vendredi 23 décembre 2011

De quoi avons-nous peur ?

Il serait bon de n’avoir pas peur d’avoir peur quand les ressources naturelles s’épuisent et que le climat dégénère.
Enfin nous comprendrions les dégâts du progrès !  
« Le concept de progrès doit être fondé sur la catastrophe » Walter Benjamin
Les émissions de CO2 continuent à croître bien plus vite que l’économie qui ralentit pourtant.
Prudence mère de sûreté a donné naissance à l’omniprésent « principe de précaution » émergeant dans un monde où la décision politique est de plus en plus à courte vue. L’appréhension peut être un instrument de mobilisation.
C’était cocasse de percevoir le trac qui s’était emparé d’intervenants à ce débat de la République des idées, où les échanges ont manqué de vivacité bien que les apports, entre autres, d’une anthropologue qui faisait part de son expérience dans les prisons soient intéressants.
La peur est construite en ce lieu pour distinguer surveillants et détenus qui tiennent à se présenter eux-mêmes comme dangereux. Là s’exacerbent les distances, les différences qui sont désormais un trait marquant de notre société toute entière où l’inquiétude anticipe le déclassement.  
« L’homme d’aujourd’hui peut perdre son travail, sa femme, la santé, son appartenance à une communauté qui elle-même peut perdre son influence, son pouvoir, son attrait, son identité supposée ou réelle. » Laurent Mauvignier
J’ai peur de moi, j’ai peur des autres. Le voisin devient un concurrent. Les classes moyennes sont plus angoissées car elles ont plus à perdre ; le risque de la perte de l’emploi n’est pas forcément corrélé au statut de celui qui émet cette opinion pessimiste. Le chômage a une empreinte forte sur la dynamique sociale.
Mais si l’artificialisation du monde rend les peurs collectives moins évidentes, les frayeurs individuelles se multiplient. Il convient d’arrêter d’euphémiser les dangers et de parler d’incertitudes, il est trop tard par exemple pour les ressources halieuthiques: « Les mauvaises performances de la pêche sont dues fondamentalement à un très important déséquilibre entre les capacités de production mobilisées pour l'exploitation et le potentiel biologique des ressources. Elles imposent le constat que les politiques publiques mises en œuvre à l'échelle européenne, nationale, ou régionale n'ont pas réussi à atteindre les objectifs de conservation des ressources et de maîtrise des surcapacités »Ifremer.
Depuis les fauteuils confortables de la MC2, on aurait tendance à repérer une instrumentalisation des peurs sociales, alors que l’on devrait regretter que l’on ne s’angoisse pas assez des catastrophes environnementales qui s’opèrent sous nos yeux.

Dans le Canard de cette semaine :
Et dans « Marianne », un article de Julliard concernant l’école:  
« L’école est le couteau suisse de nos impuissances », 
« la France va au bordel et elle envoie ses enfants au catéchisme »,
il cite Péguy :  
« La crise de l’enseignement n’est pas une crise de l’enseignement ; il n’y a jamais eu de crise de l’enseignement ; les crises de l’enseignement ne sont pas des crises de l’enseignement ; elles sont des crises de vie (...) une société qui n’enseigne pas est une société qui ne s’aime pas ; qui ne s’estime pas ; et tel est le cas de la société moderne. »
.......
Dessin du Nouvel Obs

1 commentaire:

  1. A propos du climat:
    Dans "le Monde" du 24 décembre, un article de Stéphane Foucart. Il présente Michael Mann, le climatologue américain dit à la "Crosse de Hockey"

    Il remarque que lceux de ses comptatriotes qui s'opposent à la théorie de Darwin sont les mêmes qui ne "croient " pas à l'origine humaine du changement climatique. Je le cite "Nier le changement climatique anthropique ou l'évolution est devenu un test de passage pour le Parti républicain. Ces négationnistes sont des tea-partistes.

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