le « Tout d’abord bonjour »  agressif de l’employé de la FNAC,  
« Comment il l’a cassé ! » bien dans l’air du temps,  
« C’est vraiment par gourmandise », « Quand on est dedans elle est bonne » …
Delerm remet du sens à des expressions banales, par exemple la proposition
« sinon moi je peux vous emmener » n’est guère empressée.
D’autres plus particulières méritent  aussi quelques commentaires rondement menés :
«  Attention l’assiette est chaude » qui amène les clients à prêter attention à ce qu’ils mangent.
J’ai adoré : « Et là, c’en était pas une ? »  qui parlera à tout conducteur à la recherche d’une place, aidé par des passagers de bonne volonté.
« Qu'il est joli, cet imparfait ! Comment peut-on charger un temps verbal de connotations si contradictoires ? Une forme de pleutrerie d'abord. On ne saurait imposer frontalement au maître du volant, au pilote des destinées, l'idée qu'il a tout simplement ignoré une opportunité unique.
Un effort de participation aussi. Bien sûr on va se laisser chouchouter, emmener, mais il serait quand même décent de manifester un peu d'initiative. Une prudence cauteleuse aussi. Si la place entr'aperçue se révélait trop petite, si les efforts scabreux pour la rallier en marche arrière s'avéraient inutiles, il est raisonnable de la considérer comme une possibilité déjà condamnée. C'est le cas, de toute façon, puisqu'un coup d'oeil sur le rétroviseur latéral vous a déjà indiqué que vous étiez suivis. »
Ironique, tendre, Delerm nous repose, nous rassure.

vendredi 14 décembre 2012

Dégrisement.



Maintenant que le divertissement offert par Fillon et Copé a perdu de sa saveur, il est temps pour moi de ne plus  me laisser distraire et affronter la déception née de l’exercice du pouvoir par la gauche.
Cette gaucherie attentiste vient de cette culture d’opposition qui nous permettait de trouver toujours pire en face, et puis il y a les délices qui ont perduré d’être débarrassé d’une clique à claques.
Les palinodies lorraines. Chaque citoyen savait que la situation économique était difficile et  se montrait plus sage que ceux qui ont adressé jusqu’à la dernière minute des promesses qu’ils savaient pourtant ne pouvoir tenir. Pour quelques flaflas immédiats que de ravages à long terme.
Les bonnes paroles concernant les urgences écologiques se heurtent à l’inertie des plus gros états, mais une part de l’écart entre les paroles et les actes pourrait se résoudre par exemple avec des espaces verts chez la Dame des Landes, la nôtre.
Si les discours du ministre de l’éducation sonnent dans le vide, c’est que la désaffection pour le métier d’enseignant a des causes plus profondes qui ne se résolvent pas en quelque annonce.
Cette société qui estime que la transmission est un métier risqué et non plus une ardente nécessité, un plaisir, un honneur, est bien malade.
Nous n’avons plus de monuments à construire, fussent-ils en carton.
Des couacs venant des cancans du côté de Valérie Trierweiler pourraient être anecdotiques si le président que j’ai tellement aimé en « normal » ne laissait apparaître ses préoccupations privées au détriment de sa fonction.
Mais c’est la pusillanimité concernant le non cumul des mandats qui est  la plus grave à mes yeux car elle dépend de tout un édifice politique et pas seulement d’une personne.
Cette mesure simple, économe, réhabiliterait la politique, permettrait d’admettre des mesures difficiles à venir. Mais « ils » font leur niche.
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Dans le Canard de cette semaine: 


jeudi 13 décembre 2012

La fête des lumières 2012 à Lyon.



Les églises du centre ville ont affiché sur une bannière « Merci Marie, Lyon depuis 1852 ».
Cet intitulé m’a fait penser à une entreprise de macarons dont la maison a été fondée dix ans plus tard. Mais le public se pressant dans les rues ne vient pas à une « catho pride ».
Pour ce que j’ai vu, l’admiration par la foule de la basilique de Fourvière tenait plus aux volutes colorées projetées sur ses murs autour du 8 décembre, qu’à l’histoire de son édification voulant  affirmer la puissance du clergé lyonnais depuis « la colline qui prie ».
Chaque année, nous ne pouvons embrasser la totalité d’une soixantaine de propositions « des designers, plasticiens, architectes, vidéastes, infographistes et éclairagistes », c’est que la frustration - n’est ce pas - fait partie du plaisir.
Quatre nuits de poésie, c’est pas tous les jours !
Restés dans le centre ville, nous avons croisé une grosse vache, un tigre, et d’autres animaux lumineux venus d’Inde,
après avoir admiré sur la place des Terreaux bondée, les façades qui dansent et un acteur qui décroche la lune.
Sur le théâtre des Célestins, la main d’un peintre dépose vivement ses couleurs, gratte, recommence à la craie, recompose agréablement la façade.
La statue de Louis XIV à Bellecour s’illumine sous les coups de pédales vigoureux  de certains spectateurs.
La rue de la Ré est magnifiée par des arcades très Bollywood d’un kitch réchauffant nos nuits d’hiver qui commencent à devenir sévères.
Un roi des dragons bien pointu se reflète dans un bassin et des oriflammes sur le pont Lafayette prennent le vent joliment.
Même pas le temps de siffler un canon de vin chaud !

mercredi 12 décembre 2012

Bordeaux # 3. Le fleuve.


En bateau sur la Garonne, nous percevons la courbure du fleuve où se justifie la dénomination «  port de la lune » qui accueille aujourd’hui les bateaux de plaisance et de croisière.
Nous comprenons l’éloignement entretenu par les bordelais avec l’autorité centrale quand on mesure la largeur et la puissance des eaux aux couleurs chocolat en empruntant un bateau.
Une péniche chargée de morceaux d’Airbus attend que la marée baisse pour passer sous le pont de pierre.
Le pont de pierre qui a autant d’arches que Napoléon Bonaparte a de lettres a été le premier pont construit au XIXe siècle et il est resté la seule possibilité de relier les deux rives en attendant le pont d’Aquitaine en 1965, pont suspendu de plus d’un  kilomètre et demi de longueur.
Un nouveau pont dit « Baba » avant son baptême officiel, relie Bacalan à la Bastide, et dresse déjà deux élégants pylônes qui permettront de lever le tablier central pour laisser le passage aux bateaux imposants.
En aval la dénomination « terminal » convient à Bassens qui reçoit les conteneurs comme celui du Verdon à l’embouchure. D’autres sites sont spécialisés pour recevoir ou expédier céréales, bois, papier, produits pétroliers, vin …
La ville a toujours mis ses vins sur les eaux.
Sous une architecture audacieuse, un Guggenheim  consacré au vin est prévu pour les années à venir, le Centre culturel et scientifique du vin.

mardi 11 décembre 2012

Aya de Yopougong. Abouet, Oubrerie.



Sur les six albums parus, j’ai lu le cinquième, en attendant le film.
« Personne ne peut presser tout seul l’abcès qu’il a dans son dos. »
Une vision de l’Afrique revigorante où les femmes tiennent la route, malgré des hommes infantiles.
« Le bouc pue mais les chèvres ne le repoussent pas. »
Dans cette Côte d’Ivoire des années 80, loin de la guerre civile, les jeunes gens et des filles choco se cherchent un avenir, se débattant avec une belle énergie contre la précarité et des traditions.
Du maquis du quartier de Yop (Yopougung) à  Abidjan, à Paris, au village par les pistes parcourues avec des voitures « France au revoir », les histoires qui s’entremêlent sont parfaitement menées avec l’émergence des prédicateurs, l’insuffisance des professeurs, la fatuité des nouveaux riches. 
Une galerie réjouissante de portraits où l’insouciance côtoie la sagesse, la mauvaise foi, la bonne volonté, la joie de vivre dans un pays où le suicide est un truc de blanc.
«  Ce sont les joues qui rendent la figure grosse et tu viens de maigrir devant ta fille »
Truffé de proverbes succulents il n’y a pas toujours besoin du lexique livré à la fin de l’album pour comprendre :
« Dis à ton troisième bras qui est entre tes cuisses d'arrêter de toucher mes fesses. »
On peut se sentir parfois  VDB (Venu direct de la brousse) mais ces 105 pages en apprennent plus sur l’Afrique que bien des reportages, et l‘on rit.

lundi 10 décembre 2012

Dans la maison. François Ozon.



Luchini est prof de français et sa femme Christin Scott Thomas tient une galerie d’art contemporain : nous sommes  encore dans un milieu familier au cinéma français, mais à part d’improbables applaudissements, lors de la rentrée, envers un proviseur qui n’a pas le pouvoir de révoquer un prof dans la vraie vie, les notations sont justes. Et les uniformes au Lycée Flaubert sont une métaphore.
De toutes les façons le propos n’est ni social, ni réaliste, bien que l’auteur de « Potiche » joue habilement du réel et de la  fiction.
Il met en jeu la création, la littérature,  les regards critiques qui  nous font sourire, mais lorsque les malins prennent trop de distance avec les médiocrités de nos vies, le désespoir n’est pas loin.  
Qu’est ce qu’il en sait le jeune apprenant du « parfum de la femme de la classe moyenne » dont la formulation accroche son professeur ?
Cette arrogance toute adolescente subsiste chez bien des observateurs de la société dont nous partageons parfois les postures. 
 Ce dimanche, à Grenoble, beaucoup de magasins avaient peint sur leurs devantures des citations du régional de l’étape : Stendhal.
L’une de ses plus connues vaut pour le cinéma bien sûr :
« Un roman, c’est un miroir que l’on promène le long d’un chemin »,
 il a dit aussi : « toute œuvre d’art est un beau mensonge ». Vrai.