mardi 31 mai 2011

Le rêve de Jérémie. Riad Sattouf.

J’apprécie les chroniques du dessinateur de Charlie hebdo quand il porte un regard sur les jeunes, acerbe mais sympathique, dénué de démagogie. Ici il passe du documentaire à la fiction pour narrer « les pauvres aventures de Jérémie ».
Le héros se met en ménage avec une ravissante et riche jeune femme amoureuse - on se demande pourquoi – de cet être immature ; il est affublé de surcroit d’un collègue qui s’applique à rater sa vie. Personnage assez fréquent dans les BD qui traitent de nos contemporains. Dans ces 48 pages, on peut réviser que FUCK signifierait « Fornication Under the Consentment of the King » (« fornication sous le consentement du Roi »), entendre en musique de fond Vincent Delerm, faire un tour, vite fait, chez les riches, dans le milieu de l’édition jeunesse ou dans une boite échangiste. Mais point d’émotion, tout est superficiel : pourquoi ces relations d’amitié, d’amour ? Il y a certes beaucoup de remords que les rêves n’arrivent pas à éponger, mais ce sont des cauchemars à gros nez.

lundi 30 mai 2011

I wish, I knew. Shang Hai Zhuan Qi

Une série d’interviews entrecoupées de plans mélancoliques à intentions poétiques de la ville colossale qu’est Shanghai. L’ambition du réalisateur de rendre justice à l’histoire n’est pas atteinte : les révolutions politiques, culturelles, l’exil de millions de personnes vers Hong Kong et Taïwan manquent pour moi, de souffle, d’émotion. Nous ne sommes pas bouleversés par ces bouleversements, même si la diversité des témoins ne contrarie pas une attention à leurs paroles dans la durée. Nous avons la possibilité d’entrevoir des façons originales d’envisager l’existence et le passé mais certaines approches nous paraissent encore étranges. Nous manquons de repères et des détails, des énumérations ne nous parlent pas, si l’on n’a pas une solide culture historique. A l’heure de caméras agitées, nous avons du mal à nous tenir tranquilles plus de deux heures.

dimanche 29 mai 2011

Causes perdues et musiques tropicales. Bernard lavilliers

- « Tu ne viendras plus tourner à la bastille
Le soir du grand soir avec ta famille
Coudes serrés pour bousculer le monde
Qu’est ce qui s’est passé
T’as perdu ta fronde »
- « Quand, quand la nuit tombe
Quand elle balance comme ça
Collée contre moi
Quand ses parfums sombres
Tournent autour de nous »
-« C'est le blues d'Angola
mineur et solitaire
qui nous vient de Luanda
c'est un chant de poussière. »

Le dernier Lavilliers c’est encore ça:
- de la politique avec de forts airs nostalgiques,
- les femmes qui chaloupent,
- les couteaux sous les tropiques pour de l’or et des diamants.
Notre Tintin de soixante ans a mis une veste sur ses épaules baraquées à l’occasion des victoires de la musique sur la télé à Pfimlin.
« Frapper à des portes en fer qui ne s’ouvrent pas
Parler à des gens trop fiers qui ne me voient pas
Plus rester, plus partir, plus rêver, en finir
Naufragé solitaire barbelés aux frontières »

"Causes perdues et musiques tropicales", c’est son 19e album, et je n’avais pas mis de mots sur ses années où il m’a accompagné, lui, pour qui j’ai collé des affiches quand il venait dans une petite salle de Grenoble seul avec sa guitare et un projecteur avant de passer par la Lorraine. Lui, qui m’a empêché d’arrêter mon sonotone à Braferbrel.
Avec son énergie, les parfums du monde qu’il ramenait, ses poses théâtrales quand il la ramenait.
Son dernier titre résume parfaitement son propos, même si je suis plus séduit par ses arrangements et le son de sa voix que renversé par ses paroles qui ont le charme des retrouvailles mais pas la verdeur de la nouveauté.

samedi 28 mai 2011

Le cercle des menteurs

Ce tome 2 des contes philosophiques du monde entier recueillis par Jean Claude Carrière contient 430 pages en format de poche qui se lisent très facilement.
Décrire tous les domaines de l’écrivain qui a été scénariste, dessinateur, parolier, metteur en scène, collaborateur des cinéastes les plus éminents tiendrait encore bien plus de pages. C’est un conteur, un passeur.
Pour faire partager à mon tour, mon plaisir de lire, j’extrais deux histoires de cet ouvrage, elles sont souvent anonymes, ici elles sont signées :
Samuel Beckett a écrit ce court dialogue :
Le client : Dieu a fait le monde en six jours, et vous, vous n'êtes pas foutu de me faire un pantalon en six mois.
Le tailleur : Mais, monsieur, regardez le monde, et regardez votre pantalon.

Charles Péguy a raconté l'histoire d'un homme qui se rend à pied à Chartres, au Moyen Age, et qui rencontre sur son chemin un homme exerçant le plus dur des métiers : casseur de pierres.
- Je vis comme un chien, lui dit l'homme. Exposé à la pluie, au vent, à la grêle, au soleil, je fais un travail pénible, et pour quelques sous. Ma vie est nulle. Elle ne mérite pas le nom de vie.
Un peu plus loin, le même homme rencontre un autre casseur de pierres, qui a une attitude toute différente.
- C'est un travail dur, lui dit-il, c'est vrai, mais au moins c'est un travail. Il me permet de nourrir ma femme et mes enfants. Et puis je suis au grand air, je vois passer du monde, je ne me plains pas. Il y a des situations pires que la mienne.
Enfin, un peu plus loin, l’homme rencontra un troisième casseur de pierres qui lui dit en le regardant dans les yeux :
- Moi, je bâtis une cathédrale.

vendredi 27 mai 2011

Toute une histoire.

Avec l’affaire DSK un bouleversement vient d’avoir lieu. Ah bon !
Cette défaillance privée nous a privé d’une Eminence.
Le cours de notre histoire collective est tellement chamboulé par cette histoire particulière,que j'en retombe dans mes antiennes concernant l’enseignement de l’Histoire.
Pagnol a beau dire : « Telle est la vie des hommes. Quelques joies très vite effacées par d’inoubliables chagrins. Il n’est pas nécessaire de le dire aux enfants », en conclusion à des récits ensoleillés, il ne faut pas laisser le story telling aux seuls communicants.
Sans aller jusqu’à mettre la main dans toutes les culottes du passé, je me suis toujours élevé contre la tendance à évacuer de l’enseignement les anecdotes, les passions, les caractères de ceux qui ont eu des postes décisifs, voire les légendes qui constituent la chair palpitante du réel et des rêves.
Pas plus qu’ « on ne tombe amoureux d’une courbe de croissance », il n’y a pas que des statistiques, des colonnes de chiffres dans la vie et à vouloir faire jouer les chercheurs aux élèves avant l’heure sans les intéresser auparavant, nous avons produit des cohortes de blasés se détournant des romans qui nous unissent, des contradictions publiques, des engagements civiques.
Je venais de lire dans le mensuel « Memo » que les légionnaires romains n’étaient pas ces hommes bien rasés que j’avais révisés chez Astérix mais des féroces qui se servaient des têtes coupées des ennemis comme projectiles pour leurs catapultes. Et on ne m’avait rien dit.
……
La photographie au dessus est prise à Saint Denis : Louis XII, sur son tombeau, a tombé la cuirasse. Le dessin au dessous est du « Canard Enchainé » de la semaine.

jeudi 26 mai 2011

Le Vaudou à la fondation Cartier.

Les parois de verre de Jean Nouvel, isolant le lieu d’exposition du boulevard Raspail, rappellent, en plus intime, le musée des arts premiers du même architecte. La collection d’objets vaudous de Jacques Kerchache, un des initiateurs du musée du quai Branly, y est présentée jusqu’au 25 septembre.
Malgré une projection documentée et vivante sur certains rites, le mystère de ces croyances demeure entier, et nous en apprécions l’aspect plastique parfaitement mis en valeur, avec en arrière plan, une vue sur des herbes folles surprenantes en plein quatorzième arrondissement.
De grandes statues élancées destinées à la protection nous accueillent devant des cases stylisées et dans une salle en sous sol nous déambulons parmi quarante huit statuettes toutes différentes à la charge sacrément forte. La pénombre en ce lieu convient bien au mystère des statuettes faites pour sortir surtout la nuit dont un éclairage ciblé révèle toute la complexité.
La communication entre le monde visible et celui des esprits est opérée par des figurines recouvertes de terre, d’huile, de mixtures secrètes, entourées de cordes enserrant des os, des cheveux, des coins.
Les liens enserrant ces objets maléfiques ou de protection visent à emprisonner,
les taquets de bois à aller au cœur des problèmes,
quant aux cauris ils marquent le désir, l’attente.
La simplicité de la présentation nous invite à chercher à aller plus loin dans la connaissance de cette religion qui compte des millions d’adeptes regroupés en sociétés secrètes principalement sur la « Côte des esclaves » en Afrique de l’ouest (Bénin, Togo, Nigéria…) et aux Caraïbes.
Les chamans mystérieux d’un culte où Vaudou signifie « messager de l’invisible », avec des rites sacrificiels parfois inquiétants, ne cessent de nous interroger au-delà du temps consacré à la visite.

mercredi 25 mai 2011

Touristes en chine 2007. # J 17. Le fleuve et la montagne.

Pas de pluie mais des nuages. Nous faisons route vers le nord.
Arrêt à Shizou proche du premier méandre du YanTsé Kiang. Peu de monde pour visiter le charmant pont suspendu en planches où passa l’armée rouge lors de la longue marche. Deux musiciens, jouant d’un instrument à cordes et d’une flûte, ajoutent un caractère nostalgique et tranquille au décor. Des paysannes traversent chargées de paniers sur le dos. Youizou, notre guide, nous laisse nous promener et se rassasie de gelée de lentilles.
Nous nous rendons aux gorges du saut du tigre sur le Yang-Tseu-Kiang ou Chang Jiang, Yangzi Jiang, le "fleuve bleu", c’est le plus long fleuve de Chine, 6300 km.La route que nous devions prendre s’avère bouchée par les cars de touristes, alors le chauffeur propose de passer par l’autre rive. La marche pour accéder à la gorge sera en terrain plat au lieu de s’effectuer par les marches. Nous prenons un repas devant un parking à l’entrée du site. Nous effectuons l’aller et le retour au pas de course, effrayés quelque peu par un bloc de rocher que nous voyons se détacher au-dessus du chemin et plonger dans les flots tumultueux, ainsi que par des surveillants postés tous les 100 m avec des mégaphones pour avertir le public des dangers. Mais l’aventure en vaut la peine, une statue de tigre indique le point spectaculaire.
Nous sommes face au fleuve de couleur brune, puissant, tonitruant, crachant ses embruns.
Il frappe la roche à l’endroit où un torrent de jade le rejoint. Dans la région de d’or est présent dans le sable. Le soleil déchire les nuages. On reprend la voiture : les paysages sont magnifiques, mais la pluie reprend sa place, parfois violente.
Nous tombons sur une « kermesse » de Yi noirs. Stop. Extraordinaires costumes chatoyants vert fluo, rouges et coiffes noires encombrantes en velours. Les habitants s’affairent à des jeux d’argent avec des dés, un marché aux vêtements étale ses couleurs. Un triste lion en cage, un chameau et un photographe rappellent les petits cirques de chez nous, autrefois. Nous nous noyons facilement dans la foule. Youizou nous met en garde contre les voleurs et nous rabat peu à peu vers la voiture. L’habitat change: des maisons rustiques en planches ou en rondins laissent place à des maisons plus cossues, plus grandes dont un des murs de torchis, percé de deux fenêtres colorées, penche. Aux alentours des cochons noirs circulent ainsi que des sortes de yack aux poils noirs à la queue fournie.Le terme de notre voyage d’aujourd’hui est Zhongdian (en chinois Shangrila) moderne et laborieuse avec de nombreux chantiers sous la pluie. A l’hôtel « Diqing sight seeing » nous attend notre guide anglophone qui nous accompagnera demain. Nous prenons nos quartiers et nous tentons une sortie après la pluie. Je m’achète une veste de pluie dans un des magasins d’équipements de montagne qui ne manquent pas dans la ville très européanisée. Le marché local est désert. Nous arpentons un peu la vieille ville mais la pluie nous chasse au « Tibet bar » recommandé par notre guide. L’adresse est bonne : 2 soupes, yack fried ou en kebab, champignons, riz frit. C’est bon. Le rhume poursuit ma compagne et peut être que nous allons devoir nous servir de la machine à oxygène de la chambre. Nous sommes à 3200m d’altitude.

mardi 24 mai 2011

George Sprott. Seth.

Cette bande dessinée des éditions Delcourt est un livre d’art non pas celui qui reste muet sur la table basse avec ses pages en papier couché, mais à offrir, à revoir, tant l’invention, l’élégance éclatent dans cet album somptueux.
La forme inspirée de l’art nouveau, une ligne claire avec des planches très fournies et des plans uniques apportent au récit une dimension universelle.
Pourtant la vie d’un présentateur de télévision locale, qui continue pendant des années à ressasser ses histoires de voyage dans le Grand nord, peut nous être indifférente, surtout que le personnage enfermé dans ses habitudes manque de dynamisme, de chaleur.
Ce qui est fort, c’est que nous pouvons nous sentir concerné par des questions qui se posent tout au long des 96 pages sur le sens de la vie : le temps, la mémoire, la mort. Les regards croisés des personnages secondaires permettent peu à peu avec humour et lucidité de faire connaissance avec George Sprott. Cet homme pathétique et attendrissant, a consolé des solitudes et usé des proches. Le récit en forme d'enquête est vibrant, poétique, honnête pour un personnage fictif dont les maquettes des théâtres de sa vie figurent dans cet ouvrage tout en aller-retour limpides.
On aimerait laisser un exemplaire du récit d’une vie tel que celui-ci, tout en nuances, en complexité, où le lecteur forme ses idées en toute liberté, un kaléidoscope où sous la légèreté se devine l’épaisseur.
La vie après la mort : « Peut être pourrons nous la revivre, mais cette fois en sachant clairement le sens de nos actes. »
L’enfer : « Ce que je disais sur le fait d’observer sa propre vie avec une grande clarté, c’est peut être ça l’enfer. »

lundi 23 mai 2011

Festival de Cannes 2011.

J’ai découvert 22 films cette année à la Bocca, quartier de Cannes, où les abords de certaines salles sont vraiment délaissés par une municipalité qui préfère cirer sempiternellement les pompes des pompeux pailletés en bord de Croisette.
Si je n’ai pas remarqué de film exceptionnel, je n’en ai quitté aucun avant la fin.
Avant de déposer, en ce blog, chaque lundi, mon grain de sel sur les films lorsqu’ils passeront en salle pendant l’année à venir, je m’amuse une nouvelle fois à repérer quelques traits communs parmi un concentré de productions rarement légères mais portées par la passion. J'’ai eu le privilège d'en déguster parfois dès neuf heures du matin et à c' theure c'est encore meilleur !
- Parmi les films présentés, les forêts ont été des décors puissants dans « Le grand tour », « La fin du silence » et au début des « Acacias ».
- La fumée a envahi les écrans et pas que celle du tabac : Stone Bros.
- Les armes furent encore les plus bavardes, alors que certains films silencieux ont économisé sur les sous titres.
- La violence est omniprésente
en particulier dans le milieu familial de « Eldfjall », « Les vieux chats », « The slut », « Blame », « Martha Marcy May Marlène », « Predicament », « Ave »,
de Mexico : « Dias de Gracia », en Australie : « Snow Town », du Caire : « La nuit, elles dansent », à Tanger : « Sur la planche ».
- Par contre c'est dans les conditions les plus précaires que s’exprime l’amour dans une famille monoparentale paternelle : « Je ne peux vivre sans toi » et bien sûr dans « Les neiges du Kilimandjaro » où une vision optimiste du monde tranche avec tellement de férocité universelle.
- La façon de manger renseigne sur l’humeur des personnages et les repas, conviviaux chez Guédiguian, le sont aussi chez Cavalier : « Pater » avec du poisson au menu dans « Eldfjall » et « Arirang ».
- Les récits se construisent autour de rédemptions en cours et de cuirasses en voie d’être fendues. Des voiles couvrent des têtes mais l’énergie des femmes, leur liberté, redonnent espoir : « La nuit elles dansent » et « Sur la planche ».
- Quant aux vaches de « Bovines », elles ruminent, et le chien de « The Artist », bien que facile, n’est pas le plus cabot.
Nous sommes étourdis de tant de variétés, et partageons des problèmes et des émotions universelles avec l’éternelle question :
- Quelle est la part de l’écriture dans ce documentaire ?
- Cette histoire incroyable relate des faits qui se sont passés dans la réalité ?
- Est-ce que c’est vrai ?
« NNNooon ! C’est pas vrai ! »
Le mot de la semaine était : « sidération »

dimanche 22 mai 2011

L’échange de Paul Claudel. Bernard Lévy.

« Elle s'emmerde, vous dis-je
Au lieu de s'écrier: " Encor ! Hardi ! Hardi ! "
Elle déclame du Claudel, du Claudel, j'ai bien dit
Alors ça, ça me fige ! »

J’étais dans le camp de Brassens.
J’ai pris cependant mon ticket à la MC 2 pour deux heures et demie avec l’illuminé de derrière le pilier de Notre Dame pour voir au-delà de mes rejets datant des années soixante où Claudel et Péguy figuraient en bonne place au menu de la terminale laïque.
J’ai compris ce soir, pourquoi ce natif d’un autre siècle de cet autre siècle avait traversé les années.
Nous sommes bien dans notre temps, puisque l’ échange concerne deux couples avec une liasse de dollar posée sur la table, sous un écran qui enregistre la course du soleil tout au long d’une journée où il sera aussi question d’étoiles.
Sur une aire où ils ont posé leur caravane, un jeune couple amoureux en transit est sous l’emprise d’un autre couple, une actrice et un businessman.
Il sera question de liberté, d’amour, d’absolu, de feu. Le début me semble laborieux, descriptif, mais les interprètes quelque peu monotones vont s’animer et participer à la montée en intensité d’une pièce qui ne perdrait portant rien en étant compressée. La poésie est fluviatile, surprenante, nourrie de références au nouveau monde et à la singularité indienne en symbiose avec la nature, mais nous avons appris à user modérément des symboles, des rêves.
Quand l’actrice est- elle en répétition ? Dans sa robe très art nouveau, qui enveloppe sa beauté fatale, elle sera motrice du drame et le métis qui apparaissait nu et volubile va s’effacer.
« Moi je connais le monde. J'ai été partout. Je suis actrice, vous savez… Il y a la scène et la salle. Tout étant clos, les gens viennent là le soir, et ils sont assis par rangées les uns derrière les autres, regardant... Ils regardent le rideau de la scène. Et ce qu'il y a derrière quand il est levé. Et il arrive quelque chose sur la scène comme si c'était vrai. »

samedi 21 mai 2011

Les nouveaux cons. Etienne Liebig.

Je me suis conduit comme un con de base quand j’ai choisi sur le présentoir de la librairie, ce livre de 250 pages plutôt que le dernier Guillebaud.
J’avais espéré de la verve chez l’auteur d’un « Comment draguer la catholique sur les chemins de Compostelle », mais à l’usage je me suis senti pris à un piège destiné à mes semblables qu’il répertorie : les militants, les illuminés, les arrogants, les jargonneux, les planqués, les conservateurs, les médiatiques, les minoritaires, les martyrs...
Le portrait du nouveau retraité est excellent mais celui du nouveau prof est bafouilleux et comme il s’agit d’un nouveau, alors je ne vois pas de qui il peut parler,
pour ce qui est du vieux gauchiste, il y a du vrai et chez le néo colonialiste, il y a de ça.
Mais finalement il y a peu de néos cons’ ; cons’ signifiant conservateur.
L’intervenant aux « Grandes gueules de RMC » découvre quelques inattendus et c’est là où il est le plus inspiré:
Avec les nouveaux anthropologues qui estiment que
« Les mômes de banlieue n’ont pas de difficultés par désintérêt de la chose scolaire ou manque de pédagogie des enseignants, mais parce qu’ils sont originaires d’une culture orale en délicatesse avec l’écriture. »
Le nouveau travailleur social dont l’objectif est
« ressembler comme deux gouttes d’eau à une boîte privée qui gère des voyages, des ordures ménagères ou des services clients »
Quant au bloggeur:« Ce nouveau con se considère comme un homme de média parce que, chaque jour, il écrit trois idées ringardes sur son blog ou sur Facebook:
« Aujourd'hui, j'ai descendu la poubelle et j'ai croisé mon voisin, il ressemble à PPDA »
Bien que l’ancien intervenant social ait le bon goût de ne citer aucune des têtes de turc habituelles, il lui arrive de se répéter, de tirer à la ligne, de paresser : un format court aurait été préférable pour un contenu qui ferait bien sur Rire et chansons où quand lassé de France culture il fait bon régresser grassement.

jeudi 12 mai 2011

Tous cannibales ! La Maison Rouge.

C’est Levi Strauss qui le dit : « Nous sommes tous des cannibales. Après tout, le moyen le plus simple d’identifier autrui à soi-même, c’est encore de le manger ».
On a beau savoir : les sorcières, le loup garou, les ogres, les vampires, « Prenez et mangez car ceci est mon corps. Buvez- en tous, car ceci est mon sang », la culture les avait mis à distance. Et puis, les retraites de Russie et des jésuites qui finissent à la casserole, les transplantations d’organes, malgré les métaphores, les symboliques, après cette exposition, ma mémoire fait des impasses.
Trop de sang et de viande à la Maison rouge près de la Bastille.
Des chairs sortent d’un mur, et des portraits d’albinos dont des organes sont recherchés pour des potions sont exposés, des pièces montées sont garnies de langues et autres organes, un artiste sert son sang en boudin lors d’une performance, une japonaises se mange le sein… ce n’était qu’un melon. Je me suis arrêté devant une grande photographie où Vik Muniz a tracé, parmi des objets en ferraille, la silhouette du Saturne de Goya dévorant ses enfants, encore détourné par ailleurs.
Je me suis dit : « ah oui c’est la robe de Lady Gaga » quand j’ai vu un mannequin couvert de viande ; la peau d’un homme tatoué est traitée en carpette comme le plus vulgaire des tigres du XX° siècle. Bettina Rheims a remplacé le lait d’un sein maternel par du sang, heureusement le bonhomme en spaghetti qui clôt la visite semble plus jovial avec son allure de Shreck.
Les installations de Chiharu Shiota, qui n’ont rien à voir avec la thématique principale qui peut accabler, nous apaisent avec des robes disposées dans une pièce traversée par un dense réseau de fils noirs qui forme comme une grotte inquiétante, légère et magnifique. Déjà vues dans le genre chez Boltanski, ses valises entassées sont moins surprenantes.

mercredi 11 mai 2011

Touristes en chine 2007. # J 16. Campagne.

Après le petit déjeuner au « Chivas » bar nous partons pour le village de Baisha,
Youizhou, notre guide, nous propose une entrée du village différente de l’entrée touristique. Nous accédons à pied, côté campagne, avec des maisons en briques de pisé au dessus d’un sous bassement de pierre.Les paysans(es) s’activent, les cochons que l’on verra repasser une fois égorgés dans un tracteur camionnette, braillent à fendre l’âme. Ça sent le fumier. Les chiens, sans agressivité, n’aboient pas. Les enfants sont nombreux dans ce paysage pittoresque parmi les coqs et des grenouilles. Nous croisons des paysans portant une charrue sur l’épaule ou conduisant des bœufs attelés.
Les fresques religieuses, d’un ancien temple seigneurial ont échappé au massacre des gardes rouges grâce à l’astuce d’un Naxi qui fit coller par-dessus des pages du « Quotidien du peuple » sur lesquelles figurait le portrait de Mao. Il était impensable de mutiler l’image du grand homme. A la sortie du temple, nous marchandons pour trois tableaux de bois sculptés avec oiseaux (claustras). Plus loin de vieux musiciens exécutent de la musique Naxi en continu, acceptant une obole pour la perpétuer.Musée Dogba (chaman), 3 salles avec des pictogrammes particuliers, des vêtements, des objets, quelques armures, des instruments de musique (conques), des jouets et une grande maquette de la région avec une sorte de B.D en long : du nirvana aux enfers.
Notre repas est encore original : viande de yack ( ?), haricots en grains verts, poulet, nouilles translucides et gluantes. Puis nous écrivons ou lisons sous la galerie de la cour intérieure face à la pluie qui alterne avec un timide soleil. Nous essayons une maison du thé. La vendeuse verse de l’eau bouillante sur une sorte de résine de 5 ans d’âge dans la passoire de la théière et remplit trois mini tasses dont elle jette le premier contenu. Elle réitère l’opération puis nous invite à les boire. Nous ne ferons pas affaire : nous ne sommes pas assez connaisseurs et puis c’est cher. Nous nous retrouvons, la bande des cinq, en sortant de la boutique qui avait adopté comme toutes ces boutiques la table de présentation en forme de souche torturée. Nous achetons une théière métallique en forme de canard (150Y).
Nous dégustons notre repas du soir dans une ruelle tranquille et familiale, nous nous offrons un nouveau massage des pieds.

mardi 10 mai 2011

L’arche de Noé a flashé sur vous. Chloé Von Arx &Charles Masson.

La couverture est illisible, le scénario sans intérêt. Pourtant en feuilletant cette bande dessinée, j’ai été séduit par les dessins que j’avais hautement appréciés dans « Soupe froide », une histoire tragique à laquelle ils convenaient bien ; alors qu’une ligne claire et rigolote genre Berbérian aurait permis de sauver cette histoire superficielle.
Une jolie nana tombe amoureuse d’un gars mignon en un clic sur Meetic et alors ? Alors, rien. Il s’appelle Noë, d’où le pseudo Arche de Noë.
Du temps perdu.

lundi 9 mai 2011

Le troisième homme. Carol Reed.

Puisque je m’étais extasié devant la qualité des noirs et blancs du film de Melville « Le Doulos », j’ai eu droit au DVD d’un chef d'oeuvre du cinéma : « Le troisième homme ».
Et j’ai vu ce que je devais voir : les lumières inquiétantes de la nuit dans une ville de Vienne en ruines après la guerre, où un enfant jouant au ballon pourrait sortir d’un tableau d’Otto Dix ou de Grosz. Ce film écrit par Graham Greene compte ses soixante ans d’âge. Contraint par le devoir d’admiration, j’ai eu besoin d’un temps d’acclimatation pour me sentir concerné par cette histoire de trahison qui va au-delà des péripéties de l’après guerre quand s’installait la guerre froide. La candeur ne tient pas longtemps devant la corruption. Orson Welles et Alida Valli, la musique obsédante de la cithare d’Anton Karas, apportent leur mystère dans des plans obliques qui installent une atmosphère oppressante. Les images de la grande roue du Prater, les égouts sont entrés dans l’histoire du cinéma. Noir.

dimanche 8 mai 2011

Football : Blanc et les blacks.

Si les propos du sélectionneur de l’équipe de France prennent plus d’importance que ceux d’un ministre de l’intérieur, c’est parce que le foot occupe une place centrale dans les débats au-delà des enfumages de l’ « opium du peuple » que persistent à dénoncer ceux qui prônent la marche à pied comme seul sport valable.
Pourtant ce jeu collectif universel est celui qui contribue le plus au « vivre ensemble » même si l’expression commence à s’épuiser. Les institutions de la FFF sont secouées, les problèmes révélés par la grève de juillet en Afrique du Sud sont toujours là, avec en fond de court, le front national et ses maux.
Puisque n’importe qui s’exprime sur le sujet sans avoir posé ses crampons dans le moindre vestiaire; en tant qu’ancien milieu de terrain laborieux, je peux faire part de quelque avis sur un sujet où des abonnés des micros me semblent avoir dépassé leur seuil d’incompétence.
Discrimination : Je sais qu’un de mes anciens élèves, jeune biquet passionné de foot, avait été victime de l’ostracisme de la part d’équipiers qu’on ne disait pas alors « binationaux ». Les quotas de ce côté n'en sont pas moins cons.
Ski : S’il y a tellement de candidats des « quartiers » à la porte des centres de formation, c’est la réalité de la sociologie de ce sport. Il est plus facile à ces enfants de s’identifier à Zizou qu’à Sébastien Loeb. Les autres s’exercent au ski freestyle ou jouent sur la PSP.
Gavroche : Parmi les élèves dont je connais le devenir, un a été sélectionné pour jouer dans l’équipe d’Algérie par intermittence, et j’en suis bien content. Passé chez Guy Roux, il a entamé une carrière honorable et témoigne de l’excellence de notre formation des footeux.
Moi, je lui avais lu des histoires de Gavroche qu’il a incarné, lui, le gosse rigolard et vivant, tellement français.
Mais bon sang, dans ce champ du jeu, combien l’esprit de sérieux nous afflige !
Un peu d’humour nous ferait tellement du bien comme cet éducateur marseillais qui disait :
« on n’est pas racistes, dans cette équipe, on a même un parisien ».
Ce dimanche soir, j’espère partager encore la joie de gamin de Taïwo.

samedi 7 mai 2011

Infrarouge. Nancy Houston.

Je trouve la belle auteure, comme souvent les belles femmes, quelque peu péremptoire, c’est que je suis aussi un mâle, de ceux qui ont éprouvé, approuvé le féminisme. Je me sens proche de ses approches, j’aime son écriture.
Elle raconte un voyage à Florence dont je ne retiens pas le côté « corvée » comme les critiques du web l’écrivent à la queue leu leu.
Dans les musées et les rues d’une civilisation raffinée, sur les routes de la campagne toscane, les conditions du bonheur sont réunies,mais nous assaillent, en sa compagnie, des souvenirs, des fantasmes, la réalité d’un père qui vieillit, les émeutes en banlieue parisienne qui se déroulent au loin. Rena le personnage principal est photographe :
« On passe notre temps à cadrer et à recadrer, à zoomer et à dézoomer, à immobiliser puis à retoucher les instants de notre vie – pour mieux les préserver, les protéger, les empêcher d’être emportés par l’affolant flop du Temps ».
Elle prend beaucoup de photographies à l’infrarouge pour saisir la chaleur, l’invisible, comme l’écrivain qui nous entraine à découvrir la vérité des hommes tellement vulnérables au fond, et des femmes surprenantes. Derrière les apparences rappeler les cruautés mais aussi le pardon. Un roman bien tricoté où les rêves dans leur folie divulguent les facettes d’un même individu, comme les divers protagonistes rendent compte de la complexité du réel tout au long de 300 pages souvent chaudes pas seulement parce qu’il est question de sexe mais aussi de l’intensité de vivre.

vendredi 6 mai 2011

Manifeste d’économistes atterrés.

Décidément les formats courts ont le vent en poupe et quelques maisons d’éditions aux intitulés originaux connaissent des succès bienvenus, cette fois aux Editions LLL: Les liens qui libèrent..
Les territoires chiffrés me rendent très vite chiffon, en général : 60 pages c’est la taille au-delà de laquelle je ne me serai pas aventuré,
630 signataires ont paraphé ce manifeste tellement évident et clair qu’immédiatement on se demande : « mais bon sang mais c’est bien sûr… pourquoi ne pas y avoir pensé plus tôt ? »
Des experts du genre ATTAC remettent en question les libéraux qui ont mené le monde à la crise. Ils se placent en opposition avec les programmes récents « d’ajustement structurels qui ont dans le passé démontré leur capacité à accroître l’instabilité et les inégalités, et risquent d’aggraver la crise européenne. »
Ils récusent dix fausses évidences allant de l’efficacité des marchés financiers, à l’€uro en tant que bouclier, et défendent les services publics qui ne sont pas la cause de l’envol de la dette.
Ils avancent des propositions qu’il fait bon ressasser :
« Revenir à une fiscalité redistributive (suppression des niches fiscales, création de nouvelles tranches d’imposition et augmentation des taux) et accroissement de l’imposition des très hauts revenus. »
Quant aux mesures à l’échelle d’une Europe qui serait à refonder, il est déjà tellement difficile dans son périmètre de pouvoir local de chez local, ne serait ce que de faire entendre sa voix, alors des machineries à 27 pays semblent bien improbables :
« Développer une fiscalité européenne et un véritable budget européen, pour couper court au phénomène de concurrence entre Etats européens et assurer une homogénéisation progressive des conditions sociales sur le continent. »
..........Un dessin dans Libé de cette semaine.

jeudi 5 mai 2011

Sous le vent de l’art brut. Halles Saint Pierre, Paris 18°.

A la dénomination « Art singulier », cette fois s’ajoute: « art outsider » et la collection de Charlotte Zander installée jusqu’au 26 août se voit collection « volière » ou « buissonnière ».
La simplicité est un chemin ardu ; je l’éprouve chaque jour dans mes exercices d’écriture, mais le milieu artistique aime rajouter quelques couches verbeuses par-dessus ses toiles :
« A rebours des tentatives qui visent à diluer l’art brut dans le mainstream pour le faire servir de vitamine à un art conceptuel épuisé, elle en renouvelle la validité sur le mode d’une ouverture à des formes d’art voisines et pourtant différentes. Si elle s’attache à illustrer une fois de plus la spécificité de l’art brut, c’est sans en faire un bunker ».
Parmi les 49 artistes présentés, je connaissais seulement les noms de Rousseau, le Douanier, et celui de Séraphine de Senlis qui seraient plutôt répertoriés naïfs, mais le propos est justement de brasser ces étiquettes.
L’étrangeté des recherches, leur intensité, leur fantaisie est bien présente en bas de la butte Montmartre sous les verrières d’une jolie halle genre Baltard dédiée à l’art brut.
Ces artistes amateurs, mystiques, bizarres, obsessionnels nous étonnent, nous hantent et font sourire. Des métamorphoses et des mythologies se créent avec des dévotions de charbonnier et des désespoirs de gosses.
J’aurai du plaisir à revenir fréquenter ce lieu car depuis ma première visite chez ces enfants éternels, à Lausanne où se situe pour moi le temple de cet art mis en lumière par Dubuffet, je ne suis toujours pas remis du choc.

mercredi 4 mai 2011

Touristes en chine 2007. # J 15. Charmante Liyang.

Démarrage à 8h, le temps est toujours « abîmé ».
A vingt kilomètres de Dali nous visitons un Village Xizou sous une pluie qui fait briller les légumes. Les marchandes qui proposent des produits du lac ont adopté l’imperméable, le pantalon et les bottes en plastique. Nous longeons des rizières, les maisons Baï ont des portes caractéristiques en brique peintes en blanc avec des fresques noires en hauteur. Nous entrons dans une des maisons à cour carrée dont le propriétaire avait été dépossédé lors de la révolution culturelle pour loger des familles.
Nous suivons un spectacle attrape touriste pour la cérémonie des trois thés (amer comme la naissance, sucré comme l’âge adulte, mélangé comme la vieillesse) avec des danses nunuches.
Nous nous arrêtons dans une boutique de batik puis dans une ville avant l’aéroport pour manger avec 45 Y pour 5 avec saucisses, jambon, champignons légumes, poivrons, riz à volonté.Nous arrivons à Liyang, (ou Li Chan) ville ancienne sans rempart à 16h, la pluie ne nous a pas lâchés.Nous nous installons à l’hôtel Sanhe, style guest house, une maison traditionnelle charmante meublée en pin non traité mais encore parfumé. Nous apprécions des massages des pieds peu conventionnels car extrêmement fermes : une bonne occasion de rigolades quand nous exprimons notre satisfaction par des cris.Promenade dans les rues tortueuses de la ville ancienne traversée par des canaux bordés de saules pleureurs. Les jolies rues commerçantes à flanc de colline sont inondées de monde. Le bois et les lanternes rouges participent à l’unité architecturale. Ces constructions traditionnelles avaient mieux résisté au tremblement terre ravageur de 1996 que la ville plus récente où un tiers de la population avait disparu.
Repas dans un restaurant local, nous goûtons une sorte de pizza, fried noodles et cornets glacés sur table basse et tabourets au ras du sol.Le spectacle de chants et de danse Naxis, perturbé par le bruit de la boîte de nuit voisine, nous plait, bien qu’il y ait trop de parlotte. Les voix de femmes évoquent les voix bulgares, une dame assez âgée présente une guimbarde et une chanson à cappella qui respire l’authentique. Un musicien a tendance à s’endormir sur scène, il nous met en joie.Nous nous attardons dans les rues bien éclairées sous des toits magnifiques. Des petits bateaux en papier en forme de lotus recueillent une bougie et flottent sur les canaux. Douce lumière rouge. Nous marchandons quelques bracelets et un collier et revenons à l’hôtel en deux groupes, pour cause de photos.

mardi 3 mai 2011

Coupures irlandaises. Kris&Vincent Bailly.

Au début de ma lecture, je croyais que l’album avait mal été référencé et qu’il aurait mieux convenu au rayon jeunesse. Et finalement se rafraichir la mémoire sur le conflit irlandais à travers le regard de deux jeunes bretons s’avère être une rencontre profitable. Au temps du Swinging London plus de trois mille morts dans cette guerre maquillée en « troubles ».
La candeur des deux adolescents en séjour linguistique à Belfast permet de ne pas rester dans un registre dramatique. La sincérité de l’auteur qui a rapporté pour une part sa propre expérience est perceptible.
L’un est reçu dans une famille catholique, l’autre chez des protestants plus aisés en 1987 quand les soldats font partie du paysage. Les enfants jouent mais les armes chargées sont dangereuses. Un dossier vient compléter utilement l’histoire agréablement dessinée.

lundi 2 mai 2011

Sans queue ni tête. Jeanne Labrune

Les psys et les putes font le même travail.
Une seule idée mais étirée pour un scénario manquant pour le coup de profondeur psychologique.
Il y a bien quelques scènes cocasses comme le travesti sur le divan avec un jeu de mots entre « Pouah » et « poids » mais tout cela n’en fait qu’un petit film pas désagréable mais un peu vain.
Le psychanalyste n’avait pas besoin de sexe et la prostituée pas de nécessité à se prendre la tête.
Hupper is down, et comme elle le dit « là, ça commence à devenir limite ».

dimanche 1 mai 2011

Gianmaria Testa.

Comme Paco Ibanez m’avait donné envie d’apprendre l’Espagnol,
Testa nous met à l’Italien sans peine, avec son 6° CD :
« Da questa parte del mare »:
« e in mezzo al mare va
una barca scura
che ha perso il vento
perso alla sua vela
e chi la sta aspettar
l'aspetta ancora »
« et au milieu de la mer va
une barque noire
qui a perdu le vent
perdu sa voile
et qui l’attend
l’attend encore »

« De ce côté de la mer » est un CD sur les migrations, et les ritals en furent jadis de ces voyageurs.
Ce morceau de texte ci dessous est en hommage à Izzo Jean Claude, celui des polars.
«Pourtant nous la connaissions nous aussi
L'odeur des cales
L'amertume du départ
Nous le savions nous aussi
Et une langue à désapprendre
Et une autre à apprendre en vitesse
Avant la bicyclette.
Nous le savions nous aussi
Et la buée de notre haleine sur les vitrines
Et la tiédeur du pain
Et la honte du rejet.
Nous le connaissions nous aussi
Ce regard muet »

Sans misérabilisme, avec force, le chanteur à la voix éraillée comme il sied à l’expérience. Chef de gare, il a commencé dans la chanson à 37 ans. Sa douceur enjôleuse, rappelle à certains Léonard Cohen et pour moi Georges Brassens jusqu’à la moustache avec une rythmique qui éveille bien des nostalgies. Le plaisir est complet avec cette voix proche de celle de Paolo Conte avec aussi son côté jazzy, au service de textes émouvants sur une musique à écouter pendant des heures.